MOTS CONTRE MAUX: LA RÉCONCILIATION, UNE FIGURE IMPOSÉE POUR LA RECONSTRUCTION NATIONALE ?
Qu’à cela ne tienne, les linges sales se lavent en famille. La Centrafrique doit absolument écrire une nouvelle page de son histoire. Bien que l’histoire refasse régulièrement les plats dans le pays, le moment est plus que jamais arrivé pour que la hache de guerre soit définitivement enterrée. C’est dans cette optique que les protagonistes de la crise actuelle doivent s’accorder pour jeter les bases de la réconciliation nationale. Déjà, certains Centrafricains se demandent si cette plate-forme de réconciliation tant souhaitée n’accoucherait-elle pas d’une souris? Surtout lorsque l’on sait que les dénouements des crises à répétition en Centrafrique engendrent encore d’autres sources de conflits…
Quels sont les pesanteurs sociales qui font qu’une crise solutionnée dans le pays donne naissance à un autre conflit beaucoup plus complexe? Dans un premier temps, il y’ a lieu de reconnaître que les hommes politiques véreux se saisissent souvent du dialogue comme une aubaine pour s’offrir une place au soleil. En d’autres termes, ils s’emparent de la rencontre comme un tremplin pour le « partage habituel du gâteau » au détriment du peuple. Dans un second temps, le peuple pense fréquemment que le mode opératoire des hommes politiques centrafricains s’est toujours simplifié par l’équation suivante:
Crise X Dialogue / Intérêt personnel = Partage du gâteau.
Ainsi, les coups d’états, rébellions, mutineries, impasses politiques etc…donnent souvent lieu à des foras (Dialogue National, DPI etc…) dont le résultat reste toujours un partage très efficace du gâteau.
A priori, cette énième table ronde doit être une opportunité pour que tous les acteurs impliqués dans la crise rabattent entièrement leurs cartes afin que le lit de la réconciliation soit sobrement dressé.
Compte tenu du caractère contextuel de la crise, il est impérieux que le pays organise une table ronde exceptionnelle qui soit profitable au peuple centrafricain. Peut-être que la rencontre permettra de lancer le pays vers un processus de démocratisation participative concrète et non approximative. A dire vrai, l’idée concoctée jusqu’ici est la tenue d’une table ronde inhabituelle dénommée: » Forum du Pacte Républicain ». Ce forum pourra produire dans ses résolutions un arsenal de valeurs morales et contraignantes pour toutes les forces vives de la nation. L’effet le plus innovant du forum est le caractère solidaire, collectif et obligeant de ses résolutions. Puisque les causes des multiples crises sont connues, la particularité de la plate-forme résidera dans la résolution finale qui engagera certainement toutes les forces vives de la nation. Il va sans dire que cette résolution pourrait faire office d’un plan d’action pour le prochain quinquennat.
Généralement dans les autres plates formes d’échanges, une fois que les assises sont terminées, les participants ont certes le sentiment d’un travail accompli mais ne sont plus impliqués pour la mise en œuvre des résolutions. Souvent, seul le Gouvernement, de manière unilatérale cherche à mettre en application ces résolutions issues de la rencontre. Par contre, dans le forum du pacte républicain que nous soutenons, à la fin des assises, tous les participants devront s’engager, pour le respect scrupuleux des résolutions de ladite table ronde. Dans la mesure du possible, tout le monde doit avoir une part de responsabilité. Si le forum ne parvient pas à résoudre en profondeur la crise actuelle, il nous reste qu’à utiliser les mots contre tous les maux qui gangrènent la société centrafricaine.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste
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