SOCIÉTÉ

RESTONS FIDÉLES À LA DEVISE DE NOTRE NATION : « CHACUN SON TOUR – ON S’EN MOQUE – RIEN À VOIR »

Ceci est un conte. Toute ressemblance avec une Nation existante et en plein naufrage, des faits et des personnages existants ou ayant existé serait purement fortuite et ne pourrait être que le fruit d’une pure coïncidence.
Chaque pays a une devise, une formule exprimant une règle de conduite, une ligne directrice, une espérance. Il est un pays, une contrée dont le peuple a la maxime chevillée au corps. Elle fait partie de l’ADN des citoyens de cette nation. Cette devise est : « CHACUN SON TOUR – ON S’EN MOQUE – RIEN À VOIR». Un mantra des plus inspirants et des plus motivants s’il en est. Impossible de faire mieux en matière de positivisme
Voici donc ce peuple qui s’applique scrupuleusement à mettre en pratique ces paroles sacrées.
Vous vous offusquez des détournements des deniers publics et criez au loup parce que vous voyez se pointer à l’horizon des jours sombres pour votre pays ? La réponse : CHACUN SON TOUR. Les autres ont volé. C’est maintenant notre tour. Tu crois que c’est toi qui vas y changer quelque chose ? Mangeons l’ami ! Nous n’avons qu’une seule vie !
Vous n’en pouvez plus de la négligence professionnelle de certains de vos collaborateurs ? Négligence qui impacte le rendement et la qualité du service offert par la société ? On vous répliquera : RIEN À VOIR. Qu’est-ce que vous croyez ? Avez-vous la prétention de vous considérer comme plus saint que Jésus ? Vous n’avez pas, jusqu’à preuve du contraire, été canonisés « Saint père, ou Sainte mère la morale » !!!
Vous êtes effarés devant le degré élevé du non-respect des droits de l’homme ? Une âme des plus sombrement philosophique qui soit vous rétorquera : RIEN À VOIR. C’est la fatalité qui veut ça. Subissons.
Vous dénoncez la corruption légalisée qui fait quasi partie des us et coutumes ? La réfutation qui vous sera opposée vous expliquera qu’il en a toujours été ainsi et « Chacun Son Tour ».
Nous pourrions énumérer à l’infini les faits. Les réponses seront épicènes.
Gare à vous si vous avez la prétention d’essayer de jouer les rebelles. Vous aurez droit à l‘anti-devise qui est : « Tu te prends pour qui ? Et puis quoi encore ? Va te faire f… »
L’acharnement sera tel que les plus spirituellement vulnérables fléchiront. Les autres devront vivre un martyr sans fin avec pour tout soutien, leur code moral et éthique qui, pourtant, a été déclaré hors-la-loi ! Certains, considérés comme des utopistes, de dangereux extrémistes prônant la dignité, l’unité, le travail (quelle insanité !), l’honnêteté… En somme, des empêcheurs de fossoyer et de manger en toute quiétude y perdront jusqu’à leur vie.
Ils sont combattus avec une telle férocité par les gardiens de la pérennité des mauvaises pratiques, que beaucoup de ceux qui refusent de courber l’échine se verront, la mort dans l’âme, dans l’obligation, de quitter ce jardin d’Eden.
Et si la nation était, incidemment, contrainte d’offrir un bouc émissaire en sacrifice pour montrer un semblant d’adaptabilité aux normes de respectabilité édictées par les bailleurs de fond fatigués de jouer à la politique de l’autruche, les victimes expiatoires livrées en holocauste auront la plus invraisemblable des réactions. Ces fossoyeurs moraux-économiques dénommés citoyens accuseront la terre entière de leurs malheurs. Un semblant de mea culpa est inimaginable. Faire montre de repentance est le summum de l’obscénité !
Le bon sens voudrait que la communauté de la kabbale internationale, en particulier l’ancienne puissance coloniale, soit responsable de la descente aux enfers économique, éthique et spirituelle de cette contrée. Toute la misère invraisemblable ou encore les forfaitures assumées et étalées sur la place publique lui seront imputées.
L’occasion est en effet trop belle pour ne pas la saisir et lui faire porter le chapeau du tribalisme, du népotisme, des détournements des deniers publics, des conflits, des injustices sociales et autres atrocités ayant pignon sur rue dans ce paradis !
Gare à qui tenterait de faire entendre raison à ce peuple. Il ferait assurément face à une levée de boucliers et subirait la vindicte populaire. C’est en effet quand vous pensez avoir tout vu, tout entendu que vous avez droit à un nouveau tour de passe-passe immoral !
Les scandales y sont immodérément recommandés à qui souhaite s’élever dans les hauteurs négatives de la société ! Vous y êtes acclamés, célébrés ou encore cités comme référence en fonction de l’énormité de votre immoralité voire de votre amoralité ! Les mères chantent vos louanges à leurs progénitures en psalmodiant des litanies telles que : « Voici celui qui a exterminé l’équivalent d’une région ; voici ceux qui ont mis à sac le trésor public » …
Si vous êtes psychiatre, psychologue, psychothérapeute, anthropologue ou je ne sais quelle autre profession ayant pour domaine d’expertise les méninges, voici une terre foisonnante, à profusion, de cas à étudier. Vous serez indubitablement amenés à remettre en question toutes vos théories et connaissances sur le genre humain.
Nul besoin d’être doté de facultés intellectuelles supra normales pour deviner que ce pays de cocagne à sa place dans les abysses du classement des nations les moins développées. Etant donné qu’à tout seigneur tout honneur, il convient de saluer comme les convenances le recommandent, le sérieux, l’abnégation et la diligence dont font preuve les citoyens de cette terre promise. Réussir à précipiter son pays au fond du gouffre et l’y maintenir avec une telle rigueur, qui frise la ferveur, est un art qui n’est nullement à la portée du premier apprenti sorcier venu.
Une expertise, quasi impossible à trouver dans la communauté internationale, est à cet effet requise ! Il parait que le diable en personne a été impressionné par tant de virtuosité négative ! Il lui serait arrivé de rester bouche-bée devant un tel étalage de savoir-faire. Il se retrouvait, une fois n’est pas coutume, dans la peau de l’initié cherchant à accéder au grade supérieur de la loge des anges des ténèbres. Il aurait, à maintes reprises, convoqué toutes les hordes de l’enfer pour suivre les conférences gratuites de renforcement de capacités en compétences nocives qu’offrent chaque jour les occupants de cette terre !
Il s’y trouve, néanmoins, et ce, envers et contre tous des gens qui veulent tout changer. Ils refusent de baisser les bras et de courber l’échine. Ils ont pour contre-devise : « Nous devons faire quelque chose. Nous pouvons changer le cours des événements ! Nous tiendrons ferme! »
Ils assument leurs statuts de Cassandre tropicale, de crieurs dans le désert, d’irréductibles rabat-joie qui rament à contre-courant de l’obscurantisme moral ambiant. Ils ont pour défi, affiché et proclamé urbi et orbi, de faire mentir, par on ne sait quel tour de passe-passe, les dés pipés de l’interminable naufrage spirituel et moral de leur chère patrie.
Ils ont cette ferme assurance, cette crédulité assumée d’avoir la possibilité, le pouvoir de réécrire l’histoire de leur contrée ; un récit qui s’avère, jusqu’à présent, être inachevé. Ils ont déchiré les pages, qui avaient été gribouillées par les gratte-papiers de la maison d’édition politique qui publie les lugubres best-sellers tant prisés par les moutons de Panurge nationaux.
Un appel à candidature a été lancé pour rechercher des scénaristes talentueux et motivés, des plumes bénévoles dotées d’une des calligraphies spirituelles les plus prisées qui soit, qui auront pour mission de narrer une nouvelle histoire.
Etes-vous intéressés ?

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