À vous la parole

POÈME: PRÉSIDENTS CENTRAFRICAINS…QUELLE LETTRE ?

Je suis la lettre « A », la première lettre de l’alphabet français.
Je suis sûr de moi et j’ai confiance en moi
Sans la moindre pensée de savoir que tout le monde
Ne pense pas comme moi, et ne peut pas accepter venir après moi.
Cela m’a valu de l’incompréhension totale.
J’ai beau essayé de me faire comprendre
Personne ne m’a compris, et c’est trop tard.
Pour les anciens techniciens supérieurs de la santé de Brazzaville, je suis Abel GOUMBA.

Je suis « A’ », du nom que me donnent les mathématiciens
Même avec mon point sur le côté, je ne suis pas moindre que « A ».
A dire comme les gens aiment le dire ; ce qui serait vrai,
Le service m’a été demandé ; ce à quoi je ne m’y attendais pas.
J’ai rassemblé ceux de mon âge et de la même carrure que moi.
Un matin, convaincu que personne n’était au courant de rien,
J’ai parlé fort, et surpris tout le monde en disant mon nom.
Les généraux centrafricains savent qui je suis : André KOLINGBA.

Je suis « A’’ », ce sont les mathématiciens qui font ces classements que je déteste.
Je ne devrais pas venir après « A’ ». C’est un mauvais classement.
J’ai été longtemps aux affaires et j’ai acquis beaucoup d’expériences.
J’ai vu que les choses allaient très mal, et qu’en dehors de moi
Personne ne pouvait rien faire. J’ai mobilisé un grand nombre de personnes
Qui m’ont désigné l’homme de la situation, capable de faire endormir tout le monde
Quand je parle. Oui, c’est la vérité, c’est bien moi, personne ne peut croire le contraire.
Les ouvriers de la ferme « La Colombe » m’appelaient Ange Félix PATASSE.

Je suis « B », la seconde de l’alphabet. A voir ce que je vaux,
C’est moi en principe le premier de cette liste.
Mais, au nom de l’amour, je ne fais pas de guerre pour ces choses.
On me classe deuxième, mais le monde sait que c’est moi le premier.
J’ai crié justice, prôné l’unité, la libération par le travail pour s’assurer
Une véritable dignité, gage du respect à la vie.
Je suis parti très tôt, mais jamais oublié.
A Grimari, on se souvient encore de moi, Barthélemy BOGANDA.

Je suis « C », la troisième de l’alphabet. Je n’ai pas de concurrent
Et ne concurrence personne. J’ai beaucoup de respect pour mon aîné « B ».
C’est arrivé ce qui est arrivé, et vous le savez autant que moi. Je l’assume.
En effet, je ne suis pas une inconnue. J’ai fait mes preuves.
J’ai beaucoup parlé de justice à des occasions où il faillait parler de justice.
Il est arrivé ce jour où tout le monde m’a dit c’est toi. C’était à un point de non-retour.
Alors, j’ai dit : « Si c’est moi que vous cherchez, me voici ; prenez moi, et laissez les autres ».
Les collègues juristes disent, la main à la bouche : Eh, Catherine SAMBA PANZA !

Je suis « D », la quatrième qui vient après « C » selon notre classement.
Tout au début de l’histoire, j’ai été hissé au rang des grands.
J’ai acquis la maturité par l’exercice de ma charge.
Ça n’a pas empêché d’autres de crier mon incapacité à influencer.
Ils m’ont balayé du revers de la main, et ont pris ma place.
Mais les plus forts m’ont rendu plus fort que le plus fort de ce temps.
Je suis redevenu le plus fort. J’ai délié les langues et ouvert le chemin.
Les anciens directeurs des écoles m’appelleront encore David DACKO.

Je suis « F », sixième de la liste. Je ne devrais pas être là.
Mais « E » ne semble pas se décider. Alors comptant sur les miens,
Je me suis dit : Je peux. Et j’ai tout essayé en pensant ne pas aller très loin.
C’était un jeu de légitime défense. Je me suis éloigné de la gueule du loup,
Je me suis fait pousser des cornes robustes, le loup s’est enfui.
Je me suis rappelé la fable de La FONTAINE « la raison du plus fort… »
J’ai gardé les agneaux, en étant un loup comme disent les mauvaises langues,
Alors que les classes de l’école des officiers de Bouar me connaissent, François BOZIZE.

Je suis « J », dixième dans l’ordre, mais connu et craint de tous.
Je suis un guerrier, et n’accepte pas des hommes à l’allure de femme.
De courage et bravoure, ils en ont point, et fuient devant les menaces.
D’un coup de pied, j’ai envoyé se promener celui qui jouait à ces jeux.
J’ai joué au chien de garde. Je pouvais mordre un indiscipliné,
Sans accepter qu’un autre vienne mordre sur mon territoire.
Je combattais dur pour défendre ce principe.
On me connait même au-delà de nos frontières, Jean Bédel BOKASSA.

Je suis « M », treizième dans notre ordre de classement.
Loin dans la hiérarchie, je n’ai jamais pensé arriver si vite en tête de course.
J’étais au service de « F », mais je me suis vite aperçu de sa plus grande naïveté.
Il a toujours été très gentil avec qui il voudrait être gentil, mais pas très prudent.
J’ai appris la bonne leçon qui m’a permis de faire mon entrée en jeu.
Je savais comment jouer avec lui. Tu lui joues une carte que tu sais d’avance
Qu’il ne va pas rejouer. Tu récupère la situation, et tu cries son manque de sérieux.
Pour ces genres de jeux, « F » me connait maintenant, Michel DJOTODJA.

Comme dirigeants, la Centrafrique dresse une longue liste
Des hommes et des femmes, des militaires et des civils,
Des populaires et des impopulaires,
Ils se sont accaparés du pouvoir que le peuple leur a confié
Ils ont servi la nation ou servi leurs régions, leurs parents.
Le peuple meurt, le pays aussi, sous l’œil impuissant de ses fils.
Tous ceux qui peuvent respirer encore crient RECONCILIATION.
Alors, à quelle lettre de l’alphabet, le prochain tour ?

Pascal TONGAMBA
L’Homme aux cheveux blancs

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