AU BONHEUR DE L’ÉCRITURE : « LETTRES À UN JEUNE ROMANCIER SÉNÉGALAIS » D’ALAIN MABANCKOU
Il en est des livres d’Alain Mabanckou, comme du beaujolais nouveau dont l’arrivée est définitivement une tradition festive depuis plusieurs décennies. Aussi, si dans le langage viticole, cela revient à dire que la cuvée issue des grappes récoltées dans l’année, est faite pour être consommée rapidement – et avec modération bien sûr -, s’agissant des livres d’Alain Mabanckou, il convient d’y aller sans hésitation et sans tergiversations, certes, mais non sans intelligence et lucidité.
Et voici : le Mabanckou 2023 est arrivé. Pour le plus grand bonheur des amoureux de lecture… et d’écriture.
« LETTRES À UN JEUNE ROMANCIER SÉNÉGALAIS » qui vient de paraître, faut-il le souligner, est une sublime création du cru, un excellent millésimé littéraire sur les secrets d’écriture ou l’art d’écrire.
Ainsi, du haut de sa carrière de plus en plus épaisse, mais aussi et surtout des exigences de sa célébrité conquise – posture pas toujours facile à maintenir en équilibre pérenne -, Alain Mabanckou, incontournable écrivain français francophone, et grand défenseur des peuples du bassin du Congo, continue non seulement d’assurer, mais encore de rassurer. D’une publication à l’autre. L’immense multitude des écrivains en herbe à la recherche des secrets d’écriture, ou désireux de maîtriser l’art d’écrire, de même que tous les amateurs de charmantes fictions narratives, sauront apprécier ce « petit » livre d’une grande valeur, en tant qu’il s’agit d’une invitation à un partage sincère du parcours et des expériences de l’auteur.
« Cher Alioune,
J’ai bien reçu ton courriel dans lequel tu m’exhortes à te parler de l’écriture, de mon parcours, et à te prodiguer des conseils puisque tu voudrais devenir romancier ».
Telles sont les lignes par lesquelles Alain Mabanckou débute son livre. On aurait dit, qu’il prépare le « lecteur – chercheur -d’or – et – chasseur de trésor », à découvrir au fil des pages qu’il va lire, la pierre philosophale de l’écrivain promis à la célébrité facile et sans effort.
Mais juste quelques pages plus loin, la mise en garde de Sony Labou Tansi que rapporte Mabanckou, fait perdre toute illusion, et oblige « l’ambitieux et l’imprudent » à prendre en compte certaines réalités de la vie quotidienne, et à être prêt à consentir quelques sacrifices nécessaires :
« Pourquoi es-tu si pressé de devenir écrivain ?…Tu n’as pas assez de carburant dans ta voiture, et tu veux entreprendre un long voyage », lâche en substance Sony Labou Tansi.
Ceci dit bien cela : avant que de vouloir bien écrire – et devenir écrivain – , il faut commencer par bien lire, beaucoup lire. Tout est là.
C’est d’ailleurs la résolution que le jeune Mabanckou va prendre dans un premier temps : « Je voulais être un grand lecteur comme Sony Labou Tansi, ce serait au moins une consolation à défaut de devenir écrivain ». Mais si l’on considère la suite de son parcours, la passion de l’écriture a été plus forte que lui. Et c’est tant mieux, parce qu’il est devenu le célèbre écrivain qui nous réjouit aujourd’hui.
Comme pour tous ses livres, les 19 chapitres qui forment « LETTRES À UN JEUNE ROMANCIER SÉNÉGALAIS », n’échappent pas à tout ce qui a toujours fait la beauté des oeuvres d’Alain Mabanckou : le goût de la narration et des détails, la mise en valeur des personnages secondaires, humour, écriture fluide etc.
Pour la petite histoire, Alioune, le jeune romancier Sénégalais dont parle Mabanckou n’est pas un être fictif. Ce personnage existe et il a effectivement eu des échanges avec l’auteur. Même si pour les besoins de l’écriture, certains ajustements ont être nécessaires.
Enfin, que ce jeune romancier soit un Sénégalais, n’est dû qu’au hasard et aux circonstances, car beaucoup de jeunes écrivains d’autres nationalités, se reconnaîtront aisément à la lecture de ce livre dans lequel ils trouveront très certainement des réponses à certaines de leurs questions, réflexions ou attentes.
Un livre à lire.
Bon weekend-en-livre
GJK-Guy José KOSSA.
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