Écrivain, académicien, réalisateur, dessinateur
– pour ne citer que ces quatre qualifications de son profil multiple -,
Dany LAFFERIÈRE, nous revient en cette année littéraire
avec « UN CERTAIN ART DE VIVRE » édité chez GRASSET
et publié ce 20 octobre 2023.
Voici un livre bien mince – environ 130 pages – mais qui pèse beaucoup.
Son auteur lui-même confesse qu’il lui aura pris plus de temps pour
l’écrire que n’importe quel autre de ses œuvres. Je le crois.
Ce qui est sûr, « UN CERTAIN ART DE VIVRE » est très agréable à lire,
sans doute, parce qu’il est écrit sous forme d’Haïkus, de petites
notes autobiographiques, intimes, érotiques, politiques et humoristiques.
Et Dany LAFFERIÈRE, explique : »J’aime le court, j’aime l’idée qu’on fasse
un récit même à l’intérieur de trois lignes. Faire court qui en dit long. »
Et si comparaison n’est pas raison, cela fait penser un petit peu,
au conte poétique et philosophique de SAINT -EXUPERY,LE PETIT PRINCE
publié aux États-Unis en avril 1943 puis en France en 1946 et qui
encore aujourd’hui reste un phénomène éditorial, et l’ouvrage de littérature
française le plus lu et le plus connu dans le monde.
En une seule petite nuit calme et paisible, on se laisse très facilement emporté par
« UN CERTAIN ART DE VIVRE ».
Personnellement, j’ai savouré ce recueil autobiographique composé de fragments poétiques,
qui vous parle des choses précises sans lien direct, mais qui, parce qu’elles sont traversées par des
filtres légers, font que l’on se sent à l’aise de passer de Valéry LARBAUD, DOSTOÏEVSKI
et bien sûr BORGES l’auteur préféré de Dany LAFFERIÈRE, à des allusions à un chagrin
d’amour, l’éloge du balayage, une mélancolie élégante, un oubli de pantalon…
Pourquoi tout cela ? On a la réponse de l’auteur dans le livre :
« L’émotion annule le temps.
Je suis comme un enfant qui change tout le temps ses histoires.
Aucun respect pour les formes.
Aucune loyauté envers les faits ;
Et la logique en prend parfois
Pour son grade ».
Cela nous change de toute la masse des livres qui suivent généralement
une logique linéaire dans leur façon de traiter des histoires.
Tenez, voici donc quelques strophes que j’ai aimées
Dans « UN CERTAIN ART DE VIVRE » :
« Parmi ceux qui pourraient nous apprendre
des choses sur nous-même
certains sont devenus des amis.
Les autres savent comment faire de notre vie
un vrai cauchemar. »
« Chaque individu
croit peut-être avec raison
que le monde commence à sa naissance
et se termine à sa mort »
« Il ne suffit pas d’être bref
pour faire court
on peut s’ennuyer ferme
le temps d’un éclair »
« Mon sexe me parlait et
je lui répondais
avec mon cœur «
« Je n’avais aucune conscience de moi-même, à l’époque, au point de prendre la rue, une fois, pour aller à l’école sans pantalon. Je portais une chemise bien repassée, des chaussures cirées, et ma valise. On m’a rejoint au bout de la rue pour me ramener à la maison. Tout le monde semblait affolé autour de moi. J’étais calme. C’était à mes yeux un événement sans importance. J’avais oublié de mettre mon pantalon, c’est tout. »
Et le livre s’achève sur ces mots :
« Seul dans cette chambre d’hôtel je me sens plus proche de
Ce que je pense être, mais alors pourquoi ce regard troublé
Quand je croise mon visage dans le miroir ? De grâce
Laissez-moi pleurer dans la nuit sans savoir pourquoi. »
Vraiment, pour « UN CERTAIN ART DE VIVRE »,
Je me suis délecté
et en sortant de ma table littéraire
j’ai acquis
UN CERTAIN ART DE LIRE SANS SE FATIGUER.
Commentaires
0 commentaires
