Mots contre maux de rjpm

LA DIPLOMATIE : FIL CONDUCTEUR D’UNE NOUVELLE CENTRAFRIQUE

Par RJPM

La mondialisation et la globalisation ont radicalement changé la diplomatie qui s’inscrit de plus en plus dans une logique de relations multidimensionnelles.
Vitrine d’un pays, la diplomatie est le fil conducteur pour la fidélisation permanente des relations d’un pays avec ses partenaires.
Ces changements inhérents à chaque pays n’ont pas laissé la République Centrafricaine de marbre puisqu’elle a su s’internationaliser et elle essaye tant bien que mal d’adapter sa diplomatie face à ces mutations.
Bien évidemment, si la diplomatie est active, le pays ne peut qu’en bénéficier. Dans le cas contraire, il subira l’effet inactif de sa diplomatie morbide. S’il s’est réellement avéré que la diplomatie est une vitrine expressive d’un pays, il n’en demeure pas moins qu’elle n’est que le reflet de la politique interne du pays qui semble internationaliser. Lorsque la diplomatie d’un pays quelconque est conquérante, agissante, et active, il est évident que sa politique extérieure persuadera les partenaires à l’assister dans toutes ses entreprises. L’inverse est bien sûr désobligeant pour l’image et la rentabilité diplomatique d’un pays surtout lorsqu’il fait face à de défis réels.
D’où la question, la diplomatie Centrafricaine peut-elle être à la hauteur des défis qui s’imposent au pays ? Une interrogation qui mérite une approche toute particulière. Ainsi il serait souhaitable d’avoir des regards croisés sur la diplomatie centrafricaine en vue de décrypter ses forces et faiblesses,

Regards croisés de la diplomatie centrafricaine

Quasiment la plupart des débatteurs et autres spécialistes du droit s’accordent à dire que la diplomatie serait une pratique des relations internationales. En Français facile, ils avancent que c’est un tact dans les relations avec autrui. Si bien qu’un Diplomate est forcement une personne chargée de représenter son pays auprès d’une nation étrangère et dans les relations internationales. A cet effet, il doit être habile et plein de tact pour accomplir sa mission dans les règles de l’art. L’approche définitionnelle et pragmatique de la diplomatie met en exergue la virtuosité de ceux qui sont chargés de mettre en musique la politique extérieure de leur pays. Dans les grandes démocraties, la politique extérieure a toujours été mise en symbiose par des grands hommes politiques qui ont été, soit par des diplomates de formation, soit des premiers ministres, soit des anciens candidats à l’élection présidentielle, ou encore des personnalités qui ont occupé des hautes fonctions de l’état. En tout état de cause, ces derniers sont généralement des hommes d’état ayant un carnet d’adresse bien rempli et savent agir avec ingéniosité. Une telle qualité ne pourrait être qu’une aubaine pour n’importe quel pays. D’ores et déjà, il faut avoir à l’esprit que l’efficacité d’une politique extérieure réside non seulement sur les compétences distinctives qui sont chargées de la diplomatie mais également sur les moyens (financiers, matériels etc…). Il est d’une évidence absolue que le local qui abrite la représentation diplomatique devrait refléter l’ambition recherchée par le pays à travers sa politique extérieure. Certains pays mettent les moyens faramineux pour s’offrir une représentation diplomatique luxueuse et des diplomates attitrés dans l’unique but de réussir une percée dans la pratique des relations internationales.

Depuis plusieurs décennies, la diplomatie centrafricaine peine à s’aligner sur le niveau des autres pays. Les causes de de cette inefficacité sont nombreuses et variées. Fondamentalement, la représentation diplomatique reflète l’image d’un pays à l’extérieur. Or, il s’est avéré que plusieurs représentations diplomatiques centrafricaines connaissent d’énormes difficultés et cumulent des loyers impayés. Avec l’apprêté de la vie les plus burlesques, certains diplomates étaient contraints de s’adonner à des activités lucratives leur permettant de subvenir à leurs besoins. Il est à noter que certains ont délaissé la diplomatie au détriment du commerce car la survie de leurs familles en dépendait. A maintes reprises, des diplomates ont été expulsés de leurs logements pour loyers impayés. Comment peut-on s’investir pour son pays auprès des partenaires lorsqu’on sait que ses dépenses de souveraineté ne seraient pas couvertes ? Pire encore, dans quel état d’esprit un diplomate Centrafricain peut-il aborder un partenaire lorsqu’il sait pertinemment que le lendemain matin, son bailleur lui adresserait un avis d’expulsion ? Cette malencontreuse situation a non seulement rendu notre diplomatie fébrile mais elle a également brisé le mental de nos diplomates. C’est dans cette psychose effrénée que la plupart de nos diplomates a toujours travaillé. Aujourd’hui encore certains diplomates hésitent de rejoindre leurs lieux d’affectation au simple motif que les dispositions nécessaires ne sont pas prises pour leur faciliter la tâche. Certes ! Des efforts ont été consentis par le Gouvernement mais il en demeure pas moins que beaucoup de choses restent à faire. L’état boulimique de l’être humain est une évidence et c’est pour cela que cette insatiabilité nécessite une perfection. De fil en aiguille, la diplomatie centrafricaine devrait être non seulement agissante au niveau sous régional, africaine, mais plus largement en Europe et dans le reste du monde voire dans les pays émergents comme le Brésil et s’inspirer du modèle de leur développement qui a fait ses preuves. La diplomatie Centrafricaine devrait être percutante, active pour s’imposer dans la cour des « GRANDS ». Quelques fois la diplomatie doit utiliser la méthode « Bulldozing » pour ratisser, ramollir, et aplanir son champ d’action en vue d’atteindre ses objectifs.

A vrai dire, la République Centrafricaine regorge un atout considérable en termes de capital humain dans le domaine de la diplomatie. Mais ce capital humain n’a jamais été utilisé a bon escient dans l’intérêt de République. Figurez-vous que du temps de l’ancien président Bozizé, durant  trois ans aucun diplomate de premier rang n’a été envoyé en France en remplacement de l’ancien ambassadeur Willybiro-Sako rappelé en Centrafrique, malgré que ce pays est le centre de symétrie de la diplomatie internationale et plus particulièrement Africaine. Bien que la Centrafrique avait envoyé un nouveau ambassadeur en la personne de Bongopassi, il faut admettre que le temps écoulé sans la présence d’un diplomate de premier plan était une énorme perte pour la politique extérieure du pays.…

Depuis l’avènement du Président François HOLLANDE à la tête de l’Etat français, la question de la politique Africaine de la France a suscité beaucoup de débat alimenté par quasiment tous les réseaux sociaux. Un véritable « buzz » comme certains spécialistes de communication lâchent fréquemment. Dès l’abord, le Président HOLLANDE voulait mettre un terme à la « Françafrique ». Cela n’a pas empêché que plusieurs pays africains changent de fusil d’épaule et s’adaptent à la nouvelle donne. L’option politique de la France vis-à-vis de l’Afrique a certes changé avec l’avènement d’un socialiste au pouvoir. En revanche l’accord de défense qui lie la France à certains pays africains demeure inchangé. L’exemple le plus palpable est celui de la Côte d’Ivoire. Nul n’ignore la relation séculaire qui existe entre le Président OUATTARA et l’ancien président Français SARKOZY. L’appui indéfectible et inéluctable du Président SARKOZY à son homologue Ivoirien n’est point un secret. D’ailleurs, le Président OUATTARA a été le dernier Président Africain reçu par le Président SARKOZY avant que ce dernier ne quitte l’Élysée. Mais il n’aura pas fallu très longtemps au Président HOLLANDE de recevoir le Président Ivoirien quelques temps après sa prise de fonction,.
Diantre, les Ivoiriens ont compris qu’avec la diplomatie agissante, une politique extérieure clairement affichée et des diplomates capables de mettre en musique tout cela, ils arriveront à atteindre l’objectif et obtenir les résultats escomptés. A cet exemple s’ajoute celui du Mali où à travers un coup de fil de l’ancien Président de la transition DIANCOUNDA Traoré au Président François HOLLANDE, la France n’a pas hésité un seul instant à voler au secours de ce pays. Mais pourquoi l’appel de pied de l’ancien Président Centrafricain Bozizé à son homologue Français n’avait-il pas été suivi d’effet ? Il faut reconnaitre qu’il existe une cause exogène et endogène à ce refus. Dans un premier temps, depuis l’arrivée du Président François HOLLANDE aux affaires, l’animation diplomatique de la République Centrafricaine en France était en dessous des standards internationaux et de la pratique des relations internationales. Aussi, les autres pays disposaient de diplomates chevronnés auprès de la France, pendant que la Centrafrique tergiversait avec un chargé d’affaires alors que l’environnement politique et diplomatie en France ne s’y prête pas. Dans un second temps, la diplomatie centrafricaine n’est pas assez percutante, persuasive, agressive et habile pour se positionner dans l’esprit des autorités Françaises. En outre, durant la crise centrafricaine certaines personnes mal intentionnées avaient caillassé l’ambassade de France à Bangui, brûlé et déchiré le drapeau tricolore sans mesurer les répercutions de cet acte sur la diplomatie centrafricaine. Bien entendu, la France a considéré cela comme un affront. Certes, le Gouvernement centrafricain de l’époque avait condamné l’acte mais la France espérait voir les auteurs punis, gage d’une relation diplomatique à la hauteur des attentes bilatérales. Dans un troisième temps, le patron de la diplomatie centrafricaine n’avait pas pu amplifier suffisamment l’appel du Président François BOZIZE. Il fallait faire du lobbying, activé les réseaux afin que l’appel du président centrafricain soit entièrement pris en compte par son homologue. Bien que le président François HOLLANDE s’était montré réticent à l’appel de son homologue centrafricain, il a cependant joué un rôle déterminant dans le dénouement de la crise. Il avait d’abord demandé que les chefs des États africains volent au secours de la République Centrafricaine. Ensuite, il avait dépêché le Président Béninois en Centrafrique pour planter les décors de la paix. Enfin, le Président HOLLANDE avait téléphoné à son homologue centrafricain pour le rassurer de la relation bilatérale et historique qui existe entre les deux pays. Mais la suite, tout le monde la connait. Il va sans doute dire que pour comprendre la politique extérieure de la France, il est indéniable d’être sur la même longueur d’onde que ce pays afin d’avoir quelquefois des réactions anticipatives. Le contraire serait absurde et inefficace. Au demeurant, la Centrafrique ne doit plus s’excuser en regardant toujours dans le rétroviseur car la continuité de l’Etat doit avoir de nos jours un sens pédagogique sinon « diplomatique ». L’éveil de la diplomatie centrafricaine doit être palpable, visible et réel. Une diplomatie percutante, agissante, persuasive donne toujours de bon fruits que tout le peuple quelque soit son obédience appréciera. Peut-être que le nouveau patron de la diplomatie centrafricaine fera rêver tout le monde. C’est possible et il faut avoir un espoir audacieux. Avec les mots, les futures autorités doivent combattre les maux de la diplomatie Centrafricaine.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

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