Chronique de GJK

RCA : COMME UN AIR DE DÉMISSION

« Quand l’ombre des pygmées grandit, c’est que le soleil est sur le point de se coucher. »(Proverbe peulh)..

Avoir annoncé le remaniement de son gouvernement d’à peine seulement trois mois d’existence, n’est déjà pas en soi, la meilleure des performances que l’on espérait de Mme Samba-Panza. Réussir en plus, l’exploit de paralyser toute l’administration depuis plus de deux semaines, faute de parvenir à la nomination des nouveaux Ministres qu’on aurait voulu voir s’empresser de mettre les pieds à l’étrier ; voilà encore, qui permet de rappeler, surtout à tous ceux qui auraient feint de l’ignorer, que nous sommes bien en RCA. Un pays où rien de bien, rien de normal, ne peut s’accomplir normalement. Comme partout ailleurs.

Ainsi, les Centrafricains oscillent ces derniers temps, entre d’un côté, joie et espoir de paix, et de l’autre, angoisse, rancœur et rumeurs en tous genres. « Il est tout à la fois urgent et impératif de procéder à une refonte du Cabinet de la Présidence de la République, afin de se donner les moyens d’améliorer la gestion des affaires de l’Etat »;  ce discours de Mme Samba-Panza, remonte bien au 6 mai 2014, soit déjà plus d’un demi-mois écoulé. Quant à Nzapayéké qui affirmait depuis le 19 mai 2014  que « La liste de ce Gouvernement retouché sera diffusée dans les prochaines heures », l’on se demande en ce jour du 22 mai, quel crédit lui accorder. Décidément, en Centrafrique, le temps est plus qu’élastique, et l’inexactitude se révèle être la politesse des chefs. De là, à oser croire que la prochaine présidentielle devra se tenir « dans quelques mois« , c’est faire montre d’une naïveté déconcertante.

Au milieu de ce flot d’incertitudes et d’inconscience manifeste, imaginez alors un seul instant, qu’au lieu d’un gouvernement remanié, Mme Samba-Panza, soit plutôt en train de préparer sa propre démission de son poste de présidente de la Transition ! scénario pas si improbable que ça, mais quel serait alors l’état de la République, quand on se rappelle avoir une fois auparavant fait l’expérience d’une démission, celle de Djotodja, – certes dans des conditions rocambolesques – qui a mal tourné et entraîné le regain de tension qui se poursuit jusqu’à ce jour. Personne n’ose souhaiter un tel cas de figure.

A laisser le silence, le doute et les rumeurs s’installer, Mme Samba-Panza et son Premier Ministre, ont beau jeu de dire et répéter qu’à «  ce jour, il n’y a pas l’ombre d’une quelconque friction ou malentendu à la tête de l’Exécutif.», plus personne ne se laisse désormais convaincre. En témoigne la discordance notée entre les propos tenus d’une part par Nzapayéké, et d’autre part par le tout nouveau Coordonnateur de la Séléka, Abdoulaye Hissen. Au sujet de la tenue du congrès de Ndélé, quand le premier affirme dans sa déclaration du 19 mai  2014 « Comme vous, le Gouvernement a suivi le Communiqué de Ndélé… », le second lui répond le lendemain par conférence de presse interposée, que la Présidence de la Transition était bien informée des préparatifs de ce  congrès de la Séléka. Si l’on est tenté de croire sur parole le Chef rebelle, l’on ne peut remettre fondamentalement en cause la bonne foi du Premier Ministre ; surtout quand le 21 mai 2014, Alexandre Nguendet le Président du Conseil National de Transition(CNT), fait entendre la voix de l’institution qu’il dirige, en ces termes :« En ce moment particulier, nous nous devons de réagir et de nous concerter sur les mesures énergiques qu’il conviendrait de prendre pour sauver notre pays de l’anarchie et le protéger des mains étrangères qui ne cessent de le convoiter ».
Dans tous les cas, quel profond respect pour le peuple ! Les Centrafricains n’ont-ils pas entendu le 6 mai 2014 dire « 
Plus qu’auparavant, j’ai essayé de faire en sorte que la Présidence de la République, le Conseil National de Transition et la Primature travaillent en symbiose dans l’intérêt supérieur de la réussite de cette Transition. Je me réjouis pour ma part de la qualité de la collaboration qui existe entre le Président du CNT, le Premier Ministre et moi-même » ?

A l’œil nu, l’on peut voir d’ores et déjà se dresser tous les écueils sur la route de la transition, malgré ou même à cause de la « montagne remaniement gouvernemental », qui risque d’accoucher d’une très maigre souris. La déception de plus d’un Centrafricain sera grande, ne fut-ce que du fait d’avoir si longtemps attendu.

Quant aux tortionnaires notoires qui ne cessent de souiller la République de leurs mains tachées de sang, auraient-ils réussi à inoculer leur venin nocif dans les veines de Mme Samba-Panza ? Ou au contraire, ont-ils fini par l’excéder, et la laisser se convaincre elle-même de démissionner, tout en restant présente ? Espérons néanmoins que le passage de Monsieur Le Drian, ci-devant Ministre Français de la Défense, a permis de redonner à notre Présidente de la Transition, le goût et la volonté d’accomplir avec succès et honneur, sa redoutable mission « sacerdotale » : remettre la RCA sur pieds..

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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