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CENTRAFRIQUE : UNE TROISIEME TRANSITION SANS SAMBA PANZA EST EXIGIBLE ET SALUTAIRE

Par Jean-Pierre MARA

Ce qui se passe dans notre pays témoigne que nous sommes un peuple maudit. Je suis attristé, accablé comme certains compatriotes qui ne peuvent se rendre dans leur pays natal, rendre visite à la famille jusque dans les villages.  La peur, l’insécurité, la famine, s’abattent sur nos pauvres parents anéantis, assiégés. La prédation de ceux qui organisent le chaos, l’anarchie, la méchanceté gratuite ont gangrené tous les tissus économiques et financiers jusqu’au sommet de l’Etat.

L’équipe de madame Samba Panza n’a pas fait mieux que les autres. A titre personnel et en espérant me tromper, je n’avais jamais cru en elle et à son équipe. J’ai raison aujourd’hui. La même pauvreté d’esprit, la même atrophie ou infirmité politique, les mêmes pratiques reprochées à nos dirigeants, Patassé, Bozizé et autres qui ont précipité le pays dans l’abîme, refont surface : le tribalisme, le favoritisme, les détournements du denier public, la confusion du bien public avec le bien privé, le « c’est notre tour », la majestueuse impunité. C’est la monnaie courante. C’est désormais l’actualité du pays.Même les amis de Centrafriquequi connaissent cette situation, sont attirés par l’appât de gain, de tricheries et soutiennent à cor et à cri madame Samba Panza et son fonctionnement aveuglé par la concupiscence.

Des compatriotes tentaient de me convaincre que les Nations-Unies et les Forces Internationales refuseraient de nous apporter les solutions ou de résoudre la crise Centrafricaine. Mais moi, je dis que les gouvernements de la transition ne veulent pas résoudre le problème centrafricain afin de profiter du désordre avec leurs amis.

Avant de critiquer la position des occidentaux à notre rescousse, nous devons balayer devant notre porte.

D’aucun ne peut apporter les preuves que les Nations-Unies ou la France nous empêchent de mettre en place la stratégie de restructuration des Forces de Défense et de Sécurité pour la sécurisation de la RCA.

Je n’ai, ni vu, ni lu une proposition convaincante et louable émanant du gouvernement Centrafricain de transition. Toutefois, je reconnais des positions sans volonté manifeste et sans traduction en acte. Il ne suffit pas de réunir les militaires dans la cour de l’ENAM pour s’exhiber, se parader sans persuader les acteurs de la sécurité, de la défense et la communauté internationale à notre chevet. Nous savons la suite. Cette cérémonie de madame Samba Panza avait terni l’image des FACA au lieu de leur permettre de redorer le blason de l’armée nationale après la débandade et la défaite devant les rebelles de la seleka que nous connaissons. Il ne suffit pas, non plus, de réunir 3000 soldats au camp Kassaï, d’élever certains à des grades sans valeur et non acquis sur les terrains militaires pour espérer le soutien des grandes puissances dans une démarche de réarmement des forces armées. Ce n’était pas, à mon sens, la bonne démarche pour le réarmement de notre armée qui n’existe plus.

Ce serait armer ou équiper non pas les FACA qui ne signifient plus rien, mais une garde prétorienne au solde de sa sécurité personnelle. D’aucun ne refuse le réarmement des FACA. Mais la prudence de la communauté internationale s’est reposée sur ce que signifie désormais les FACA. Est-ce une armée nationale ou une sécurité présidentielle vengeresse ? Chers compatriotes Centrafricains, la vraie raison de l’embargo sur notre armée réside dans cette démarche hasardeuse et aventureuse de la présidente de transition. De l’amateurisme tout court.

C’est la raison pour laquelle, je ne cède pas aux critiques selon lesquelles le monde extérieur ou la communauté internationale empêcheraient les centrafricains de se battre pour ramener la sécurité et la paix dans leur pays.

Que faire maintenant ?

Trois schémas s’imposent à moi, à nous, centrafricains.

  1. Pour se cramponner à son poste de la Présidente de Transition, madame Samba Panza reporte continuellement la date des élections. Elle est soutenue dans cette position, dis-je,  par le G8 et tous ceux à qui profite sa présence à la tête de la RCA.

Madame Samba Panza n’a aucune volonté d’organiser la sécurité en RCA comme le stipule la feuille de route de la transition. Il n’y a donc aucune raison de la maintenir à ce poste de la présidence de la transition. Les centrafricains ne peuvent pas attendre que la MINUSCA, ou les Nations Unies leur définissent ce que doit être une armée républicaine. Nous devons le faire nous-mêmes et l’organiser au plus proche de nos réalités. Nous en sommes capables.

  1. La transition actuelle et toutes les autorités qui la composent n’apportent aucune solution, à la résolution de la crise en matière de sécurité. Tous profitent du sang coulé de nos martyrs pour s’enrichir illégitimement et illégalement et bénéficient indûment des commissions et ristournes sur les richesses naturelles centrafricaines.

Il faut formuler et mettre en place une troisième transition mieux encadrée pour exécuter trois actions suivantes : le désarmement forcé des groupes Seleka et Anti-Balles AK, la restauration de l’Armée et l’autorité de l’Etat enfin, l’organisation d’élections libres et transparentes dans un délai de deux années sur toute l’étendue du territoire.

  1. La dernière possibilité serait la mise en place d’une Constituante  sur le modèle tunisien mais fondée sur nos propres réalités.

Je réclame la déchéance définitive de madame Samba Panza et du CNT dans sa forme actuelle pour accéder à la troisième transition à l’exemple des guatémaltèques.

Toutefois, Elie Doté a prôné une troisième transition sous la surveillance  des Nations-Unies. Cette transition s’obligerait à respecter strictement la feuille de route. Cette proposition, si elle est consensuelle, est à mes yeux mesurée et raisonnée. Une mise en place d’un parlement de transition serait également un gage vers le chemin de la sécurité, de la paix et d’une nouvelle composition de la nouvelle armée nationale.

Puisque le président Ali Bongo, en sa qualité de Président en exercice de la CEEAC, a accepté et signé la lettre de prolongation de la période de transition présentée par les autorités actuelles, il faut qu’il précise aux partenaires de la RCA, que cette prolongation n’implique, en aucun cas, automatiquement ou obligatoirement la reconduite de madame Samba Panza à la tête de la présidence de la transition.

Les centrafricains ne veulent plus de cette transition qui perdure sans remplir la mission qui lui a été confiée. Je suppose que c’est le message d’espoir du peuple centrafricain que le président Ali Bongo portera de vive voix à la connaissance des partenaires de Centrafrique lors de son passage prochain à Paris.

« Le changement pour la troisième transition, c’est maintenant et non en décembre 2015 ».

Jean-Pierre MARA
Animateur en France du Conseil National des Centrafricains
Coordonnateur du Cercle de Réflexion wa A za

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Un commentaire

  1. Vraie et pure théorie irréalisable et vous l’exposez quand même.Chacun se fait une place au soleil et se positionne pour un poste de ministre.

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