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REVUE DE PRESSE : LA PERFUSION FINANCIERE SUFFIRA-T-ELLE A GUERIR CENTRAFRIQUE DE SES MAUX

Sangaris et misca à Bria, binuca en voie de mutation

Atteinte de tous les maux, centrafrique se débat grâce aux resssources de la communauté internationale pour survivre, remonter la pente, sortir de ce gouffre dans lequel elle est précipitée depûis le 24 maars 2013 par la coalition des rebelles seleka enjointe par les antiballes AK. De même, les unités de commandement et de logistique se déploient à Bangui pour préparer « la montée en puissance de la force européenne ». Il s’agit pour le moment de ce qu’on appelle en terme militaire un «harpon» d’état-major.

Déploiement des troupes espagnoles

Les véhicules, remplis de soldats lourdement armés, ont quitté la base militaire de Kaga-Bandoro où sont regroupés les  éléments du contingent tchadien de la Misca, en début de semaine, selon Thomas Ndomété, maire de la ville, rapportée par RJDH, ce 11 avril 2014. Le convoi a emprunté la route qui mène vers la ville de Kabo pour atteindre le Tchad. Certains habitants de Kaga-Bandoro se disent soulagés : «   Les soldats tchadiens de la MISCA ont brillé dans la ville par la terreur ». D’autres, toutefois, inquiets d’une éventuelle attaque des anti-Balles AK contre les positions des Séléka encore présentes. Avant de partir, les éléments tchadiens de la Misca ont procédé à une vente aux enchères des matériels des particuliers stockés dans la base «  pour des raisons de sécurité et par peur des pillages » par les propriétaires. Ces biens, composés entre autres de motos et de matelas, a affirmé une source locale jointe par le RJDH au courant de la semaine.

Pendant que le contingent tchadien de la Misca s’éclipse, l’Eufor/Rca devient visible dans Bangui. Ces éléments précurseurs de la force européenne, intégrés pour l’instant aux forces françaises Sangaris, ont commencé à patrouiller dans certains quartiers sensibles de la capitale centrafricaine, a indiqué le Journaldutchad.com et autres médias ce vendredi 10 avril. La mission sera pleinement opérationnelle à la fin mai, selon le général français Philippe Pontiès, commandant l’opération.

Dans ce cadre, des sources du ministère espagnol de la Défense ont annoncé, dimanche 13 avril, le déploiement de 50 militaires et 25 membres de la Garde civile à partir de la première quinzaine de mai. Le contingent espagnol sera renforcé, plus tard, par dix autres militaires, ont ajouté les mêmes sources, selon Atlasinfo.

Les musulmans s’enfuient, les anit-balles AK s’empirent

Les musulmans s’étaient réfugiés sur deux sites à Bossangoa, dans le nord de la Centrafrique, pour échapper aux violences des milices anti-balles AK. « Plus aucun musulman ne reste à Bossangoa. Tous ceux qui vivaient retranchés à l’école coranique et au niveau de l’évêché ont quitté la ville jeudi en direction du Tchad », a indiqué à l’AFP la gendarmerie centrafricaine. « Ils ont été escortés par des éléments de la force africaine jusqu’à la frontière entre le Tchad et la République centrafricaine », a ajouté la même source à la BBC-Afrique avec l’AFP.

Alors que la tendance à Bossangoa est au retour des populations dans les quartiers, la chaine télé France 24, dans son reportage modifié le 12 avril 2014, filmé et commenté par Tatiana MOSSOT, et James ANDRE, titre « les anti-balles AK font pire que les Séléka ». La situation reste extrêmement tendue en Centrafrique, où les violences entre milices anti-balles AK et les Séléka n’ont pas cessé malgré la présence de la Misca, au lendemain de l’annonce du déploiement dans cinq mois de 12 000 casques bleus. Pour sa part, le contingent tchadien se retire, les anti-balles AK « prennent la population en otage » avec leurs moyens d’attaque rudimentaires, mais qui suffisent à intimider et à racketter les voyageurs aux barrages routiers, sur l’une des principales routes qui relie Bangui à Bossangoa, à une soixantaine de kilomètres de la capitale. L’évêque de Bossangoa, Mgr Nestor Désiré Nongo Aziagbia, qui rentre dans son diocèse, stoppe son convoi pour tenter une médiation avec les anti-balles AK et rassurer les villageois et les voyageurs. « Je sais qu’ils ont peur, explique le prélat. Ils ont mené une bataille pour la bonne cause. Mais maintenant ils font pire que la Séléka et ils prennent la population en otage ». D’autres miliciens bloquent les routes vers le Cameroun pour empêcher les fuyards musulmans de trouver refuge à l’étranger, les obligeant ainsi à prendre des chemins détournés dans la brousse. Ces réfugiés mettent parfois deux ou trois mois pour atteindre la frontière camerounaise, épuisés et affamés, ont commenté les journalistes.

Bria : théâtre de heurts entre Sangaris-Misca et éléments armés des seleka

Pendant ce temps, et selon La Presse.ca du Canada avec l’AFP depuis Bangui, de l’autre côté du pays, dans le centre-est,  « des jeunes musulmans manipulés par la Séléka, les (forces internationales) ont accueillies à coup de pierres jeudi», a indiqué un enseignant, joint au téléphone. Le capitaine Sébastien Isern, officier de communication de Sangaris à Bangui a confirmé à l’AFP que les forces internationales ont bien été pris à partie par un groupe armé malveillant. Un jeune a été tué pendant ces accrochages, selon cette source, qui n’a pas précisé les circonstances de la mort du jeune homme. Deux soldats congolais (RDC) de la Misca ont été blessés lors de cette patrouille appuyée par des militaires français, sans préciser la gravité de leur blessure. Des échanges de tirs ont eu lieu pendant 30 minutes. Il n’a rien dit sur les pertes éventuelles parmi les assaillants. Selon un employé de l’hôpital, cité par l’AFP, les forces internationales sont ensuite « tombées dans une embuscade vers 19h00 (18h00 GMT) devant l’hôpital, alors qu’ils regagnaient leur base à l’aéroport ».

« La situation est tendue », ce samedi 11 avril, a concédé un officier français. « Une partie des ex-Séléka présents dans cette ville où ils y contrôlent l’exploitation minière n’accepte pas notre présence et instrumentalise la population », poursuit la source à l’AFP rapporté par Vincent Duhem du Jeune Afrique. Un contingent de 150 hommes environ (congolais et une compagnie de Sangaris) appuyés par un hélicoptère de combat qui est arrivé début avril tente de prendre le contrôle de la ville, a précisé Afriquinfos.

La perfusion financière centrafricaine : Les enjeux sont énormes

Dans une analyse parue dans le Journal Du Dimanche (JDD), une délégation de l’Union Européenne a annoncé vendredi l’octroi d’une aide supplémentaire de 81 millions d’euros à la Centrafrique car situation économique dans le pays est préoccupante. « Nous n’avons pas de honte à dire que nous avons besoin d’être accompagnés » a déclaré la présidente de transition en Centrafrique, Catherine Samba-Panza et a remercié ces bailleurs de fond pour leur « apport inestimable ».

Toutefois, le ministre français du Développement était venu pour faire le point sur le versement du plan de 500 millions de dollars (360 millions d’euros) promis en janvier par l’Union européenne. Ces fonds doivent répondre à des urgences humanitaires mais aussi au développement. Le diagnostic de catastrophe humanitaire reste avéré. Une crise alimentaire de grande ampleur menace. L’État centrafricain est à reconstruire. Les recettes sont introuvables.

« Il faut évidemment aider les Centrafricains à remettre en place les circuits financiers » à relancer l’économie, assure Pascal Canfin, qui promet des « mécanismes de contrôle »  sur l’aide distribuée 35 millions d’euros pour ce qui concerne la France. 400 millions d’euros à dépenser par la Commission européenne pour la Centrafrique.

Dans le même ordre du mécanisme de contrôle, le communiqué du FMI n° 14/153 du 3 avril 2014 évoqué précédemment sur un accord préliminaire d’assistance financière a adopté trois repères structurels qui seront imposés à la RCA pour mesurer l’engagement des autorités dans la normalisation de la procédure budgetaro-comptable. Ce sera la finalisation du nettoyage du fichier du personnel de l’Etat, la reconnexion des applicatifs GESCO-budget et GESCO-comptabilité et le recrutement à l’extérieur du pays, d’un agent comptable central du trésor public et son fondé de pouvoir, par appel d’offre supervisé par les bailleurs de fonds.

Le Binuca s’intègre dans la Minusca

Le conseil de sécurité a décidé, le jeudi 03 avril, le déploiement d’une force onusienne par la résolution 2149, votée à l’unanimité. Plusieurs personnes contactées par le RJDH, ce samedi 12 avril, ont exprimé leur satisfaction. L’envoi des casques bleus constitue une réponse « à l’absence de neutralité qui a caractérisé certains contingents des pays voisins placés sous mandat de l’Union Africaine », pense Ambroise Zawa, un conseiller national de transition. « Certains contingents ont brillé par la partialité dans leurs opérations ». Les troupes des Nations Unies «  viendront corriger cette situation ce qui pourra rassurer tout le monde et apaiser la tension », a-t-il espéré satisfait. Idriss, un commerçant du KM5 joint au téléphone par le RJDH, déclare à ce propos que «s’ils viennent pour corriger la partialité des soldats français vis-à-vis de nous, nous les soutiendrons ». Du côté des Séléka, on attend voir avant de juger.  « L’essentiel est que ces forces apportent un mieux dans la situation du pays […] Pour le moment nous restons vigilants et prudents », a déclaré le général Abdel Kader Kalil, un des  leaders militaires des selekas, laissant entrevoir un sentiment de satisfaction, mêlé d’une certaine prudence.

Concomitamment à ces réactions diverses, Georg Charpentier, Représentant spécial par intérim du Secrétaire Général des Nations Unies en RCA, a annoncé vendredi au cours d’une conférence de presse, la fin de la mission du Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la Paix en République centrafricaine (BINUCA). Pour l’heure, le personnel du Binuca reste en place pour assurer la transition jusqu’au 15 septembre, date de transfert de responsabilités de la Misca à la Minusca, a indiqué le RJDH.

Centrafrique tourmenté de manière très brutale

Enfin dans une interview accordée à Laurent Correau de RFI et diffusée ce samedi 12 avril, Antoinette Montaigne, ministre de la Communication et de la Réconciliation dans le gouvernement de transition en Centrafrique a souligné que la décision du déploiement d’une force onusienne était « attendue avec beaucoup d’espérance » pour soulager son pays. A propos de la souveraineté de la Centrafrique, voire une mise sous tutelle du pays suite à l’arrivée des casques bleus, la ministre a évoqué qu’ « il faut être réaliste. Le pays est tombé dans l’abîme, dans l’abîme de la mauvaise gouvernance, dans l’abîme du désespoir, dans l’abîme de la violence ». La communauté internationale, à son chevet, « doit l’aider à reconstruire un espace d’espoir, un espace de sécurité, un espace de souveraineté demain renouvelés. C’est aux Centrafricains de se mettre au travail » pour rétablir la sécurité, se pardonner, se réconcilier.

Centrafrique est un « pays simple tourmenté de manière très brutale », a-t-elle déduit  laconiquement.

Joseph GRÉLA

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