Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : CENTRAFRIQUE – DES ACTES GRATUITS A L’INFAMIE

De l’assassinat de la photojournaliste aux personnes brûlées vives
Nous refusons de prendre part à l’ignominie des groupes armés

Depuis 25 décembre 2012, date de la prise de la ville Kaga-Bandoro par la rébellion seleka, en passant par la prise du pouvoir à Bangui le 23 mars 2013 jusqu’aujourd’hui, la Centrafrique a battu tous les records de l’ignominie humaine. Elle a mis en lumière sa propre lâcheté et sa mauvaise foi à travers une infamie illimitée, une négation de la vie.

 De l’ignominie humaine, de l’état de dégradation humaine, une saleté répugnante, une laideur hideuse, un Grand Déshonneur, de la déchéance sociale, une fadeur appétit de la honte, les mots manquent pour qualifier, classer le film des horreurs en Centrafrique. Ce qui est certain, la vie humaine est réduite à quia et l’homme est devenu un minus habens.

Centrafrique porte la marque de la pourriture

Malgré le soutien des Français à l’intervention française en Centrafrique, ce pays de coups d’Etat, jalonné de rébellions et des mutineries sombre encore dans les violences et les tueries.

Selon Le Parisien.fr, publiée le 13 mai 2014, un sondage Ifop du mardi pour l’Edition du soir du journal Ouest-France, 48% des personnes interrogées se disent « tout à fait favorables » ou « plutôt favorables » à l’intervention des troupes françaises en Centrafrique, contre 42% en février dernier. Les auteurs de l’étude expliquent ce soutien croissant « par l’absence de nouvelles pertes parmi les troupes françaises engagées sur place mais aussi par la recrudescence des violences (c’est-à-dire pendant la réalisation de l’étude) de plus de deux cents lycéennes dans ce pays et dans la région, en particulier avec l’enlèvement la semaine dernière au Nigeria par l’organisation terroriste Boko Haram ».

Dans ce contexte, d’animosité profonde, le Tchad a annoncé la fermeture « hermétique » de ses frontières avec la Centrafrique. M. Déby a promis, selon la Libération avec l’AFP, du 12 mai, « d’augmenter substantiellement le nombre des forces de défense et de sécurité dans la zone frontalière pour mieux sécuriser la population», selon le site de la présidence. Ainsi «Tout Tchadien qui désire rentrer chez lui avec ses biens, nous lui ouvrirons grandement la frontière. Mis à part ce cas précis, personne n’est autorisé à franchir cette frontière jusqu’à ce que la crise centrafricaine soit résolue», a-t-il ajouté dans le communiqué publié par le journal.

Ils ont pourchassé et capturé certains habitants
13 personnes brûlées vives

Sous le voile de l’ignominie, les exactions prennent diverses formes et ne finissent pas de ravager la Centrafrique en proie au chaos. La mort, à chaque coin des sentiers des villages, encercle les habitants.

Les médias de la presse écrite dont le Figaro et RFI, en sont témoins. Ils ont annoncé hier soir 13 mai, la mort de 13 personnes brûlées vives par des « des hommes armés assimilés aux Séléka et aux Peuls armés ont attaqué le village Dissikou dans la région de Kaga Bandoro, dans le centre du pays, samedi dernier[…] Ils ont pourchassé et capturé certains habitants, dont 13 d’entre eux ont été rassemblés de force dans une maison à laquelle les assaillants ont mis le feu après avoir barricadé les sorties », selon une source de la gendarmerie à Bangui, a relayé la Libération et le Monde.fr. « Un habitant qui tentait de s’échapper par une fenêtre a été criblé de balles. Toutes ont péri carbonisées par l’incendie de la maison», a poursuivi la source. Mais un responsable des seleka a affirmé, pour sa part, qu’ils « ne s’aventurent plus depuis longtemps » dans cette région, affirmant qu’il s’agissait de «peulhs, dépossédés de leurs bêtes par les anti-Balles AK et les villageois, qui mènent des représailles». Toutefois, a précisé la source à L’EXPRESS.fr, au Parisien avec l’AFP, que « de nombreux autres habitants ayant réussi à prendre la fuite, sont arrivés horrifiés à Kaga Bandoro, où ils ont trouvé refuge à la cathédrale Sainte Thérèse ».

La situation est vraiment dramatique
Camille Lepage, photojournaliste est assassinée

Cette violence qui ne choisit pas sa proie a rencontré sur son passage la française Camille Lepage, une photojournaliste en reportage en Centrafrique, a annoncé, mardi 13 mai, l’Elysée. Le Monde.fr avec AFP et Reuters, Camille Lepage, âgée de 26 ans, native d’Angers, s’était installée au Soudan du Sud en juillet 2012 avant de rejoindre la Centrafrique. Elle collaborait avec de nombreux titres de presse, notamment Le Monde.

« La dépouille mortelle de Mme Lepage a été trouvée lors d’une patrouille de la force Sangaris, à l’occasion d’un contrôle effectué sur un véhicule conduit par des éléments anti-balles AK, dans la région de Bouar » à l’ouest du pays, près de la frontière avec le Cameroun, a indiqué la présidence française qui a assuré « Tous les moyens nécessaires seront mis en œuvre pour faire la lumière sur les circonstances de cet assassinat et retrouver les meurtriers de notre compatriote. Le chef de l’Etat a demandé l’envoi immédiat sur le site du drame d’une équipe française et de la police de la force africaine déployée en RCA.»

Dans La Croix de ce lundi soir 13 mai, Wilfrid Estève, un des responsables de la plateforme de diffusion Hans Lucas, a ajouté à l’AFP sans plus de précision, que la jeune femme menait ces derniers temps « un travail en profondeur sur un groupe armé » en l’occurrence les anti-balles AK, avec lesquels, dans la dernière photo publiée sur son compte Instagram, le 6 mai, elle voyageait depuis Berbérati, à 250 kilomètres au sud de l’endroit où sa dépouille a été retrouvée.

En décembre 2013, elle avait envoyé un mail à Libération : «J’espère que vous pourrez reparler très rapidement de la Centrafrique, la situation se dégrade de facon très très inquiétante. La situation est vraiment dramatique » s’est rappelé  Jany Bianco-Mula, du service photo de Libération, d’une fille « toute fraîche, très calme, très professionnelle. Super organisée, souriante. Une petite pépite » a regretté le journal.

Seleka : Nouvelle organisation militaire et organigramme politique

Selon les Réseaux des Journalistes des Droits de l’Homme (RJDH) du 10 mai, les Séléka, réunis à Ndélé, pour un congrès ont mis en place une nouvelle équipe composée de plus de 20 personnes et trois entités que sont l’état major piloté par Joseph Zoudeko, les services de renseignements par Issein Zackaria et les opérations par Ali Djaraf. « En plus des trois principaux services, ont rapporté les RJDH, les congressistes ont élu six conseillers militaires, deux porte-paroles et deux responsables de la santé. Il était prévu qu’à la fin du congrès, la coalition désigne son représentant politique. » La Seleka s’est choisi un nouveau chef militaire pour tenir les hommes sur le terrain : « Il y a certains éléments qui se disent Seleka et qui font des exactions, qu’ils arrêtent avec leurs exactions. A partir d’aujourd’hui, nommé chef d’état-major, je vais regrouper les hommes par site, comme cela, ils seront contrôlés », a expliqué le général Joseph Zoundeko, originaire de la Vakaga.

Selon des informations de source anonyme relevées par La Press Afrik, la nouvelle équipe des Séléka sera basée à Bambari dans le centre du pays, plus commode pour avoir l’emprise nécessaire sur les troupes, espérant ainsi établir une chaîne de commandement clair, recenser et cantonner les hommes.

Des militaires français ont assisté aux discussions de Ndélé, a annoncé RFI et mentionné par Press Afrik et Ibrahima Mansaly, ce lundi 12 Mai 2014,  tout comme les représentants du gouvernement de transition. « Nous avons tout intérêt à ce que ces groupes éparpillés se réunissent », a expliqué à RFI un acteur du processus de réconciliation.

«Désormais, le nouveau chef d’état-major sera comptable des actes de ses hommes sur le terrain », a estimé un responsable Seleka. La remise en ordre de la Seleka sur le plan militaire et la création d’une entité politique embryonnaire interviennent alors que la présidente Catherine Samba-Panza se prépare à un remaniement annoncé de son gouvernement dans lequel la Seleka se plaint d’être sous représentée, a commenté RFI.

Désarmement et de démobilisation

Quant à Afriquinfos avec l’agence de presse Xinhua, il revient ce lundi 13 mai sur « la nécessité pour toutes les parties prenantes dans le pays d’accorder la priorité aux efforts de désarmement, de démobilisation et de réinsertion des combattants ». La MINUSCA, depuis New York, a déclaré « suivre avec attention les discussions des Séléka tenues à Ndélé, dans le nord du pays. Elle relève tout particulièrement leurs discussions relatives à leur participation au programme de désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) et la mise en place d’une coordination politique. »

Par ailleurs selon M. Le Drian, le président mauritanien « envisage de contribuer à la mission d’opérations de maintien de la paix décidée par les Nations unies » ont recueilli Afriquinfos avec Xinhua, à propos de la situation en Centrafrique.

Le trou de la fortune : On tue pour des paillettes

Jeune Afrique avec l’AFP dans leur reportage du  11 mai ont signalé la situation des jeunes du village de Gaga et de sa mine d’or. Les enfants ont abandonné l’école pour l’exploitation d’or […] « car ça donne beaucoup d’argent » a assuré à l’AFP, Dieu Béni Gueret, un gamin de 12 ans affairé à creuser un trou dans la terre sableuse de Gaga, à 200 km au nord-ouest de Bangui. Hommes, femmes, enfants: à Gaga, petite localité de l’Ouest de la Centrafrique, tout le monde vit de l’exploitation artisanale – et clandestine – de l’or, qui suscite la convoitise des bandes armées qui rôdent dans la région, a indiqué l’AFP. « L’or que nous cherchons, (c’est) pour améliorer le niveau de notre vie », a expliqué un orpailleur, Daniel Aristide Dedanga.

Mais depuis le début du conflit, quand les Séléka ont pris brièvement le pouvoir à Bangui de mars 2013 et janvier 2014, « nous n’arrivons pas à bien travailler », regrette Socrate. « Pendant qu’on travaille, les gens viennent tirer sur nous on est obligé de fuir dans la brousse ».

Dans cette région bien touchée par les affrontements armés, l’or est le nerf de la guerre. Aujourd’hui, ce sont les anti-balles AK qui achètent l’or aux habitants de Gaga, pour les revendre aux quelques acheteurs venus de Bangui, qui osent encore prendre les routes déchirées par les violences où rôdent coupeurs de routes, milices et rebelles.

Maintenant encore les violences laissent de nombreux stigmates dans les villages saccagés, détruits. Des milliers de maisons sont en ruines, incendiées, et des familles entières s’entassent sous des tentes de fortune. Et la saison des pluies…

 Joseph GRÉLA

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