EN VEDETTE

« AINSI SONNE LE GLAS ! LES DERNIERS JOURS DU MARÉCHAL MOBUTU »

Je ne sais pourquoi, mais j’avais vraiment soif de me replonger une fois de plus, dans cet ouvrage haletant de feu Honoré N’gbanda Nzambo Ko Atumba qui, à l’époque de la chute du Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga, « Roi du Zaïre », , était le fidèle « Conseiller Spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité.»
Faut-il le rappeler, la grande leçon de l’histoire est que l’Homme ne tire presque jamais des leçons de l’histoire. Pourtant, la sagesse aurait voulu que tous les Hommes, et plus encore tous les dirigeants, tirent la leçon des malheurs des autres, afin que les autres n’aient pas à tirer la leçon de leurs malheurs.
Tel un texte écrit pour être porté à l’écran, « « Ainsi sonne le glas ! les derniers jours du Marechal Mobutu »», – que l’on visionne plus qu’on ne lit -, est un livre si captivant et si inspirant qu’on aurait dit, qu’il attire et attrape le lecteur par la main, pour le conduire dans les méandres et au cœur du pouvoir temporel, souvent basé sur un jeu d’équilibre permanent, entre le mystérieux couple « Grandeur et Décadence », lesquelles sont aussi intimement liées que le sont « Vie et Mort ».
Et voici un livre qui provoque véritablement chez le lecteur, une multitude d’émotions si contradictoires qu’on en sort bouleversé certes, mais riche d’enseignements.
Au fond, « Ainsi sonne le glas ! les derniers jours du Marechal Mobutu », à n’en pas douter, est un manuel philosophique et pratique à l’attention de tous les autocrates et autres apprentis-dictateurs africains. Et si j’avais une préconisation à faire ou un souhait à émettre, ce serait de demander à tous les fameux Conseillers Spéciaux des Chefs d’Etat, de rappeler chacun sans cesse à son Patron, ces dernières paroles de Louis XIV, citées par Honoré N’gbanda Nzambo Ko Atumba :
«Mon enfant, vous voulez être un grand roi, ne m’imitez pas dans le goût que j’ai eu pour les bâtiments, ni dans celui que j’ai eu pour la guerre ; tâchez, au contraire, d’avoir la paix avec vos voisins. Rendez à Dieu ce que vous lui devez; reconnaissez les obligations que vous lui avez; faites-lui honneur par vos sujets; suivez toujours les bons conseils; tâchez de soulager vos peuples, ce que je suis assez malheureux pour n’avoir pu faire » Duc de Saint-Simon (Mémoires)
« Pour finir, je m’en voudrais de priver le lecteur intéressé, de revoir et même de revivre à travers les extraits ci-dessous, les deux épisodes du film des derniers instants – ou de la triste fin – de celui que son fidèle Conseiller et auteur du présent récit, n’hésite pas à qualifier – non sans raison – de « Grand -Baobab »

                                                                      EXTRAIT N° 1 : LA FUITE
« Le Colonel Motoko poursuivit son récit : « Ce matin du dimanche 18 mai, j’ai été alerté par mes hommes qui m’ont signalé que l’équipe des commandos de la DSP envoyée à Yakoma et à Wapinda pour contrer l’avancée des rebelles avait rebroussé chemin et progressait vers Gbado, dès le moment où les militaires ont appris que Nzimbi avait fui et qu’il était à Brazzaville. Ils ont estimé que Nzimbi les avait exploités et que le moment venu il les envoyait à la mort alors que lui-même s’en- fuyait. Ils ont décidé de venir prendre le Maréchal en otage, c’est lui qui a couvert tous les abus de Nzimbi en refusant de le réveiller le Maréchal pour que nous quittions immédiatement Gbadolite. Mais le Maréchal attendait son avion qui était parti à Brazzaville chercher les enfants. L’avion ne pouvaient pas revenir à Gbadolite, car l’opérateur de la tour de contrôle a violemment menacé les pilotes en leur faisant comprendre que s’ils revenaient, l’avion serait abattu en l’air! Pris de peur, l’équipage a abandonné l’avion à l’aéroport et s’est rendu à l’hôtel. »
Mais le Président Mobutu refusa de quitter Gbadolite : «S’ils veulent me tuer, je préfère mourir ici chez moi. Je ne fui rai pas! ». Le Colonel Motoko lui répondit :  » Maréchal, vous connaissez très bien notre consigne. Si vous refusez, je serai obligé de vous emmener par la force, car je ne peux pas vous laisser mourir ici sans rien faire.  »
« Le président nous demandait d’entrer en contact avec vous à Lomé pour savoir si Eyadéma lui avait envoyé un avion, pour- suit Motoko, alors que plus aucun opérateur n’était plus à son poste. Dieu merci, j’avais eu l’idée de bloquer, la veille, le Cargo Illouichine de Savimbi qui voulait décoller. C’était le seul avion sur la piste et, selon les règles de sécurité, je ne pouvais pas le laisser partir sans qu’un autre avion de rechange le remplace. Ainsi, lorsqu’on me signala que les troupes de la DSP avaient déjà atteint le centre de Gbado et progressaient vers l’aéroport pour l’occuper, j’ai ordonné à mes hommes de prendre le Président de force pour le mettre dans sa voiture, ainsi que la Présidente. Arrivée à l’aéroport, nous avons fait entrer le Président avec sa voiture dans l’avion dont les moteurs étaient déjà en marche et j’ai ordonné le décollage immédiat. On entendait déjà les tirs d’armes approcher de l’aéroport. Le temps de faire le taxi et de décoller, la première équipe était déjà à l’aéroport et elle s’est mise à tirer sur l’avion présidentiel lors du décollage. » Ici, le colonel s’interrompit, m’amena vers l’avion où nous avons compté six impacts de balles. Heureusement que ce n’était pas la « Ville de Lisala »! (ainsi désigne – t-on l’avion présidentiel de MOBUTU)
Un des garde du corps de l’épouse du Maréchal Mobutu avait disparu à Gbadolite avec les sacs à mains contenant les passeports du couple présidentiel. Sans cela, le Président Mobutu aurait pu regagner sa villa de Cap Martin pour poursuivre les soins auprès de ses médecins. Mais il n’avait plus de passeport contenant son visa d’entrée en France.
Je n’ai fait aucun commentaire sur ce chapitre très douloureux et très triste qui montre toute la décadence d’un système de pouvoir qui n’a pas tenu compte du développement des tares qui rongeaient inexorablement les racines et les fondements même de son essence et sa raison d’être. « Tout ce que l’homme sème, il le récolte », dit la parole de Dieu. Les brimades, les négligences dont les gardes du corps ont été des victimes silencieuses pendant longtemps ne pouvaient qu’exploser un jour ou l’autre. »

                                                         EXTRAIT N° 2 : ADIEU MARECHAL!
Je demande, une fois de plus, l’indulgence du lecteur pour ne pas décrire dans les détails, comme d’aucuns le désirent certaine- ment, les circonstances de la mort du Maréchal Mobutu, pour une raison simple: lui-même et sa famille ont voulu que sa mort et ses funérailles se fassent dans la plus stricte intimité, pour le respect de sa mémoire. Je ne peux donc pas déroger à la volonté de la famille et du défunt lui-même. Néanmoins, je voudrais simple- ment faire quelques constats et émettre quelques réflexions personnelles, autour de la fin du géant que fut le Maréchal Mobutu, tant sur le plan national que sur le plan africain et international.
Le soir de l’office funèbre dans sa résidence privée de Rabat, j’ai vu devant moi un morceau de bois posé sur une table basse, entouré des membres de la famille, des enfants en pleurs. A l’intérieur de cette boite en bois, un homme était endormi, vêtu d’un costume, d’une chemise, d’une cravate et d’une paire de chaussettes sans chaussures. J’ai bien regardé sa figure. Ses yeux, d’habitude éclatants, étaient fermés. Son visage ressemblait à celui d’un enfant en paix et en repos. Le Maréchal Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Waza Banga, c’était lui ! Et pourtant, aucune fanfare ne chantait, sinon les sanglots de douleurs de ses enfants qui déchiraient le silence de la salle! Aucune garde d’honneur. Seules ses filles et les quelques femmes membres proches de la famille entouraient le corps, assises par terre et poussant chacune des cris de douleur qui perçaient les cœurs meurtris. La bousculade habituelle des autorités nationales et des cédé la place à un vide total et au calme de la cour d’exécution proches » pour le simple anniversaire d’un de ses enfants avait d’un meurtrier qu’on amène à l’échafaud ! Et pourtant, l’un des plus grands baobabs d’Afrique venait de tomber !
Au cimetière, après avoir mis le corps dans son caveau, la famille s’est retirée dans les pleurs. C’est alors que quelque chose de spontané et de déchirant se produisit : les officiers de sécurité de Mobutu, autour de leur chef, le Capitaine Ngani, les médecins personnels Diomi et Biamungu, les responsables du protocole Mena et Kasogbia, Seti Yale et moi-même, nous nous sommes retrouvés seuls, autour de la dernière demeure du Maréchal. Chacun avait certainement compris que le moment d’adieu était venu. Alors, tous les efforts de maîtrise de soi ont cédé sous la pression de l’émotion. Militaires comme civils, nous avons tous éclatés en sanglot pendant près de trente minutes…C’était simplement… pénible ! »

À BON LECTEUR, SALUT !

GJK-Guy José KOSSA

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