Chronique de GJK

CENTRAFRIQUE SANS PRESIDENT

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, reconnaissons que depuis au moins le coup d’état contre le régime de Patassé en 2003, la RCA, jusqu’à ce jour, n’a plus en réalité eu de Président, Chef de l’Etat. Bozize et Djotodja étaient plutôt des « chefs de guerre », qui ont conquis le pouvoir par la guerre, ont dirigé en chef de guerre, et ont été chassés, l’un par les armes, l’autre à cause des larmes. La nature ayant horreur du vide, le vide du fauteuil présidentiel centrafricain, une fois comblé, depuis plusieurs mois, le fauteuil n’en paraît  pas moins désespérément vide.

En effet, trois fonctions régaliennes au moins, quel que soit le type, la nature, le genre ou la couleur du régime en place, fondent et justifient l’existence du Chef de l’Etat qui  doit :

–  Incarner et symboliser l’unité nationale.
–  Etre le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national et du respect des engagements internationaux.
–  Etre  le Chef Suprême des Armées.

Ces fonctions, me semble-t-il, ont été reprises par la Chartre Constitutionnelle qui régit la transition actuelle en Centrafrique ; à moins qu’entretemps, un autre texte ait été adopté à la dérobée ; car, dans cette République téléguidée et télécommandée d’ailleurs, il n’y a rien de négatif qui soit impossible à réaliser.

Ceci étant, dès l’instant où l’institution de Président, c’est-à-dire la  personne censée remplir les fonctions fondamentales de Chef de l’Etat, telles qu’énumérées ci-dessus, est dans l’incapacité, non seulement de les assumer mais encore et surtout de les revendiquer, peut-on encore l’honorer, du titre républicain de Président, Chef de l’Etat ? Ce n’est là qu’une simple question.

Être Président, c’est au nom et pour l’honneur de son peuple, se résoudre à ne pas être une coquille vide ;  mieux encore, c’est ne pas se réduire à n’inaugurer que les chrysanthèmes, pour le plaisir d’on ne sait quel donneur d’ordres et de leçons ! Là ce n’est que mon opinion.

Je suis Centrafricain et tout ce qui est centrafricain ne m’est point étranger ! Aussi, je me refuse à croire qu’il existe effectivement, un Chef de l’Etat en Centrafrique actuellement. La RCA est sans Président, sans exécutif, et personne ne peut le dire autrement. Jusqu’à preuve du contraire, je jouis encore de toutes mes facultés physiques et mentales. Et quand, ne fut-ce que par peuple interposé, l’on n’entend pas la Présidente, ne la vois pas, et ne la sens pas, pourquoi voulez-vous absolument faire croire qu’elle existe ? Non, le bateau RCA est sans capitaine ou alors, ce capitaine a débarqué avant le naufrage imminent, abandonnant ainsi à bord du navire, ses 4.000.000 de passagers qui ont déjà perdu 500.000 des leurs !

Après le fameux congrès de la Séleka, réuni à Ndélé en fin de semaine dernière, et la déclaration de guerre, clairement notifiée à Mme Samba-Panza, j’ai, jusqu’au moment où j’écris ces lignes, espéré et cherché à lire ou à entendre, une réaction de la Présidence de la transition ; réaction surtout à la hauteur de l’outrage, et du crime contre la République Centrafricaine et les Centrafricains. Rien. Sinon, je prie tout compatriote informé d’une telle réaction souhaitée, de bien vouloir m’en faire part. En ce qui me concerne, c’est vraiment dépité, que j’ai trouvé ces quelques lignes sur le site de radio Ndéké Luka :

« La Présidence de la République pour la direction politique et non l’état-major de la Séléka…La mise en place de l’état-major de l’ex-coalition Séléka, suite au congrès tenu vendredi dernier à Ndélé dans le Bamingui-Bangoran, soulève des réflexions au niveau de la présidence et de la société civile...La Présidence de la République relève avoir toléré le congrès de la Séléka à Ndélé, juste pour avoir un interlocuteur avec qui discuter des problèmes politiques concernant le mouvement. Elle ne comprend pas pourquoi le congrès de Ndélé a donné lieu à la mise en place de l’état-major comme l’explique le ministre conseiller porte-parole de la présidence de la République, Docteur Clément Anicet Guiyama Massogo : « Fondamentalement, c’est la direction politique qui nous intéresse. Quand on parle d’état-major, c’est une armée dans un pays. Est-ce qu’on peut avoir deux états-majors dans un pays ? A quoi répond la volonté de Séléka d’établir un état-major dirigé par des militaires ? Allant dans le sens de la réconciliation entre les Centrafricains, ce que nous attendons au niveau de la présidence, c’est une direction politique qui peut valablement poser et défendre les revendications de son mouvement », a noté le porte-parole de la présidence de la République. »
http://www.radiondekeluka.org/politique/item/19351-la-presidence-de-la-republique

Je ne suis pas personnellement un politique, ni un être suffisamment inintelligent pour comprendre ceux qui roulent les autres dans la farine. Mais de grâce, chers compatriotes, une fois que l’on a dit ce que la Présidence a dit, quelles mesures vigoureuses a-t-on prises ? Qu’a-t-on expliqué et décidé pour le peuple par rapport à tous les points soulevés par la Séléka, et repris dans l’article  « La déclaration de guerre de Seleka » ? https://www.lesplumesderca.com/rca-declaration-guerre-seleka/

Curieusement, le vendredi 9 mai 2014, pendant que la Séléka dégainait ses armes à Ndélé, le Premier Ministre (PM) Chef du Gouvernement, s’épanchait devant le CNT sur les trois points suivants :

1-  Le PM a reconnu le déficit de communication de son gouvernement : Ceci expliquerait-il cela ? Le déficit de communication étant le mode de communication de l’exécutif, il est alors aisé de comprendre le service minimum fourni par le parte-parole de la Présidence de la République.

2- Sur la question de l’insécurité : le Premier ministre André Nzapayéké a fait savoir que le gouvernement a mis en place un comité regroupant les responsables de la Mission Internationale de Soutien à la Centrafrique (MISCA) et ceux de la mission militaire française en Centrafrique Sangaris de se retrouver momentanément en vue d’évaluer l’ensemble de la situation sécuritaire dans le pays : Je remarque au passage, qu’il n’est pas question d’une institution centrafricaine dans ce comité. Dont acte. Ce jour même du vendredi 9 mai 2014, les Sangaris assuraient la sécurité des faux congressistes de Ndélé.

3-  Au sujet de la question du réarmement des Forces Armées centrafricaines (FACA), le Premier ministre a porté à la connaissance des conseillers nationaux que les négociations sont en cours avec la communauté internationale en vue de sa reconstruction : ces négociations aboutiront-elles après la victoire de la Séléka ?

A la communauté internationale dont il est question ici, osons poser simplement les questions de savoir : en quoi l’occupation des zones nord-est de la RCA par la Séléka, et l’installation d’un commandement militaire, participent-elles de la paix et de la réconciliation ? Il est certain que ce ne sont pas les FACA qui pourront déloger d’ici-là la Sélaka. Ainsi donc, la Communauté internationale qui ne pourra pas non plus livrer bataille contre cette Seleka qu’elle aide à s’installer, ne s’apprête-t-elle pas à prendre acte de la partition ?

Enfin, Mme Samba-Panza dans son discours prononcé  le Vendredi 28 Février 2014 à l’Archevêché  de St Paul à Bangui, précisait : « ..les objectifs finaux de cette transition, consistent à l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles pour permettre le retour de l’ordre constitutionnel rompu depuis le 24 mars 2013. ».

On aurait bien aimé l’entendre le dire et répéter très souvent.

Décidément, la Centrafrique rend fou. Et des centrafricains, effectivement fous, tiennent à rendre fous, ceux qui ne sont pas du tout fous, et ceux qui ne sont pas encore totalement fous.

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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