POÈME: QU’ILS ME DISENT, QUI DIT VRAI

C’était il n’y a pas très longtemps,
A l’époque où tout le monde croyait
Dire la vérité à la nouvelle génération
Qui cherchait ses repères,
Des jeunes gens s’étaient rapprochés
De l’homme aux cheveux blancs
Pour demander qui dit vrai.

Maître,

Ils nous disent : « On devrait adopter le monopartisme multi-tendanciel ».

Moi, je vous dis : « Ils ont préféré le multipartisme mono-tendanciel ».
Ils ont multiplié les partis politiques,
Mais ils tiennent tous, les mêmes discours,
Chantent les mêmes refrains,
Esquissent les mêmes pas de dance.
Personne ne se démarque ni du passé ni des autres.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : « On crée des partis politiques pour éveiller
La conscience du peuple à la gestion transparente du bien commun ».

Moi, je vous dis : « Des partis politiques sont créés pour soutenir
Des copains déjà bien avancés en démagogie
Pour profiter entre amis du bien commun ».
Ils sont toujours très nombreux à se porter candidats
Mais se retirent au profit des copains qui promettent des postes ministériels.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : «Le pays de BOGANDA pour l’Unité, la Dignité et le Travail ».

Moi, je vous dis : « Le pays du plus fort où, l’anarchie,le sectarisme,
Et le pilotage à vue passent pour des vertus ».
Des conférences sur conférences, des accords sur accords,
Des gouvernements de tous les noms,
Sont pour la plupart des fantaisies à la centrafricaine.
On revient toujours à la case de départ avec d’autres dialogues en attente.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : « Nos chefs d’Etat étaient mal entourés ».

Moi, je vous dis : « Nos chefs d’Etat s’entourent mal ».
Ils choisissent pour collaborateurs des parents,
Des amis, des collègues, des gens de même région.
Alors que les personnes compétentes, les nationalistes
Sont écartés, oubliés et voire ignorés.
Le peuple attend un changement, et rien ne change.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : «Certaines ethnies disaient c’est notre tour ».

Moi, je vous dis : « D’autres aujourd’hui vont plus loin ».
Il n’est plus question d’un simple « C’est notre tour »
Mais, il ne faut surtout pas parler de « durée ».
Des regroupements des populations sont faits,
Une « armée républicaine » est installée,
Des nominations régionales aux postes des administratifs sont en vue.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils disent : «Certains nourrissaient l’idée d’une République du LOGONE ».

Moi, je vous dis : « D’autres sont en train de créer la République du HAUT OUBANGUI ».
Les rêves ne sont plus un rêve, et la vraisemblance du rêve devient la réalité.
Ceux-là sont sortis de leur rêve, ils ont pris des armes,
Ils ont délimité un territoire, ils se sont installés.
Les bases de leur nouvelle République sont posées
Alors que les entêtes des papiers officiels portent encore le mot UNITE.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : « Les catholiques font la politique ».

Moi, je vous dis : « La politique a défait les vertus religieuses ».
Pour des intérêts égoïstes et cachés des politiques,
Le peuple est divisé, la haine a gagné du terrain, et les gens s’entretuent.
Les grandes vertus religieuses comme « Pardonnes leur… » et « Allah kbar »,
Dieu est grand,se sont vidées de tout leur sens.
Lavengeance est devenue le mot d’ordre pour tous.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : « On ne tourne pas le dos à la jeunesse ».

Moi, je vous dis : « Personne ne regarde la jeunesse en face ».
Des écoles sont fermées, des années blanches s’accumulent,
Des bourses d’études ne sont pas payées et des diplômés ne sont pas intégrés.
La jeunesse connaitra-t-elle un jour l’ombre de la fonction publique ?
On attend la voir descendre dans les rues comme au temps jadis,
Et de sa Terrace, écrire « La mémoire des martyrs ».
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : «Tout ira bien avec une femme à la tête du pays ».

Moi, je vous dis : « Tout ne va bien encore ».
Une mère avec une multitude d’enfants de tous âges,
Devra beaucoup peiner pour établir son autorité de mère sur tout le monde
Si ce n’est sur les plus petits qui ont encore besoin de sa protection.
Etre mère relève de la nature de toute femme,
Mais, réussir l’éducation de ses enfants est une lourde tâche.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Ils nous disent : «Bangui, la coquette, ville de pari ».

Moi, je vous dis : « Bangui la coquille de la ville de parie ».
Bangui, avec son principal artère, l’Avenue Barthélemy BOGANDA
A double sens, avec des pistes de cyclomoteurs et de bicyclettes,
Et bordée de larges trottoirs pour les piétons ;
Bangui, avec le stade Omnisports et la cité de l’OCAM…
Bangui, la coquette n’est plus que la coquille vide de son passé glorieux.
Qu’ils me disent qui dit vrai.

Centrafricain, femme ou homme,
Jeunesse, non intégrée, étudiant ou élève,
Homme politique ou militant,
Militaire ou civil,
Fonctionnaire ou paysan,
Musulman ou Chrétien,
Toi qui prononce les mots PAIX et UNITE pour la Centrafrique,
Dis-moi si tu dis vrai.

Pascal TONGAMBA
L’homme aux cheveux blancs

Commentaires

0 commentaires