EN VEDETTEGJK PLUME

CHRONIQUE D’UN SÉJOUR AU CONTINENT (Extraits II)

L’ALARME FOUINEUSE ET IMPORTUNE

Le temps passait, et avec lui, on s’approchait de l’heure du départ. L’enregistrement, le dépôt des bagages, le contrôle de police en zone réservée avaient pris fin. Maintenant, avant d’accéder au hall d’embarquement – puis à l’avion -, chaque voyageur devait passer par le contrôle de sûreté. Il consiste à ce niveau, à vérifier l’absence d’objets interdits en cabine, dans le but de garantir la sécurité des passagers, de l’équipage et du vol en général. Pour moi, cette étape cruciale avait été cruelle, puisque je risquais de ne plus effectuer ce voyage. Lors de mon passage sous le portique de détection des masses métalliques, l’alarme s’était déclenchée une première, une deuxième, une troisième, puis une quatrième fois. Quatre détections successives. Que se passait-il ? Comme les autres passagers, j’avais pourtant pris soin de me débarrasser de tous les objets et effets personnels proscrits et de les placer dans les bacs indiqués : plastique contenant les liquides de moins de 100 ml, équipements électroniques sortis de leur housse, veste, ceinture, monnaie, clés, téléphone etc. Malgré tout, l’alarme s’ingéniait à signaler une présence suspecte. À quatre reprises, j’avais dû donc me livrer à une fouille corporelle ou palpation, jambes légèrement écartées et bras en croix à la manière du Supplicié de Golgotha. L’agent de sûreté, muni de son appareil de contrôle à rayons X, m’inspectait à chaque fois minutieusement de la tête aux pieds, me tapotait le long du corps, cherchant à s’assurer que je ne transportais aucun article interdit. Stoïque, je me laissais docilement « malmené », sous les regards inquisiteurs des voyageurs dont certains avaient du mal à contrôler ou dissimuler leur répulsion. Au-dedans de moi j’étais cependant plein d’assurance, et au dehors, ne manifestais aucun signe d’inquiétude. Rien ne m’intriguait. Mais peut-on vraiment être aussi sûr de soi dans notre monde d’aujourd’hui, rempli d’ingénieux escrocs et de manipulateurs pervers, prêts à tout pour tout et même pour rien? Quelqu’un m’en voulait-il à ce point, et aurait réussi à glisser un quelconque objet quelque part, juste pour me nuire ? Je tenais à me rassuré moi-même. Il était hors de question de m’engluer dans des probabilités douteuses de mon imagination, au risque de perdre mon self-control. À mon quatrième et dernier passage sous le portique, j’étais sans chaussures. Pour autant, l’alarme ne s’était pas tu. Las de tout, j’avais alors, par dépit et par défi, lancé calmement au visage de l’agent de sûreté : ne pensez-vous pas qu’il me faut maintenant me mettre à poils avant que vous ne me le demandiez ? Le pauvre ! Il n’y était pour rien et ne faisait que son travail. Il n’avait su que me répondre ou plutôt s’était gardé de le faire. Tout bien considéré, on avait fini par m’autoriser à récupérer mes affaires. Enfin, je pouvais me diriger vers la salle d’embarquement où se trouvaient déjà les autres passagers du même vol. J’étais pressé de quitter la zone de contrôle, avant que cette cruelle alarme ne se décide à me poursuivre de sa funeste sonnerie. Quelques jours plus tard, dans ma chambre, j’étais en train de fouiller dans les habits à envoyer au pressing, quand un petit objet avait retenu mon attention. C’était certainement lui la cause de mon tourment lors de mon passage sous le portique de contrôle sûreté. C’était cet objet qui avait provoqué à plusieurs reprises le déclenchement persistant de l’alarme importune et fouineuse. J’en étais convaincu. La minuscule clé du cadenas de ma valise que j’avais été obligé de casser entretemps, avait trouvé moyen de se loger dans une poche secrète du pantalon que je portais le jour du voyage. Une cache insoupçonnable. Mais diantre ! Pourquoi fallait-il que ce fut l’alarme du portique qui se déclenchât à tous les coups, alors que le fameux appareil de contrôle à rayon X de l’agent de sécurité ne parvenait pas à localiser cette clé de malheur ? Pourquoi les agents de sûreté m’avaient-ils donc laissé quitter le point si crucial du contrôle de sûreté sans pousser plus loin leur recherche ? Avaient-ils vraiment fait correctement leur travail? Et si cette clé était une bombe miniaturisée? Ces questions que je me pose encore aujourd’hui, ne trouveront-elles jamais des réponses ?

(A suivre)

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