Chronique de GJK

RCA-PARTITION : LA VERITE SI JE MENS

Dans la partie de poker menteur qu’est devenue désormais l’épineuse question du saucissonnage de la Centrafrique, les populations locales aujourd’hui dépitées, en sont à se demander in fine, à quel saint se vouer ? En effet, nulle part, ne se précise de manière claire et définitive, la sentence relative à la partition du pays. Par ailleurs à ce jour, aucune information nette et précise, aucune solution rassurante, convaincante et acceptable, ne vient à être portée, à la connaissance du peuple qui vit,  au gré des nouvelles colportées par des rumeurs, ou des demi-vérités glanées çà et là par des médias, souvent soit orientés, soit professionnellement démunis, et dont les journalistes, ne sont pas eux-mêmes dans la plupart des cas, au fait de l’actualité.

Aussi, dans la gigantesque arène centrafricaine, véritable amphithéâtre de l’épouvante permanente, de la frayeur quotidienne et de la panique généralisée, se retrouvent des gladiateurs politiques, tous, protagonistes de l’interminable conflit, ou acteurs engagés dans la recherche des solutions de sortie de crise. Il s’agit notamment de :

1-  La Séléka-partition : Elle est constituée des divisionnistes de la Séléka, partisans du morcellement de la RCA en deux parties. Cette tendance, on le sait depuis toujours, est menée par le sulfureux Abacar Sabone, à qui s’est acoquiné ces derniers temps, Joseph Zoundeko, le Chef d’état-major né des discussions du congrès de Ndélé,

2-  La Séléka-unitaire : Au nom de quoi, peut-on se permettre aujourd’hui, de remettre en cause la bonne foi d’un Mohamed Dafhanne ou d’un Abdoulaye Hissen ? Ces deux poids lourds de la Séléka originale, eux-mêmes divisés sur certaines questions, sont de ceux qui se reconnaissent acteurs de la crise centrafricaine, mais jurent toutefois être résolument engagés à chercher des solutions à ce conflit, en dehors de toute idée de partition du pays à laquelle ils se déclarent catégoriquement opposés.

3-  Les Anti-bal-à-ka pacifistes : Comme touchés par une nouvelle pentecôte de l’esprit saint, des Anti-bal-à-ka se découvrent brusquement, une vocation pacifiste, au lendemain du congrès des Sélékas. Admettons. Car, au point où en sont la Centrafrique et les Centrafricains, toute initiative, fut-elle même un mensonge grossier et avéré, mais dès lors qu’il est susceptible de favoriser la paix et de permettre d’éviter que s’amoncellent d’autres collines de cadavres, doit être prise au sérieux.

4-  Le régime de Samba-Panza : Face au grave danger que représente le risque de partition de la Centrafrique, on ne peut s’empêcher de relever  que dans l’histoire récente du monde contemporain, jamais, Président ou gouvernement d’un pays, n’a été sinon aussi muet qu’une carpe, du moins aussi déficitaire en termes de communication, que les institutions de cette transition centrafricaine. Impossible de ne pas croire qu’une telle posture, ne cache pas des enjeux beaucoup plus sérieux ou graves.

5-  La classe politique hors transition : On la connaissait désorganisée, servile, situationniste, non-courageuse, pouvoiriste, immature et irresponsable. Mais delà, à croire que nos hommes politiques à une exception près, sont tous des inconscients sans cervelle, et d’indignes vassaux, on pouvait encore douter. Aujourd’hui, le voile est définitivement levé.

6-  La communauté internationale : Je me suis toujours posé la question de savoir si, ce substantif de communauté internationale voudrait signifier la même chose, selon qu’on se trouve en  Afrique, en Occident, en Asie ou en Amérique du Nord ? Et si au lieu de dire communauté internationale en ce qui concerne la RCA, on disait tout simplement la France ? Alors, avez-vous entendu la France « tousser » d’un mot au sujet du congrès de la Séléka à Ndélé ?

En définitive, aucun des acteurs ci-dessus énumérés, ne répond concrètement et totalement à ce jour, aux inquiétudes des Centrafricains au sujet de la partition. Quand les uns demandent et agissent clairement pour l’éclatement du pays, les autres démentent et tiennent mordicus à l’unité de la RCA ; quand certains gardent un silence qui donne lieu à toutes les interprétations même les moins crédibles, d’autres encore condamnent du bout des lèvres, en espérant au fond que cette partition se réalise, car elle apparaît à leurs yeux comme la seule solution véritable à la crise qui perdure.

C’est dans ce contexte fait de cafouillage et de confusion, qu’une voix, une seule, celle du Professeur Gaston Mandata Nguerekata, a « pris la liberté » pour dénoncer et dire que « la situation est grave. Gravissime ». Dans le texte de son propos liminaire à la conférence de presse qu’il a donné le jeudi 15 mai 2014, le candidat non-déclaré à la prochaine présidentielle centrafricaine, s’en est vivement pris à Samba-Panza, à la Séléka, et à la France.

Que n’a-t-on pas entendu en écho, ou lu çà et là, au sujet de cette sortie médiatique : « Quel courage ! », « quelle audace ! », « voici enfin un vrai homme politique qui ose parler », « Merci Professeur », « Nguerekata Président » etc…Le peuple centrafricain, très longtemps privé de déclarations de valeur, et de discours « révolutionnaires », n’a pas tari d’éloges vis-à-vis du « Grand politique visionnaire » et champion du moment. Ce peuple, aurait certainement plébiscité Nguerekata, si la présidentielle s’était tenue hier ou aujourd’hui

Mais à y réfléchir sans passion, à prendre en compte certaines considérations d’ordre politico-politicienne et stratégique, j’en viens à me poser quelques questions :

  Et si le congrès de Ndélé participait d’une « entente cordiale » entre Samba-Panza et la France, pour fragiliser et « purifier » la Séléka qui, comme on le sait, est loin d’être une coalition homogène ?  S’il en était besoin, la division qui se profile au sommet de la hiérarchie des sélékas, n’en-est-il pas une preuve ? En politique, tous les coups sont permis, y compris celui qui vise à déstabiliser l’ennemi de l’intérieur, sans en donner l’impression, grâce à l’action des éléments « retournés ou infiltrés ».  Si tel est le cas, alors on comprendrait aisément le silence « hors du commun » de Samba-Panza, et l’implication de Sangaris. Ce n’est ici que simple hypothèse.

  L’attitude des Anti-balle-à-Ka qui, en réponse au congrès de Ndélé, au lieu de déclarer la guerre aux Séléka, s’emploient plutôt à se réorganiser, à se préparer à livrer âprement bataille aux indisciplinés de leur propre camp, tout en appellant par ailleurs à la paix et à la réconciliation en direction des modérés de la Séléka, serait-elle une posture fortuite ? Pourquoi la Ministre en charge de la Communication et de la Réconciliation semble s’être engagée à ce point personnellement dans la réorganisation des milices anti-balles-à-ka ?

  Quoiqu’en pensent les Centrafricains dont je suis, la France qui, qu’on le veuille ou pas, joue aujourd’hui la vie de ses soldats et son honneur en RCA, oserait-elle aux yeux du monde et de son opinion nationale, – même si telle était son intention –  laisser la situation en Centrafrique pourrir, jusqu’à se solder par une honteuse partition, laquelle serait un échec pour elle-même ?

L’on a beau louer le patriotisme et le nationalisme de Gaston Mandata Nguerekata « l’Américain », ou gloser sur ses intentions réelles, on est tout de même obligé de se poser la question de savoir par ailleurs, pourquoi n’a-t-il pas tenté de convaincre et entraîner d’autres leaders politiques, avec qui, ils se seraient sans doute entendus, pour organiser ensemble des conférences de presse conjointes, et engager en commun des actions collectives et de masse ? Une telle initiative aurait contribué certainement à faire grandir son aura personnelle, et à porter plus haut, plus fort et plus loin, la voix des sans-voix. Mais le Professeur aurait-t-il préféré agir en solitaire, sur une question de grande portée nationale, laquelle transcende les divisions, les calculs politiciens et les petites querelles de chapelle ? C’est à ce niveau que je crois  qu’il va falloir peut-être repenser l’avenir. Tout compte fait, je crains simplement que l’homme ne paie tôt ou tard, le prix de sa témérité, comme bien avant lui, toutes proportions gardées, l’ont payé Boganda, Sekou-Touré, Sankara et Gbagbo. Quoiqu’il advienne, Nguerekata aura joué certainement sa partition. Wait and see.

Décidément dans la partie qui se joue en RCA, c’est  la vérité si je mens, et si je mens c’est la vérité.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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2 commentaires

  1. Pourquoi demander au professeur N’GUEREKATA de composer avec ces traîtres qui se sont largement fourvoyés en pactisant presque tous avec Déby dans le but de débarquer Bozizé… Aujourd’hui ils ne peuvent se déjuger en donnant de la voix pour dénoncer les crimes à grande échelle des engins de la mort dont ils ont participé à la fabrication et qui sont devenus pour eux incontrôlables…
    G’uerekata est conscient de sa témérité et en assume toutes les conséquences car l’a dit lui même lors d’une de ses sorties; qu’il est est prêt à mourir pour son peuple qui a tant souffert .Sa référence politique est BOGANDA; IL l’a dit…
    Après tout n’a t’on pas l’habitude de dire que tout le monde est appelé à mourir et que toutefois les morts n’on t pas toutes la même signification?

  2. Il est vrai que le souhait de tout centrafricain amoureux de son pays est de tout faire afin que le Centrafrique ne soit pas disloqué et reste entier comme par le passé. Pour que ce statu quo ante territorial demeure, il nous faudrait redoubler de vigilance, parce que les loups cachés sous la peau des agneaux sont depuis longtemps dans la bergerie.

    L’hospitalité centrafricaine cristallisée dans le slogan de « Zo Kwe Zo » leur a fait croire qu’ils sont chez des imbéciles.
    ; en quelque sorte au pays des « Boubourous gentils » comme on dit chez nous. Le laisser-faire, le laisser-aller, l’indifférence et surtout l’inertie de nos dirigeants ont laissé le champ libre à des comportements anti- républicains.

    Par manque de planification économique et d’une réelle volonté de développer l’arrière pays, cela a donné des arguments aux aigris de l’émulation et de l’affirmation de soi au travers du respect de la loi dans la légalité à prendre des armes pour se faire entendre.

    Aujourd’hui, certains, pas tous parce que j’ai horreur de la généralité, à visage découvert nous montrent leurs vrais visages de traitres. Ils persistent et signent dans leurs manœuvres de division en usant des subterfuges; de bourreaux maintenant ils se font passer pour des victimes. S’ils sont devenus soudainement amnésiques, j’entends par là les tenants du scissionnisme, qu’ils se rappellent de leur mode opératoire lors de leur marche sur la capitale et les neuf mois de gouvernance du pays lors de la transition avec leurs leaders…

    Si la quête de la paix n’a pas de prix. Ce dernier ne doit pas non plus se faire à n’importe quel prix…Si des décisions fortes avaient été prises lors de la débandade et le repli des frères centrafricains qui se sont coltinés l’aide des mercenaires tchadiens et soudanais dans le Nord. Les choses n’en seraient pas là…Ils ont bluffé et cela a marché. Ils ont fait chanté les français en disant qu’ils étaient du côté des chrétiens et cela a perturbé les français. En voulant faire amende honorable, ces derniers ont oublié le but de leur mission à eux donné par la résolution 2127 des Nations-Unies qui est de désarmer tous ces délinquants armés Séléka et Anti-balles Ak.

    Les français doivent se rafraîchir la mémoire non seulement, en relisant le jugement de Salomon dans l’affaire « du bébé et de ses deux mamans », mais de s’en inspirer pour une bonne lecture de ce qui se trame en Centrafrique.

    Au nom des lois de la république, ils combattent les velléités de scission d’une partie de leur territoire, suivez mon regard… Chez nous, il font de la religion un critère sérieux et fiable de cantonnement d’une partie de la population soit disant les rassembler dans une zone où leur sécurité est /sera assurée. De qui se moque t’on ? Depuis quand dans une république laïque on se fonde sur sa religion pour exiger une partition ? Pour preuve, à N’délé dernièrement, ils ont encore été roulé dans la farine par les « boulangers de la Séléka ». Au lieu de se réunir pour désigner des personnalités qui parleront dorénavant au nom du mouvement sur le plan politique. Ils ont mis au nez et à la barbe des français un État-major et déclarer qu’ils allaient administrer à partir de maintenant les huit « préfectures » qu’ils contrôlent. N’est-ce pas claires leurs intentions ? Ou voulez-vous qu’on vous fasse encore un dessin? Vous qui représentez et appartenez à une armée républicaine qu’est-ce que cela vous dit ? Êtes vous sûrs d’avoir en face de vous des interlocuteurs fiables ? Des gens qui jouent à la victimisation pour vous endormir afin d’aboutir à leurs fins. Ont ils le mandat des populations des zones qu’ils croient contrôler de décider à leur place ? Où sont passés les bons principes du droit international en matière d’inviolabilité des frontières et du respect des droits de l’homme ?

    Les français qui croient tout savoir sur leurs ex/actuelles colonies, qu’ils se renseignent sur l’histoire du peuplement de ce pays qu’ils croient maîtriser. Comme le disait l’autre, « Avant, avant nous étions tous des animistes… » Ils doivent aussi se renseigner sur la composition et la répartition de cette communauté hétéroclite musulmane qu’ils veulent avec les ONG considérer comme une entité holistique homogène.
    En abondant dans le sens de ces messieurs qui se croient plus malins que tout le monde. Vous serrez surpris par leur duplicité. Vous croyez avoir en face de vous des illettrés voire des analphabètes, vous vous trompez. D’ailleurs les intellectuelles et les modérés qui veulent les ramener les extrémistes djihadistes étrangers à la raison sont menacés de mort… Votre mission c’est le désarmement point barre.

    Dans le cas échéant, nous exigerons le réarmement des FACA avec les moyens de bord fabriqués localement et nous verrons d’où viendra l’embargo sur ces armes. C’est invraisemblable de priver un pays de son armée. Certes, en son sein il y a des canards boiteux, mais c’est en les cantonnant dans les casernes et en leur insufflant ce qu’on attend réellement d’eux qu’on pourra en tirer quelque chose. Et, ceux qui ne rentreront pas dans la nouvelle donne seront purement et simplement remis à la vie civile. Ou bien !

    Quant aux anti-balles Ak, toujours suivant ma logique de ne pas faire ni de généralité ni d’amalgame. Les radicaux ne savent pas le tort qu’ils font à notre pays; tous les musulmans ne sont pas des Sélékas. Il est vrai que par ignorance des enjeux politiques. Certains par mimétisme on dit que « notre » tour était venu de « passer à table », sans savoir à quoi cela allait entraîner le pays y compris eux-mêmes. Ce qu’il nous reste à faire, c’est d’œuvrer pour le pardon et la réconciliation, en mettant en avant les bonnes actions conjointement posées par les communautés musulmane et chrétienne en particulier, ainsi que celles initiées avec les autres communautés religieuses qui se trouvent sur notre territoire.
    En agissant ainsi nous tordrons le coup à l’initiative de partition prônée par ces acteurs du mal qui veulent instrumentaliser la crise centrafricaine, en la transformant en crise confessionnelle. Elle n’en est pas une, nous avons par la haine, la méfiance des uns envers les autres tous déconnés. Ressaisissons nous pour relever tous ensemble ce défi qui nous est lancé.
    Le professeur Gaston Mandata Nguérékata a fait son devoir de citoyen, lui demander de s’unir avec des gens qui ont laissé et continue de le faire à mon humble avis n’en vaut pas la peine. La quasi totalité de nos hommes et femmes se sont mouillés en acceptant de ne pas s’opposer ouvertement aux dérives de la Séléka. Peut être qu’ils ont peur que les Séléka mettent sur la place publique les preuves de leur compromission… Ceci expliquant cela.
    Pour ma part, je me méfie de celles et ceux qui sortent de leur somnolence et voient déjà le professeur comme le nouveau « messie ». Chacun doit faire ce qu’il peut là où il se trouve avec les moyens dont il dispose pour raffermir la cohésion nationale par le dialogue et la réconciliation entre les communautés qui vivent sur notre territoire.
    Nous pouvons, si nous le voulons. A force de remettre la conduite de notre destin entre les mains des autres, ils font de nous ce qu’ils veulent. Après, nous sommes là à pleurnicher…

    Fernand Paul Sadam

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