EN VEDETTE

COUPABLES MALGRÉ TOUT

C’était un samedi soir, somme toute banale. Nous étions trois amis, Jacques, Victor et moi, qui profitions de la soirée ensemble à parler de tout et de rien. Nous étions au bord de l’avenue de France à l’entrée du quartier Sica 2, non loin de chez Victor qui était en train de nous raccompagner. En voyant passer une patrouille de police, nous nous sommes mis à évoquer nos déboires avec certains éléments des forces de l’ordre.
Jacques nous racontera ce qui lui était arrivé un soir alors qu’il était sorti avec un groupe d’amis. En bons fêtards, ils s’étaient rendus dans une de ces places de beuverie, qu’on appelle ngandas qui pullulent dans la capitale. À peine attablés, ils se rendront compte que l’ex de l’un des membres du groupe, Norbert, était attablée non loin d’eux avec quelques amies. Or, Norbert était venu avec Mimi, sa nouvelle dulcinée…
La fameuse ex en question, Joséphine, semblait avoir gardé une dent contre son ancien amant. Son attitude laissait comprendre, apparemment, que la rupture n’était pas de son fait. Ses amies et elle commencèrent à devenir agressives. Elle semblait considérer la présence de sa plantureuse « remplaçante » comme un affront fait à sa personne.
La tension était en effet à son paroxysme. Les choses risquaient à tout moment de dégénérer. L’objet malgré lui de tous les désirs et de tous les ressentiments, Norbert proposa à ses amis de changer d’endroit. Aussitôt proposé, aussitôt mis en exécution. Ils changèrent de nganda. Personne n’avait envie de se faire « électrocuter ».
Ils se séparèrent bien après minuit et se donnèrent rendez-vous dans la matinée pour leur habituelle partie de football dominicale. Grande fut leur surprise tôt le matin d’être appelés par Norbert qui leur demandera de le retrouver au poste de police du secteur ! Une fois sur les lieux, ils apprendront que leur infortuné ami Don Juan des contrées équatoriales, avait été arrêté pour avoir provoqué des troubles à l’ordre public. Du moins, quelque chose s’y apparentant !
Une bataille rangée aurait opposé Joséphine et sa bande à un groupe d’amies de Mimi qui étaient aussi dans le fameux nganda ! Il est important de souligner que les principaux intéressés, Norbert et Mimi, n’étaient même pas présents au moment de la bagarre ! La bagarre ayant, en effet, eu lieu dans le bar qu’ils avaient quitté, avec les amis de Norbert, pour, justement, éviter les provocations de Joséphine…
Les forces de l’ordre avaient été appelées à la rescousse pour faire cesser la bagarre qui faisait rage entre ces amazones en mal de chair masculine. Une fois les belligérantes séparées et maitrisées, et après interrogations, il s’avéra que la cause de cet affrontement était un Casanova camerounais !
Le coupable était tout désigné. Jamais enquête policière ne fut aussi rapidement élucidée. Le pauvre Norbert fut surpris de voir débarquer, un dimanche matin, à son domicile, des policiers qui l’embarquèrent manu militari. Il se retrouva dans une cellule avant de réaliser ce qui lui arrivait ! Il eu heureusement le réflexe d’appeler ses amis à la rescousse.
Les discussions furent houleuses. Les agents maintenaient mordicus leur conclusion selon laquelle Norbert était le seul coupable et responsable de tout ce désordre nocturne et des casses qui ont en résulté. Il n’avait qu’à ne pas ouvrir sa braguette à la vue de n’importe quelle callipyge ! Semer la zizanie dans le cœur d’une honnête citoyenne était, il faut le croire, à leurs yeux un crime passible d’emprisonnement. Leur fierté masculine nationale en avait pris un coup. Si encore, c’était un digne fils du pays qui avait provoqué ces émois et cette rixe, l’honneur national en aurait été sauf ! Mais non ! Il a fallu que le coureur de jupon ayant occasionné tout ce désordre soit un étranger !!!
Norbert fut finalement libéré grâce à la pression de ses amis. Il faut avouer que le chef d’accusation était plutôt ahurissant.
Mon cerveau essayait encore “d’imprimer“ cette histoire à plonger un somnambule dans un comas sans espoir de réveil quand, Victor, nous dit avoir vécu une histoire plus ou moins similaire !
Une voisine de sa copine avait commencé sans raison apparente à l’insulter alors qu’il était assis avec un ami devant le portail de la concession familiale de sa bien-aimée. Il en était encore à se demander la raison de l’animosité de la voisine quand, Nesi, sa copine, surgit en trombe et demanda tout de go à la voisine pourquoi elle agressait verbalement son chéri ! L’autre lui répondit par une salve d’injures. Ce qui devait arriver arriva, elles en vinrent finalement aux mains.
Victor, se leva et sans autre formalité pris le chemin de sa demeure laissant les deux jeunes femmes à leur pugilat et le soin aux voisins de venir départager les belligérantes.
Bien lui en pris. Une patrouille d’hommes en tenue passant justement par là dû intervenir pour mettre fin à la bagarre qui était devenue, une bataille rangée de groupe. Les sœurs et amies de chacune des parties étaient venues prêter mains fortes à leur championne. On se bat d’abord. On cherchera à comprendre la raison de cette rixe après… L’échauffourée allait en s’amplifiant.
Une fois, les unes et les autres maitrisées et calmées, le coupable et unique responsable fut séance tenante identifié selon la méthodologie déjà citée plus haut. Nos fins limiers demandèrent que quelqu’un leur indique ou les conduise à la demeure de ce hors-la-loi. Heureusement pour notre ami, que celles et ceux qui connaissaient son adresse refusèrent de collaborer. Il était bien entendu évident que ce n’était pas Nesi qui allait leur indiquer le chemin !
La logique de certaines de nos forces en charge du maintien de l’ordre public semble imparable ! Nul besoin de don d’ubiquité pour être tenu coupable de quelque chose. Elles ne connaissent qu’une vérité : Les absents ont toujours tort.

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