Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : CENTRAFRIQUE – PÂTURAGE DES VOISINS

Anarchie bestiale emprisonnée dans le labyrinthe de la violence
On ne respecte plus rien, ni personne

En Centrafrique, l’aide humanitaire reste encore très insuffisante pour atteindre les centaines de milliers de populations déplacées ou réfugiées chez elles-mêmes. La vie de tous les jours est un combat contre la faim, les maladies de toutes sortes, les atrocités, les terreurs et contre les ennemis de la vie tout simplement. Centrafrique est devenue une zone de thérianthropie ou zooanthropie où l’homme est transformé en animal, en l’inhumain. « C’est le chaos le plus total : on ne respecte plus rien, ni personne ». Le pays demeure dans une «spirale extrêmement négative». A titre d’exemple, des tentatives de trois « grands réconciliateurs », l’évêque, l’imam et un capitaine du 8eme RPIMA de Castres à Bossangoa tournent court : Le capitaine est parti vers d’autres cieux. L’imam a fui la ville avec les derniers musulmans encore présents sous escorte des soldats tchadiens. L’évêque a, quant à lui, eu une grosse frayeur : Il a été enlèvé par des Séléka, mercredi et trois prêtres qui l’accompagnaient, en déplacement dans son diocèse au nord. Puis, tous libérés, jeudi matin, après d’intenses négociations menées par des responsables de Sangaris et de la Misca ont vu leur véhicule confisqué. Ces actes constituent, autant des signes de la naissance et des risques de la multiplication des enlèvements avec des demandes de rançons.

L’aide internationale n’arrive pas

Début avril, le secrétaire général de l’ONU, Ban-Ki Moon, a déclaré que la moitié de la Centrafrique dépendait directement de l’aide humanitaire. Pourtant, Bangui n’a à ce jour reçu que 20 % des 200 millions de dollars d’aide humanitaire promis par la communauté internationale. Ce montant s’inscrit dans le cadre d’une enveloppe globale de 500 millions de dollars, a précisé l’EurActiv.fr,  journal des actualités et débats européens, ce 23 avril.

L’aide internationale destinée à la République centrafricaine n’arrive pas à bon port, en l’absence de tout contrôle. Un prêtre en charge de la médiation s’interroge aussi sur les intérêts défendus par la France sur le terrain

Selon Aurelio Gazzera, prêtre italien, rien ne se passe comme prévu. Ces fonds humanitaires seraient « plus un problème qu’un soutien », a-t-il affirmé  à EurActiv, lors de sa visite à Bruxelles. Les aides envoyées jusqu’à maintenant méritent le « trophée de l’argent qui n’arrive-jamais-là-où-il-devrait-arriver ».« La société civile n’a jamais eu un véritable contrôle en la matière et n’a par conséquent jamais vu la couleur de cet argent » selon lui.

L’aide termine dans des poches qui n’y ont pas droit

L’aide prodiguée jusqu’à maintenant a fini « dans les poches de personnes qui n’y ont absolument pas droit  […] et qui en font don selon leur bon vouloir aux ministres, à leur famille, à leurs amis ou à n’importe qui d’autre », a poursuivi le religieux. Un contrôle des aides aurait été crucial en vue de vérifier de telles pratiques. Ce prêtre médiateur à Bozoum, et plus proches des réalités et des populations démunies, a regretté que « Les ONG, qui reçoivent ces aides n’ont pas elles-mêmes d’approches systématiques. Leurs actions profitent souvent aux élites villageoises qu’aux plus démunies. Le père Aurelio, qui tient par ailleurs un blog intitulé « En direct depuis Bozoum », participe notamment à la mise en place d’un comité de médiation de réconciliation et d’un comité des sages en vue de tenir des auditions judiciaires indépendantes.

Il n’y a aucune stratégie commune des forces militaires sur le terrain, a-t-il signalé avec amertume. Les troupes « doivent venir avec une meilleure stratégie, une organisation et des objectifs clairs, afin qu’elles ne mènent pas leurs opérations chacun de leur côté, mais ensemble », a expliqué le père Aurelio. «Elles n’ont montré aucune stratégie ou vision commune », a commenté le prêtre italien au journal l’EurActiv.fr, ce 23 avril.

La France défend avant tout ses intérêts
Centrafrique, le pâturage des voisins

Le père Aurelio a, toujours selon l’EurActiv.fr,  journal des actualités et débats européens, par ailleurs déclaré qu’il « y avait de fortes chances » que les troupes Sangaris aient été déployées pour protéger les intérêts commerciaux de la France. « Les troupes françaises n’essaient même pas de s’en cacher », selon lui.  « En principe, ils sont là pour protéger les intérêts des entreprises et des citoyens français », et alors que ce but peut être louable, « nous ne pouvons pas ignorer [la possibilité] qu’il y ait d’autres intérêts en jeu », a-t-il nuancé. La Centrafrique possède d’importants gisements d’uranium, de pétrole et d’autres minerais. Les rebelles Seleka sont suspectés de financer leurs actions armées grâce à la vente de diamants provenant des mines saisies. « La production pétrolière n’a pas encore commencé jusqu’à maintenant, mais cette possibilité existe et la Chine et la France l’envisagent », souligne le prêtre.

« Il y a également de l’uranium et la faiblesse du gouvernement permet [aux entreprises] d’avoir un contrôle plus fort sur tous les contrats et concessions en vue d’exploiter les ressources du sous-sol ».

Une partition du pays est en train de se produire de facto. Les citoyens musulmans fuient, en effet, vers le Tchad et vers le nord et l’est du pays. Par conséquent, les Seleka, qui se sont déplacés en même temps que les réfugiés musulmans, occupent maintenant des zones riches en ressources minières. D’autres pouvoirs étrangers, mais régionaux, ont également des intérêts dans l’avenir du pays, notamment dans les zones qui présentent de ressources en bois exotique et des pâturages. « Nous sommes entourés de pays qui ont de grands troupeaux, mais qui n’ont nulle part où les faire pâturer », a souligné le prêtre. « Ils ont des vues sur ces pâturages ».

Conflit difficile à affronter si nous ne faisons rien maintenant

Dans ce contexte des initiatives favorables à la réconciliation, le Nouveau Parti démocratique (NPD) à Ottawa au Canada prône l’envoi de Casques bleus en Centrafrique. Paul Dewar, porte-parole du NPD en matière d’Affaires étrangères, a pressé le gouvernement de répondre à la demande d’aide humanitaire de la part des Nations unies, affirmant que de telles missions représentent une part intégrante du rôle historique du Canada sur la scène internationale, a marqué ce mardi 23 avril 2014, La Presse.ca du Canada.

M. Dewar a déclaré que le Canadien est dans une position où il peut fournir de l’expertise militaire sur les plans de la logistique et de l’entraînement. Mais il soutient que le Canada devrait aussi envoyer des soldats qui feraient partie d’une force de maintien de la paix terrestre qui sera assemblée au cours des prochains mois, en partie parce que la République centrafricaine est un pays de langue française. Car «ce sera un conflit difficile à affronter si nous ne faisons rien maintenant», a déclaré M. Dewar. Le Canada révisait ses alternatives «minutieusement» avec ses alliées, a fait savoir, pour sa part, un porte-parole du ministre des Affaires étrangères John Baird que s.

Le journal rappelle que jusqu’à maintenant, le Canada a fourni une aide humanitaire de 16 millions $, ainsi que 5 millions $ afin de soutenir les efforts de sécurité de l’Union africaine et de la France.[]

Football centrafricain, sanctuaire ou terreau de violences

Dans son édition du 22 avril 2014, Le Parisien.fr a titré, « Centrafrique : le football n’échappe pas aux violences ». Le championnat de football de première division, taclé par la guerre civile, a repris le samedi 19 avril, après plusieurs mois d’interruption, au stade Barthélémy Boganda. Un homme, supporter et fanatique du Stade Centrafricain, dont la plupart des joueurs habitent les quartiers Nord, et notamment Boy-rabé, fief des anti-balles AK « qui assistait samedi dernier à la rencontre Stade Centrafricain (SCAF) contre Réal Comboni (autre équipe de la capitale) a sorti une grenade de sa poche et tenté de lancer l’explosif parmi les fanatiques de l’équipe adverse», a indiqué une source policière. L’incident a provoqué une « débandade des fanatiques, des officiels et des joueurs pris de panique », a souligné, mardi 22 avril, cette même source. Sa tentative a, toutefois, échoué, l’homme ne sachant pas manipuler l’engin explosif. « Des éléments de la Misca positionnés non loin de là ont été appelés à intervenir. Mais l’individu porteur de la grenade a réussi à s’enfuir», a précisé la source.

Le stade Barthélémy Boganda, conclut le journal, avait, déjà, connu l’an dernier un premier incident qui avait entraîné l’arrêt momentané des compétitions, après l’irruption des Séléka armés sur le terrain pendant un match de championnat junior. Et pourtant le 20 mai prochain, l’équipe centrafricaine de football affrontera une équipe de Bretagne en France, menée par de nombreux joueurs de Ligue 1, à Vannes,  pour un match de solidarité afin de renouer les bonnes relations entre les différentes communautés.

Multiplier les contacts et promouvoir la réconciliation

Pendant ce temps, à Genève, en Suisse, ce 23 avril 2014, dans un communiqué diffusé par la radio Africa n°1, l’Experte de l’Onu, Marie-Thérèse Keita-Bocoum a exhorté le gouvernement à multiplier les contacts avec les populations et à promouvoir la réconciliation intercommunautaire au-delà de la capitale, en proie aux violences et aux barbaries. « Les violations des droits de l’homme continuent en République centrafricaine, même si on en dénombre moins. La menace que représentent les anti-Balles AK et les Seleka continue de peser tant sur la capitale que sur le reste du territoire national », a observé l’Experte indépendante. « Malgré les efforts déployés par les forces internationales, le sentiment de l’insécurité par les populations en particulier la communauté musulmane est telle que certaines partent ou demandent à partir, ce qui rend plus qu’urgent le renforcement des mesures de sécurité », a-t-elle poursuivi, selon le communiqué diffusé par African Press Organization (APO). Mme Keita-Bocoum a pu, lors de cette 2ème visite, recueillir des témoignages et des informations auprès de la population, de la société civile, ainsi qu’auprès des autorités politiques, nationales, locales et religieuses, à Bangassou et dans les quartiers sensibles de Bangui. Elle a évalué la situation des droits de l’homme, tout particulièrement à l’intérieur du pays, et  s’est informée des initiatives locales en faveur de la sécurité, de la paix et de la réconciliation intercommunautaire.

Selon Africa n°1, l’Experte indépendante a, cependant, fait valoir qu’« en l’absence de sécurité pour les magistrats, d’infrastructures adéquates et de sécurisation des lieux d’audience et de détention, il serait difficile de lutter effectivement contre l’impunité ». Elle a appelé le gouvernement à prendre toutes les mesures nécessaires au déploiement des administrateurs locaux (préfets et sous-préfets) pour contribuer à rétablir l’autorité de l’état à l’intérieur du pays.

Renouvellement du soutien du Burundi à la Centrafrique

Quant à La dépêche diplomatique Afrique, elle s’attarde, ce mercredi 23 Avril sur la visite de quelques heures à Bangui, en provenance de Somalie, du président burundais Pierre Nkurunziza. « Nous sommes venus à Bangui pour apporter un message de soutien du peuple burundais au peuple centrafricain. Et que le Burundi est et restera toujours ensemble avec la Centrafrique », a –t-il déclaré au correspondant du journal précité, Francois Ndiaye. Le président burundais a profité de sa visite pour remonter le moral des troupes burundaises déployées sur quatre sites en Centrafrique à des fins de maintien de la paix et pour examiner avec Mme Samba-Panza, présidente de transition, les moyens de renforcer les liens de coopération entre la RCA et le Burundi.

Le Burundi restera toujours aux côtés de la Centrafrique en vue de lui apporter, aux plans militaire, politique et moral, le soutien apte à lui permettre de surmonter la crise qu’elle traverse, «  le Burundi est présent à côté de la RCA en y envoyant ses troupes pour soutenir le peuple centrafricain et nous savons, chaque chose à son début et sa fin », a rassuré, en substance, M Nkurunziza.

En Centrafrique, le Burundi ne restera pas sempiternellement … Chaque chose à son début et sa fin…

Joseph GRÉLA

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