Grand format de J.Gréla

LA REVUE DE PRESSE : LE DRIAN NEGOCIE LE RETOUR DU TCHAD EN CENTRAFRIQUE

La Centrafrique, certes, est un pays pauvre, mal connu qui excelle aujourd’hui par sa haine débordante. La guerre et les violences engendrées ont provoqué une fracture béante dans les diverses communautés qui vivaient en harmonie.  Les forces internationales continuent de progresser dans l’arrière pays malgré la réorganisation des seleka et leur installation dans la ville de Bambari considérée comme leur capitale. Il n’y a pas que les ruisseaux de couleur rouge  sang qui coulent en Centrafrique. Il y a aussi de lueur d’espoir, qui, timidement s’éclaire.

 Point sur les opérations de la force Sangaris

Le ministère français de la défense, dans son bilan hebdomadaire ce mercredi 21mai 2014, décrit l’évolution de la situation dans le pays de la manière suivant : « … A Bangui, la situation demeure calme. Le GTIA Savoie poursuit son contrôle de zone dans les  3ème et 5ème arrondissements, ainsi qu’à PK12. Il n’y a pas eu d’incident majeur au cours des 10 derniers jours. La reprise des activités dans la capitale se poursuit : 33 centres de santé sont opérationnels, 75 établissements scolaires ont rouverts, 21 marchés sont actifs. Face à ce début de reprise de la vie, la ville est aujourd’hui confrontée à des questions de banditisme », poursuit EMA, la source du ministère de la défense. « Cette réalité prouve qu’aujourd’hui le problème n’est plus strictement militaire. Désormais, le rétablissement de la situation nécessite donc le développement des piliers judiciaires et de sécurité intérieure. »

Dans ce contexte le ministre français de la défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé , pour sa quatrième visite en Centrafrique après celles qu’il a faites aux mois de décembre, janvier et février deniers, le dimanche 18 mai en fin d’après-midi à Bangui, a rapporté Le Monde avec l’AFP. Il « a salué l’action de la force Sangaris et témoigné de sa satisfaction de l’engagement des militaires français sur ce théâtre difficile ».

Toutefois, a concédé EMA la source du ministère de la défense dans son compte rendu des opérations, « Le GTIA Savoie a fait effort cette semaine sur le 3èmearrondissement avec des patrouilles quotidiennes menées conjointement avec la MISCA (contingent burundais). Celles-ci n’ont fait l’objet d’aucune réaction hostile de la part de la population. Le détachement de gendarmerie poursuit quant à lui ses patrouilles aux côtés des forces de sécurité intérieures centrafricaines ».

Dans l’Est, en appui de la MISCA, « le GTIA Scorpion continue la sécurisation de l’axe Sibut-Bria. La MISCA et le GTIA Scorpion maintiennent un dispositif visible et continuent à faire appliquer les mesures de confiance » sans donner des précisions. De même, a souligné l’EMA, la source militaire, « les troupes françaises sont principalement installées dans le triangle Sibut-Dékoa-Grimari qui reste perturbé par des groupes armés résiduels ». « La situation est globalement calme, mais demeure incertaine », a signifié la source.

Toutefois, les populations de Dékoa craignent les représailles des selekas, qui, lourdement armés, ont renforcé leur dispositif et présence dans la ville, ont menacé, selon les informations des RJDH du 20 mai 2014, de s’en prendre aux épouses des anti-balles AK. Celles-ci ont fui de nouveau dans la brousse. Joint au téléphone, le nouveau patron des seleka, Joseph Zoundéko a assuré se renseigner et punir les auteurs des actes.

L’Etat-major des Sangaris, dans son point d’évaluation, a dévoilé que c’est sur l’axe de l’ouest, « à hauteur du village de Fembélé,  à 60 km à l’ouest de Bouar, qu’un détachement de la force sangaris a découvert le 13 mai le corps de Camille Lepage à l’occasion d’un contrôle de véhicule. Lors de ce contrôle, dix hommes en armes (ALI et grenades) et cinq corps ont été découverts à bord du véhicule. Les dix hommes armés ont été remis à Bangui aux unités de police de la MISCA et sont actuellement interrogés en présence de gendarmes français. »

Le Drian, Ministre de l’Afrique
Faire revenir les troupes tchadiennes en Centrafrique

En ces termes, l’envoyé spécial de Jeune Afrique n°2784 du 18 au 24 mai 2014 a titré son article. Le Drian, les  « yeux  et les oreilles de Hollande » joue de plus en plus « un rôle majeur dans le petit monde de la Françafrique » ou de ce qu’il en reste ou l’Africafrance selon la de l’essayiste Antoine Glaser écrit l’envoyé spécial. « Aujourd’hui, Le Drian est notre interlocuteur français numéro un. On sait qu’en parlant à lui, on peut être entendu au plus haut niveau car il a l’oreille de François Hollande. Et puis, il faut bien admettre que la question de la sécurité est devenue la priorité de toute la sous-région. Si on veut se renforcer,  on a besoin de la France, donc de Le Drian », a constaté un conseiller à la présidence pendant que le Drian qui a co-organisé la chute de Djotodia est resté près d’une heure dans le bureau du président mauritanien Mohamed Ould Abdelazi.  A ce dernier qui a gagné ses galons de partenaire privilégié auprès de la France, monsieur Le Drian lui a demandé président en exercice de l’UA, « de pousser les pays du continent à envoyer des hommes en Centrafrique, et en tant qu’ami de Déby, de lui parler… » En signe de bonne volonté, dit le journaliste, le président Aziz lui a annoncé l’envoi de 1000 soldats mauritaniens.

Durant sa visite en Côte d’Ivoire pour définir les nouvelles missions de la « Licorne » monsieur Le Drian a évoqué la question de Centrafrique. Il a demandé au président Ouattara de « discuter avec le Tchadien Idriss Déby lors du prochain sommet de l’Union Africaine, en juin, pour le convaincre de renvoyer des troupes »  en Centrafrique.

Déclaration d’intention et guerre des chefs anti-balles AK

En marge de la visite surprise, de Le Drian, à Bangui, Sébastien Wenezoui qui succède à Édouard Patrice Ngaïssona, se présente comme le nouveau coordinateur général des anti-balles AK et a accordé un entretien accordé à RFI et au journal La Croix le 19 mai 2014, alors que d’autres chefs le contestent. « Il fallait en finir avec ceux qui politisent et instrumentalisent les anti-balaka», a-t-il déclaré. Il assure que les anti-balles AK, accusés de très graves exactions depuis le début de l’intervention française Sangaris, seraient décidés à redevenir « un mouvement populaire d’auto-défense ». Au cours de cet entretien, il a promis « réconciliation entre chrétiens et musulmans », des actions comme « une conférence de presse avec les responsables de la Séléka afin d’annoncer la fin des hostilités, d’aller à Boda pour convaincre les anti-balles AK, de punir les dérapages, les exactions pour tenir les troupes. Mais aucune date n’est avancée pour ce rendez-vous.

Malheureusement, « la réunion de jeudi n’a aucune valeur juridique. Avec les principaux chefs des anti-balles AK, nous l’avons destitué ce matin », a déclaré Edouard Patrice Ngaïssona à La Croix, en présentant un communiqué qui annonce cette destitution, signée par une trentaine de personnes. Pour Edouard Patrice Ngaïssona, « ce que dit Sébastien Wenezaoui n’engage que lui et non les anti-balles AK. Je suis toujours le coordinateur général des anti-balles AK ». Selon le correspondant de La Croix, Laurent Larcher, à Bangui, la rivalité entre chefs anti-balles AK complique encore un peu plus les possibilités pour les forces présentes sur le terrain de trouver des interlocuteurs crédibles afin de tenter de stabiliser la situation en Centrafrique. Pendant que les chefs s’excluaient les uns les autres, « un musulman ayant tenté de franchir le pont Jackson, au kilomètre 5 où sont reclus les derniers musulmans de Bangui, était lynché avant d’être décapité » a fait remarquer le correspondant.

Petite république des seleka ou scission déguisée

La réorganisation des seleka a fait couler beaucoup d’encre et a délié des langues longtemps gelées. Le gouvernement a condamné cette réorganisation, indiquant que le groupe avait saisi des biens de l’Etat dans le Nord.

Mais le groupe rebelle de la Seleka a annoncé pour sa part qu’il s’est réorganisé lui-même, s’est mis en place une nouvelle chaîne de commandement pour maîtriser et exercer un contrôle accru sur ses combattants dans le nord, a insisté son coordinateur Abdoulaye Hisseine. « Voulez-vous, selon sa déclaration rapportée par BBC, vraiment nous laisser perdre tous nos combattants Séléka sans qu’aucune organisation ne veille sur eux. Si oui, soit. Si non, c’est la seule façon de les maîtriser ». Il faut noter que le conflit a déplacé environ 25% des 4,6 millions de Centrafricains en attendant l’arrivée des 12000 casques bleus prévu dans la première moitié de septembre prochain.

Rebâtir les moyens d’existence
Vaincre la saison de la faim et accroitre la résilience

Pour sa part, la FAO et ses partenaires humanitaires ont lancé une vaste opération de distribution de semences et d’outils pour venir en aide aux familles agricoles touchées par la crise, a appuyé, ce mercredi, 21 mai 2014 à Rome, le journal en ligne Afriquinfos. « Au total, 1 800 tonnes de semences de cultures de base et des outils manuels seront fournis d’ici fin mai à 75 700 familles vulnérables – soit 378 500 personnes – dans 15 préfectures de tout le pays victime des conflits » a souligné le communiqué de la FAO. Pour réussir et atteindre ses objectifs, « 16 organisations internationales et ONG nationales collaborent avec la FAO pour surmonter les problèmes des routes inaccessibles et de la détérioration de la situation de sécurité, afin de garantir que les agriculteurs reçoivent les kits agricoles à temps pour la prochaine campagne de semis. »

Malgré cet effort, l’instabilité et la situation sécuritaire compliquent considérablement les opérations. Des convois d’aide ont été attaqués ces dernières semaines. Ce qui n’entame en rien les énergies de ces ONG qui ne baissent pas les bras devant ce conflit qui a gravement perturbé par les combats. Ces violences durent depuis décembre 2012 et ont entraîné une malnutrition chronique, une pauvreté extrême et un manque d’hygiène. « Quelque 1,6 million de personnes ont un besoin pressant de nourriture, un habitant sur cinq a abandonné son logement face aux violences », a observé le journal. Par ailleurs, « La livraison des kits agricoles est fondamentale car elle permettra de conjurer une crise alimentaire et nutritionnelle à grande échelle dans tout le pays », a déclaré le Représentant de la FAO par intérim, Alexis Bonte. Dans la même perspective, FAO s’emploie à revitaliser le secteur agricole et à renforcer la capacité des agriculteurs de résister à la crise dans le cadre d’un programme d’aide à plus long terme.

Néanmoins, selon les sources officielles de FAO, «  il faut encore 17,5 millions de dollars pour reconstruire les moyens d’existence, ce qui permettra aux familles de se procurer des revenus d’ici la récolte, d’acheter de la nourriture au marché et de diversifier leurs activités pour avoir des recettes tout au long de l’année »,  a observé le journal Afriquinfos.

La Françafrique ou l’Africafrance, c’est vieux comme la diplomatie française…qui fait et défait.

Joseph GRÉLA

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Un commentaire

  1. MERCI A MR LEDRIAN pour la RCA mais tous sauf les militaires TCHADIENS. Ils peuvent contribuer à la paix en RCA en étant neutre, fermes et légalistes au niveau de la frontière RCA-TCHAD. Mr DEBY doit tenir un discours de fermété et s’abstenir de donner de l’ aide d’une quelconque forme à la seleka. La seule présence des militaires Tchadiens en RCA sera source de tension et occasionnera des victimes civiles inutiles. Merci

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