Chronique de GJK

TOUTES CES VERITES QUI TROMPENT, MENTENT ET TUENT LE PEUPLE

A vouloir trop prouver, cela est connu, on ne prouve finalement rien. Toute vérité même parfaite, soumise à l’épreuve de la manipulation exagérée, et d’une démonstration volontairement abusive, se désintègre, s’étiole, s’atrophie, se métamorphose. Une vérité un peu trop agrémentée de détails pernicieux, devient indigeste, même si elle ne laisse personne indifférent. Car, elle dérange profondément des populations, et trouble la communauté dans son ensemble. Elle peut toujours attirer, mais elle  séduit moins.

A chacun, elle peut donner l’occasion de s’interroger sur sa pertinence, autant que sur l’opportunité, la quintessence, et le but remarquablement opaque, des affirmations portées sur la place publique. Alors, elle court le risque  de s’étouffer, et disparaît, même avant d’atteindre ses cibles ou ses objectifs, et produire les effets escomptés. Parfois, elle se répand et se répand encore, et tel un champignon vénéneux qui pousse sous la pluie, elle distille insidieusement, son mortel poison à toute la société. Aussi, chez certains individus mal préparés, elle dégénère en colère et révolte. En même temps, elle ne manque pas d’accabler déraisonnablement de simples citoyens innocents, et les conduits aveuglement à la potence. Cette vérité-là, trompe, ment et tue le peuple de Centrafrique.

En effet, bon nombre d’internautes centrafricains, ont dû se délecter ces jours-ci, en lisant sur la toile, un ensemble d’analyses et de commentaires, se rapportant  aux actuels tenants du pouvoir exécutif en R.C.A. Rappelons d’abord et  avant tout, qu’il s’agit présentement, d’une Présidence et d’un gouvernement de Transition, dont la mission, très limitée dans le temps, vise à  rétablir la paix, évacuer les affaires aussi urgentes que courantes, et  surtout, préparer les prochaines élections en vue d’un retour à l’ Etat de droit et à la démocratie intégrale.

Et s’il est vrai que la composition de l’actuel gouvernement, c’est un fait, demeure éloignée de l’idéal, et donc sujette à controverses, reconnaissons néanmoins,  que ses membres, sont loin d’être tous des damnés, qui mériteraient qu’on les rabaisse, ridiculise, déstabilise, et porte si durement atteinte à leur honneur. Jugez-en, par ces divers substantifs malveillants qui ont été employés pour qualifier et définir  les uns et les autres:

« Camerounaise, maire sans aucune performance, élection truquée,  alliée de DJOTODJA et AFDT, tenue d’investiture achetée à la galerie la FAYETTE ; Premier Ministre buveur de bière, prédateur qui se prépare à acquérir sa villa de fonction ; 8 Ministres originaires de la OUAKA dont précisément 6 Gbanziri du LIHOTO, petit village des parents maternels de la Présidente ; 4 Ministres  non technocrates, originaires de Haute KOTTO et VAKAGA ;  une Ministre sans expérience, gérante et employée unique en France  d’une société sans identité fiscale n’ayant jamais payé ses impôts ; 1 non technocrate sorti du néant ; 1  criminel détourneur de biens publics et frère de DJOTODJA ; une Ministre, n’ayant que 6 mois d’expérience professionnelle en qualité de simple Assistante pédagogique dans un lycée de banlieue parisienne, ignorante en ingénierie de formation, incapable de mettre en place des référentiels d’emploi, des activités et des compétences (REAC) ; un détourneur de denier public, multirécidiviste encore  sous contrôle judiciaire ; Une retraitée coptée par DJOTODJA ».

Et j’en passe, des plus choquants et des pires. Quel déchaînement ! Quel gâchis  de temps et d’énergie ! Au bout du compte, une fois que tout cela a été dit de la Présidente et chacun de ses Ministres, a-t-on pour autant, résolu les problèmes de la Centrafrique et des Centrafricains ? Mieux, peut-on vraiment, après tout cela, se satisfaire de soi-même, et surtout, se permettre de se réjouir et se vanter, d’avoir apporté une contribution positive à  la résolution, des problèmes les plus urgents et cruciaux, de la R.C.A ? Assurément, non.

Il est normal et même souhaitable, que chaque Centrafricain qui se sente interpellé, puisse intervenir, d’une manière ou d’une autre,  dans le débat  national. Pourvu cependant, que ce pouvoir et ce devoir patriotiques, permettent, de relever un tant soit peu, le moral de ceux qui en ont besoin, et de contribuer efficacement, à la réflexion générale. Mais « alors n’ouvre ta bouche que lorsque ce que tu dis est plus beau que le silence ». L’on peut dénoncer et critiquer,  sans descendre plus bas que terre ; condamner, sans traîner dans la boue ; révéler au public ce qu’on veut, sans se sentir obliger, excusez l’expression, de s’abaisser, jusqu’en dessous de la ceinture. Il y’a certes, des commentaires dignes des cafés comptoirs. Ils n’intéressent que leurs abonnés et autres habitués de ces lieux.

Il y’a aussi des chroniques, somme toute très légères, de messieurs  « n’importe qui », intellectuels de seconde zone. Elles s’adressent généralement, à un public de supporters et de détracteurs professionnels. Mais quand des universitaires dignes, reconnus et respectés, potentiels hauts responsables et dirigeants de la R.C.A, à qui le peuple devrait faire confiance, s’avisent d’apposer leur signature,  au bas d’une analyse versée au débat public, l’on doit raisonnablement s’attendre à mieux, et même, exiger l’excellence.

Ceci, tant au niveau du sujet traité, du raisonnement soutenu,  que de la démarche adoptée, dont la rigueur ne devrait en aucun cas, céder à la rudesse du langage. Cependant, Il est simplement désolant de constater, que des articles provenant de certaines élites intellectuelles centrafricaines, déforment et détruisent l’image de la R.C.A,  par le manque de hauteur dans leur propos,  et l’absence de toute élégance  dans leur expression. Quoi d’étonnant en récompense, si l’on est réduit, à porter au front, l’opprobre du ridicule et du malheur !

L’histoire du monde et de l’Afrique en particulier, rappelle en effet, le grave danger que peut représenter la plume et le verbe de l’intellectuel acerbe et amer, au service de la mauvaise cause. Pour ne citer que quelques exemples, souvenons-nous des théories  oiseuses,  sur l’inégalité des races humaines,  ou celles relatives à   la supériorité de la race blanche sur les autres races de la terre. Nul n’ignore,  qu’elles furent  très longtemps, à l’origine de la ségrégation, de la discrimination raciale aux Etats Unis, de l’apartheid en Afrique du sud et au Zimbabwe, qui ont drainé des cortèges de souffrances et de malheurs.

En France, quel centrafricain oserait soutenir les thèses de Jules FERRY sur l’école, ou serait fier d’adhérer au parti de Marine LE PEN ? En Afrique, a-t-on oublié le désastre génocidaire  du RWANDA, dans lesquels les animateurs de « radio mille collines », ont joué un rôle néfaste ?  En R.C.A, qu’on veuille bien se souvenir :  naguère,  les « yakomas » furent stigmatisés et obligés de prendre le large pour rejoindre leurs parents à Gbadolité ou Mobaye-Bongo ; ensuite, ce fut le tour des « kaba et carrés », d’emprunter les chemins qui mènent aux grottes moyenâgeuses de Paoua ; après, « gbayas et benzambé » perdirent totalement  le nord, pour  se résoudre à monter dans les pirogues des pêcheurs yakomas,  afin de gagner l’autre rive du côté de Zongo ; aujourd’hui, on pourchasse, massacre et tue les « rounga, et goula », ainsi que tout centrafricain qui a le malheur de se tourner vers l’est, cinq fois par jour, en direction de la Mecque.

Faudrait-il encore, que demain, nos chers « Noko-Gbanziris-bangui-kpekembiri » et autres « amepa-minawadé », ainsi que  leurs alliés,  épargnés jusqu’ici des basses querelles de pouvoir en Centrafrique, s’obligent, à leur tour,  de gagner à la nage, l’autre rive de l’Oubangui ? De là, à ce que la petite ville de ZONGO jusque –là paisible, se transforme en  un immense théâtre de cette guerre fratricide entre centrafricains, il y’a  de quoi craindre.

Au demeurant, l’intellectuel qui se veut, spécialiste de la rhétorique de manipulation des masses incultes et sous-informées, possède en effet, l’art d’une argumentation dont la force probante, peut s’avérer imparable. Il est capable,  parfois à son corps défendant, de distiller insidieusement et à dose homéopathique, le souffle malsain et redoutable, d’une possible insurrection populaire.

Surtout, en cette période d’une sensibilité extrême, où le moindre dérapage, est susceptible d’attiser en Centrafrique, la haine confessionnelle, régionale, tribale, ethnique et clanique ; principalement, envers ceux qui sont appelés à exercer, même temporairement, une parcelle de pouvoir. En revanche, osons simplement faire l’aumône à la R.C.A,  de lever  vers nos institutions de transition et ceux qui les animent,  un regard centrafricano-optimiste, qui nous aidera, sans nul doute,  à faire  preuve d’une patience salutaire.

Chaque centrafricain peut, et  doit aujourd’hui, se passer de la révolte et de la colère, sous quelque forme que ce soit,  et d’où qu’elles viennent, pour ne songer, avec amour et compassion, qu’au « cannibale de Bangui », enfermé dans l’extrémité de la douleur et du désespoir ; à l’orphelin de Bossangoa, désorienté,  et qui croit  ses parents toujours vivants,  alors que la maman pourrie  dans un proche charnier, et que le père, lui,  a été livré aux charognards ; à  la veuve qui passe ses nuits, plantée debout, son bébé malade dans le dos, l’autre qui pleure sur ses bras, tandis que le dernier tient ses pieds, tous les quatre, faute de nourriture, voués à une mort certaine, par inanition ; au père, chômeur forcé, qui en plus, ne peut même pas quitter son lieu d’exil, pour courir chercher des feuilles de manioc, à préparer souvent sans ingrédients, afin d’offrir une maigre pitance, aux survivants de sa famille décimée ; au silence de cette grand-mère courbée sur son mari grabataire, tous deux agonisant, dans un coin, de la seule case encore sur pieds au milieu d’un village  inconnu de brousse.

Pour combien de temps encore, devra-t-on ignorer  tous ces oubliés  de la crise,  pour  ne laisser libre cours, qu’aux  actes de barbarie,  aux attitudes  et discours  pleins de haine, de jalousie, de rancune et de rancœur ?

En définitive,  l’homme qui se noie,  disent les indiens, se rattrape au serpent qui nage. Donnez à tous ces morts en sursis, à tous ces  nombreux inconnus qui «  s’affaissent au cachot du désespoir », donnez-leur dis-je,  un gouvernement de « N’dris »,  de « Béka »,  ou de « korokongba » ; un gouvernement de manchots, d’estropiés, de sourds-muets-aveugles. Toutes sortes de gouvernement,  avec toutes sortes d’infirmes physiques ou intellectuels.

Mais donnez-leur seulement,  des  femmes et des hommes pleins de bonne  volonté ;  des hommes et des femmes déterminés ;  des femmes et des hommes,  qui,    quelle que soit  leur couleur, leur  odeur ou leur saveur,  ont pour seul souci :  sortir la Centrafrique et les Centrafricains de la folie meurtrière ambiante, et rétablir enfin, dans les villes et villages,  la paix et la sécurité tant attendues. Quant au reste, on peut toujours s’asseoir,  discuter et parler ensemble de la R.C.A, sans haine et sans passion.

Paris le 9 Février 2014

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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