Essayons donc de faire simple et tenons nous en à ce qui semble être le fondement même de l’idée que la plupart des gens se font de « LA FAMILLE » : LE LIEN DE SANG. Que ce SANG soit concentré, moins épais, dilué, et même transparent pour ainsi dire. J’entends par « sang concentré, moins épais, dilué, et même transparent », exactement la même chose que : famille en ligne directe ou famille nucléaire – sang concentré – ; famille élargie ou « grande famille » – sang moins épais, liquide ou clair, selon « l’élasticité » ou « l’étendue » de chaque grande famille.
Du coup, avec ces distinctions, naissent également diverses considérations. Mais là n’est pas notre sujet principal.
Revenons-en donc à nos fameuses expressions du début : « La famille, c’est sacré » et le reste de la litanie : «La famille avant tout », « La famille d’abord », « la famille, c’est notre premier et dernier refuge », « la famille, c’est notre forteresse » « la famille c’est la chose la plus importante au monde », « la famille c’est notre unique secours dans l’épreuve et la douleur », « Si le monde nous abandonne, la famille ne nous abandonnera jamais », « s’il peut arriver que tout le monde nous trahisse, la famille, elle, nous protège toujours quoiqu’il advienne », « la famille, c’est ce qui reste quand on n’a plus rien», « la famille c’est ci, la famille c’est ça » …et patati et patata.
À mon humble avis, toutes ces idées que l’on veut se faire de « LA FAMILLE », toutes ces formules ou expressions dont on a fini par doter ou enrober « LA FAMILLE », traduisent un malaise fondamental. À dire vrai, ces éloges de « LA FAMILLE », visent et servent à cacher – assez mal d’ailleurs -, des réalités souvent douloureuses et cruelles, généralement invisibles ou tolérées de ce qu’est « LA FAMILLE ». Aussi, quand bien même l’on se flatterait et chercherait à se convaincre et à se réjouir de l’idée que « LA FAMILLE » est notre forteresse, qu’elle nous protège, ne nous trahira jamais quoiqu’il advienne et bien d’autres choses dans le genre, chacun finit un jour ou l’autre à passer par une expérience personnelle qui l’amènera à comprendre que toutes ces affirmations sont de véritables contresens et manquent de consistance.
À analyser finement, tous ces « doux refrains », toutes ces effusions de gratitude, toutes ces flatteries constantes ainsi que toutes ces colonnes d’apothéose que le monde nous a appris à dresser sans discernement et sans réserve à « LA FAMILLE », relèvent au final de la manipulation des esprits, et fournissent la preuve s’il en était besoin, de LA PLUS GRANDE DES HYPOCRISIES SOCIALES, de cette GRANDE HYPOCRISIE COLLECTIVE, que nos sociétés entretiennent autour de la notion de « LA FAMILLE », et transmettent depuis Mathusalem, de génération en génération.
Soyons clairs et honnêtes: nos sociétés devraient cesser de considérer et continuer à admettre « LA FAMILLE » dans sa forme la plus éculée, c’est-à-dire « LA FAMILLE » en tant que bande d’hypocrites et d’opportunistes unis pas le sang.
Que l’on se comprenne bien : je ne suis guère en train de remettre en cause « LA FAMILLE » en tant que première cellule à partir de laquelle germent et éclosent toutes les autres cellules sur lesquelles nos sociétés sont construites. Je ne renie nullement « LA FAMILLE » en tant que lieu de tous les commencements, l’endroit où l’on apprend et celui dont on rêve. Mais de là, à considérer que « LA FAMILLE » c’est sacrée ou qu’elle est « notre premier et dernier refuge », et « notre grande protectrice », même dans ce qu’elle a de plus complexe, de plus violent et de plus répugnant ; même quand « LA FAMILLE » se révèle une caverne de renards trompeurs, une tanière de loups revêtus de peau d’agneau, un nid de hiboux aux regards gluants, un asile de haineux et de jaloux…dans ces cas dis-je, il y’a un pas que je refuse de franchir. Je refuse de tomber les yeux ouverts au fond du gouffre béant et de me laisser prendre au piège que tendent des gourous et autres prêtres de la religion « LA FAMILLE ».
Non, « LA FAMILLE » – qu’elle soit de sang concentré, épais, ou dilué et tout ce que l’on voudra -, n’est ni sacrée, ni notre refuge sûr, ni notre protectrice ; elle n’est ni essentielle, ni la chose plus importante sur cette terre. Cela se saurait. Toutes ces affirmations et considérations sociales que nous avons souvent fini par prendre pour paroles d’évangile, ont été bien souvent à l’origine des désespoirs profonds, des angoisses et détresses émotionnelles graves, dès lors qu’elles sont démenties par les faits. C’est le cas par exemple, quand certaines personnes découvrent sur le tard, qu’elles ont vécu de longues années, côte à côte sous le même toit, avec des frères et sœurs qu’elles croyaient connaître, alors qu’en fait, ils ignoraient tout les uns des autres. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer la violence inouïe avec laquelle certains conflits familiaux – à propos de l’héritage laissé par les parents par exemple -, se règlent. L’on aurait dit des tribus sauvages de l’Australie au 18ème siècle. Ce qui pousse à juste titre , certaines personnes à penser , que ne pas avoir de « la famille », vaut beaucoup mieux que d’avoir une famille à vomir.
(À suivre…)
Commentaires
0 commentaires