Chronique de GJK

RCA : LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX DE CATHERINE SAMBA-PANZA

Alors que des noms circulaient et que Samba-Panza n’était même pas encore candidate à la présidence de transition, je concluais mon article du 14 janvier 2014, « LETTRE A MON FRERE CANDIDAT A LA MAGISTRATURE SUPRÊME », en ces termes :

« Quant à moi, frère, tout estropié que je suis, laisse-moi te prier et te demander une dernière chose au nom de tous les miens qui sont aussi les tiens : donne au bébé de Patou l’ultime chance, celle de voir le jour dans une République renaissante, dont le destin sera pour la première fois placée entre les mains maternelles d’une Présidente de Transition. Car tu vois frère, depuis l’indépendance en 1960, et sept fois de suite, nous les hommes avons confisqué le pouvoir. Et plus de cinquante ans durant, nous avons fièrement échoué »

C’est le jeudi 16 janvier 2014 – à ma connaissance -, que la candidature de Catherine Samba-Panza allait être enregistrée au secrétariat du CNT

Le 19 janvier 2014 au soir, je bouclais un autre article publié le matin du 20 janvier 2014 – avant le début de l’élection au siège du CNT -, sous le titre « CATHERINE SAMBA-PANZA PRESIDENTE ? ». Dans cette tribune j’écrivais alors les lignes suivantes :

« Sauf erreur, je ne me trompe jamais, disait Alexandre VIALLATE. Aussi, à la question Catherine Samba Panza Présidente ? Je réponds nettement, sans broncher et sans faire sourciller plus d’un, oui. …En effet, depuis l’annonce de sa candidature, je me suis intéressé au parcours de Catherine Samba-Panza, à travers ses activités associatives, son engagement patriotique et ses talents de chef d’entreprise. Sa biographie s’est révélée particulièrement riche. Par ailleurs, de tout ce que l’on a pu écrire à son sujet, et des témoignages glanés çà et là, je retiens en tout cas – et c’est le moins qu’on puisse dire -, que nous avons affaire au seul vrai « Homme » parmi les candidats déclarés ; une prétendante à la magistrature suprême, capable de prouver qu’elle est bien le Chef d’Etat que tout le monde souhaite et attend pour cette transition à risques. D’autre part, je me suis ingénié à appliquer un à un à la candidate, les 17 critères cardinaux et radicaux du CNT, ainsi que le rouleau compresseur des 9 pièces à fournir en deux jours. Rien, à mon avis, ne semble pouvoir arrêter cette dame de caractère. »

Dès l’annonce de l’élection par le CNT de « ma » candidate ce 20 janvier 2014 au courant de l’après-midi, quelques amis avec qui l’on avait parié convergèrent tous vers mon domicile.

Le 22 janvier 2014, j’écrivais – et publiais le 24 janvier 2014 – le premier numéro de ma « Chronique du village Guitilitimô N°1 : LETTRE A MA SŒUR ÉLUE PRÉSIDENTE DE TRANSITION ». Dans cet article, j’ai essayé, en observateur attentif de la vie politique de mon pays, de prodiguer en huit (8) points quelques conseils et ai fait quelques suggestions que j’avais alors jugées nécessaires. Je voudrais juste noter ici les premier et dernier points :

« 1.   Nous avons appris que ta maison ne désemplit plus depuis le 20 janvier 2014. Le nombre de tes parents, beaux-parents, amis, et connaissances a subitement dépassé la moitié de la population du pays. Ne néglige personne. Mais, méfie-toi de tout le monde. Surtout tante Sioni-Yanga alias C’est-Notre-Tour …»

« 8.   Quant au pouvoir, s’il te plaît Chère Cadette, pense nuit et jour à le remettre dignement, le moment venu, à un successeur bien élu. Ne t’accroches pas et tu ne connaîtras pas l’exil à la prison de Cotonou »
NB :
Je parlais de Cotonou sachant que les deux prédécesseurs Samba-Panza avaient connu l’exil dans cette ville.

Ainsi donc, c’est depuis le 16 janvier 2014 exactement, que jour après jour, acte après acte, j’essaie d’examiner sérieusement, et d’analyser profondément toute la démarche de la « sœur-fille-femme-maman et mère de Centrafrique ». Aussi « Sauf erreur,  je ne me trompe jamais » devrais-je le répéter, les réalités m’ont souvent donné raison malgré moi. Dans bien des cas, j’eus souhaité avoir tort.

Aujourd’hui, quand il m’arrive de lire, quasi quotidiennement des messages menaçants, haineux et injurieux dans lesquels il est souvent dit en substance, « On sait que depuis le début, vous n’avez jamais aimé Samba-Panza » – comme si j’avais à l’aimer ou pas -, cela me donne à sourire, tout simplement.

En effet, depuis la publication, le 27 janvier 2014, de la liste des membres du gouvernement des technocrates de Nzapayéké, je m’étais écrié « Oh Barthélémy Boganda est-ce vrai que tu es mort pour rien ? » et je confiais à certaines personnes de mon entourage « Cette femme va nous en faire voir de toutes les couleurs et le malheur, c’est qu’elle ira de pire en pire ». Ce qui ne m’empêcha pas cependant de lui accorder le bénéfice du doute en prenant durement à nouveau fait et cause pour elle dans mon article titré « TOUTES CES VÉRITÉS QUI TROMPENT, MENTENT ET TUENT LE PEUPLE ».

Après neuf mois seulement d’exercice à la tête de la transition, Catherine Samba-Panza semble en passe de devenir la championne N°1 de la mauvaise gouvernance en Afrique centrale ! Que s’est-il passé entre temps ? Comment celle dont l’élection fut célébrée avec autant d’allégresse, et qui a suscité tant d’espoir, aussi bien chez les politiques que dans la société civile, sans compter le reste de la population, a-t-elle réussi en si peu de temps l’exploit de décevoir si profondément le peuple centrafricain ? Comme a-t-elle fait pour concentrer autour de sa personne une telle haine populaire, un si grand mépris national et international, au point que quoiqu’elle fasse aujourd’hui plus personne ne peut la prendre au sérieux et croire en sa parole? Samba-Panza, il faut le dire, aura tout perdu. Et, au lieu de sortir par la grande porte qui lui aurait permis d’inscrire son nom parmi ceux des grandes dames et de grands hommes d’Afrique et du monde, la voilà réduite plus que jamais à porter au front, l’opprobre de la parfaite incompétence et du déshonneur total. Elle ne devra en vouloir qu’à elle-même et arrêter de chercher ou de faire porter aux autres, à l’intérieur et à l’extérieur, la responsabilité de ses malheurs.
Au lieu de se limiter aux erreurs humaines – somme toute excusables – elle a volontairement choisi de devenir diabolique en persévérant dans l’erreur. D’où ce que j’appelle les sept péchés capitaux de Samba-Panza :

1-   Conception clanique et familiale du pouvoir

Pour n’avoir pas su prouver sa différence avec tous ses prédécesseurs, dès la signature du premier acte officiel de sa présidence, à savoir le décret de nomination des membres du gouvernement, Samba-Panza, avait déjà clairement affiché « sa couleur ». La suite n’a fait que confirmer. Ainsi, donc, depuis neuf mois, le pouvoir au sein de ce régime de transition est confisqué par une famille, un clan, une région, avec, pour chacun, un plan d’enrichissement personnel. Alors que les Centrafricains ont de plus en plus de mal à vivre et traînent leur indigence, Samba-Panza, sa fille Christelle « Coffre-fort de maman », son fils Stéphane le financier boulimique, ainsi que quelques parents – centrafricains et camerounais -, pris par le vertige du pouvoir et de l’argent, n’arrivent même plus à se maîtriser. Que de maisons achetées, de comptes en banque ouverts, d’affaires montées en si peu de temps ! Samba-Panza semble avoir oublié que c’est « lorsqu’elle n’en peut plus de subir le mépris, que la population exprime sa colère et crie à l’unisson : dégage ! »

2-   Mensonge et tromperie

Bien que je n’en fasse pas une règle stricte, je crois avoir lu quelque part, que lorsque, dans sa vie, l’on a au moins trompé une fois, il y a de fortes chances que l’on recommence. Et la tendance chez certaines personnes qui tiennent absolument à cacher leur tromperie – ou le fait qu’elles se soient trompées ou laissées tromper – est tout naturellement de recourir au mensonge. Samba-Panza aura prouvé à tous qu’elle fait partie de cette catégorie de personnes. Mais d’ores et déjà je préviens, qu’au moment où je suis en train de parler de politique, certaines personnes mal intentionnées n’aillent pas me faire dire des choses auxquelles je ne pense pas. En tout cas, à ces personnes, je dis « Ce n’est pas dans ma bouche que vous allez manger votre piment ! », même si moi-même j’aime le poisson braisé avec beaucoup de pili pili. Ce que je dis ici aujourd’hui, je l’ai déjà écrit plusieurs fois et l’on pourra le retrouver dans au moins deux de mes articles :

3-   Extrême arrogance

Au lieu de péché capital, je me demande même s’il ne faudrait pas écrire ici que l’arrogance est plutôt, pour Samba-Panza, un péché originel. Et jusqu’à preuve du contraire – jusqu’à demain diraient les maliens – j’incline à croire que tous les déboires dont Samba-Panza est « victime » proviennent de ce péché : arrogance de la femme intelligente ; arrogance du succès et de la réussite sociale ; arrogance de l’irréprochable ; arrogance de la femme courageuse, audacieuse et téméraire ; arrogance de l’omnisciente et de l’omnipotente ; arrogance de la corruption…

Ce qui est bien dommage, c’est que l’on remarque fort malheureusement que chez Samba-Panza, l’arrogance reste teintée d’une forte dose de naïveté.

4-   Goût immodéré pour le pouvoir

Aujourd’hui Samba-Panza peut le dire et clamer : « transition que je souhaite voir aboutir le plus rapidement possible, en réaffirmant une fois encore que je ne serai pas candidate aux élections à venir. » dans son discours du 07 octobre 2014, mais pour moi qui l’ai lu et entendu depuis le début, Samba-Panza a plutôt souvent parlé des élections, mais à cette exception près, jamais clairement dit si elle allait se présenter ou pas. D’ailleurs, j’ai souvenir de l’avoir interpellé à diverses occasions à travers plusieurs de mes écrits. Ce qui est sûr, c’est que le pagne imprimé à son effigie a été une grosse erreur de casting et de communication. Cette erreur, ajoutée à d’autres, a définitivement convaincu et contraint Samba-Panza d’abandonner ses ambitions présidentielles. D’où sa reconversion dans l’enrichissement personnel.

5-   Haine viscérale

L’on ne gouverne pas un pays avec une telle mentalité. La haine, car c’est bien de cela qu’il s’agit, de Samba-Panza vis-à-vis de Karim Meckassoua, le premier ministre adoubé par la communauté internationale, et Ferdinand Alexandre Nguendet, cette haine, je le dis clairement, a fini par perdre la Cheffe de l’Etat de la transition. C’est cette haine qui l’a poussée au bras de fer contre la communauté internationale ; c’est cette même haine qui a poussé Nguendet à croire qu’il devait absolument se défendre, en prononçant son discours-pamphlet du 1er octobre 2014, lors de l’ouverture de la deuxième session du CNT de l’année 2014. Pour tout dire, la mauvaise gestion de ses sentiments personnels, est la preuve de l’immaturité politique de Samba-Panza.

6-   Immaturité politique

Personnellement, Catherine Samba-Panza, la Cheffe de l’Etat de la transition centrafricaine, est loin de me convaincre aujourd’hui de l’étendue de sa culture politique. En effet, peut-on encore vraiment la croire quand elle affirme avoir été l’artisane de la réconciliation entre les ennemis jurés que furent les feus Président Dacko et l’ancien Premier ministre Goumba, lesquels ne se seraient pas serré la main depuis plus de trois décennies ? Une fois parvenue au pouvoir, aurait -elle tout oublié des leçons apprises pendant tant d’années d’activisme « droit de l’hommiste » et de son militantisme au sein de la société civile ? Comparaison n’est peut-être pas raison, mais elle nous permet d’apprécier une certaine attitude politique. Quand on a vu, à l’époque Mobutu, plusieurs fois « malmenés » par Nguza Karl I Bond ou Tshisekidi, sans pour autant rechigner, les avait nommé premiers ministres quand son intérêt personnel et celui du pays l’exigeait ; quand encore plus récemment, on a vu Robert Mugabe et Morgan Tsvangirai cohabiter de 2009 à 2013 ; on est en droit de se demander pourquoi Samba-Panza n’a-t-elle pas su tirer des leçons de ces exemples ?

7-   Absence totale d’humilité

Ce septième péché de Samba-Panza, est peut-être le pendant de son arrogance, mais les deux ne sont pas forcément liés. Car, malgré son arrogance congénitale, Samba-Panza, en femme et cheffe intelligente, aurait pu se tirer de bien des situations. Si seulement elle avait consenti à faire preuve d’un peu d’humilité, la Cheffe de l’Etat de la transition aurait réussi, très certainement, à attendrir le cœur des Centrafricains qui eux-mêmes, n’ignorent pas toutes les difficultés de leur pays. Pour ne citer qu’un seul exemple, j’estime que Samba-Panza a mal et très mal géré le problème du don angolais, qu’elle traînera au final – avec sa famille – comme une maladie honteuse. Or, si au lieu de « s’entêter » à ne pas reconnaître le détournement, c’est-à-dire le non-respect des règles de gestion des finances publiques, si au lieu de menacer de rendre public la liste qui tarde à venir des noms de ses complices ; si au lieu d’accuser pêle-mêle les médias nationaux, internationaux et autres assoiffés du pouvoir – elle ne l’est pas – de chercher à la déstabiliser ; si au lieu de chercher à jouer sur le temps… Si, au lieu de tout cela, Samba-Panza avait trouvé les mots justes pour reconnaître son tort et celui de son entourage, cette affaire n’aurait pas pris les proportions actuelles. « A tout péché miséricorde, à condition que pénitence soit faite et que ferme propos de mieux agir soit déclaré », aimait à répéter Barthélémy Boganda.

En définitive, Samba-Panza a reçu le pouvoir sur un plateau d’or, mais elle risque de le quitter sans panache. Pourra-t-elle réussir à convaincre ? N’a-t-elle pas perdu toute crédibilité et toute confiance à l’intérieur et à l’extérieur de son pays ? Pourquoi s’accroche-t-elle à un pouvoir qu’elle doit être en train de regretter d’avoir tant convoité et si mal géré ? Sauf que, désormais, elle et sa famille peuvent se vanter d’être des milliardaires, sans avoir honte de s’être enrichies sur des cadavres !

Aujourd’hui, mon problème à moi, ce n’est plus de savoir si Samba-Panza doit quitter le pouvoir ou pas. Cela peut arriver à tout moment. Mais la question est comment gérer correctement cette fin de transition vers la troisième transition qui s’annonce, ou vers les élections ?

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié

De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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