Libre opinion

MANŒUVRES POLITIQUES DE RAISON OU PASSION DÉRAISONNÉE

Par Joseph GRÉLA

En Centrafrique, les manœuvres politiques ont commencé. Les manipulations aussi et surtout au détriment du paisible peuple qui, de prime abord, devrait être défendu. Ci et là, dans les ministères et les maillons de l’administration publique, les agents s’activent à connaître les opinions des uns et des autres sur les probables personnalités susceptibles de se proclamer candidats. Dans cette situation, les oreilles sont tendues vers les bruits des couloirs et les yeux rivés sur les réseaux sociaux, les fake news et les trolls. La conduite du pays est ainsi reléguée au second plan.

Á cet effet, l’air politique à Bangui devient oppressant et comparable à une boule puante surtout à l’approche de cette course à la présidentielle et aux législatives. Les acteurs politiques excellent de stratégies malhonnêtes pour éliminer dès le départ de la compétition les susceptibles « gros candidats » des partis comme Michel AMINE pour l’UNDP, Faustin-Archange TOUADERA pour le MCU, Martin ZIGUÉLÉ pour le MLPC, François BOZIZÉ pour le KNK, Anicet Georges DOLOGUÉLÉ pour l’URCA, Désiré Nzanga Bilal KOLINGBA pour le RDC et Karim MECKASSOUA l‘indépendant.

Or en Centrafrique, l’expérience a montré que le pouvoir est toujours vainqueur des élections. Les programmes et les longues listes des engagements ne servent pas et ne se sont jamais imposés dans les urnes, mis à part l’élection de Patassé contre Kolingba en septembre 1993 grâce aux menaces de la France. On connait la suite.

Ce climat toxique met en branle les lieutenants de Touadéra qui s’initient à l’occupation progressive des lieux et multiplient les manèges en coulisse, la délation tendant à « tuer dans l’œuf »   certaines personnalités connues capables de concurrencer vivement ou de battre le candidat du pouvoir bientôt sortant.

Quelques scenarii suivant éclairent :

  • Considérant l’accointance de Meckassoua aux groupes armés vraisemblablement acquis et son appétence dévolue pour le pouvoir, il espère se hisser par tous les moyens au pouvoir. Les rumeurs de son union supposée ou avérée au candidat du KNK (Bozizé) semble être, à l’avis des observateurs de la politique centrafricaine, une chimère. Chacun trouvera son chemin le moment venu, même s’il faut notamment consentir à s’entendre comme le veut, la politique, avec le diable pour obtenir ses fins. Ce mariage se moque du peuple centrafricain. Mais à titre de rappel, la Justice est aux portes des deux personnalités malgré le retour annoncé de Bozizé.
  • D’un côté, les manipulations, les tribulations et les agitations de Dologuélé n’effraient personne. Son leitmotiv tournant autour « Tout sauf Touadéra » est une stratégie de terre brûlée qui accouchera d’une souris ; les 18 partis acquis à sa cause n’étant que des partis dits « bras cassés » ou des « chercher à manger » dépourvus de militants, d’adhérents, hormis le RDC et le MLPC. Dologuélé et ses colistiers s’entrainent sur le terrain de l’amateurisme politicien pour tenter d’impressionner ou de fabriquer des opinions éphémères. L’histoire politique de Centrafrique est prolixe à ce sujet. Cette agitation mercantile ne peut faire tanguer la pirogue Touadéra en apparence bien équilibrée dans les petites vagues de l’Oubangui.
  • De l’autre, Touadéra reste le probable candidat susceptible de gagner avec les appuis de ses alliés russes excellents dans la manipulation d’opinions et des résultats des urnes comme faisait la France en faveur des anciens présidents centrafricains. Aussi, Touadéra et les responsables du MCU sont rassurés de survoler les prochaines élections grâce aux groupes armés avec lesquels le pouvoir entretient des relations du « donnant donnant». Aucun leader de ces groupes armés ne concourra pour la présidentielle, tant Touadéra leur assure soutien financier et tant leur laisse le mouvement les zones occupées. Ces groupes armés comptent influencer les votes en intimidant les populations et en menaçant les autres candidats à se rendre dans leurs zones pour les campagnes. Malgré cette assurance affichée dans en coulisse, les hommes de ce pouvoir sont fragilisés chaque fois que le nom d’Amine fait irruption. Pour eux, l’UNDP qui n’est qu’une épave, une apparence, mise hors d’état de nuire. Personne ne doute que l’ombre d’Amine fait peur et plane encore dans la mémoire de ceux qui l’ont anéanti. Comment faire avec cette rose pleine d’épines ? Quelle stratégie peut mettre Amine hors de la course s’il devait se présenter à la présidentielle ? Il faute vite occuper les lieux. Il faut vite démarrer les manœuvres pour arrêter  son avancée.
  • Pour Dologuélé : « Tout sauf Touadéra ». Or pour Touadéra qui connait la dimension politique de l’homme de l’UNDP, mise sur « Tout sauf Amine ». Touadéra déprécie la plateforme Dologuélé et compagnie, et se moque du mariage Meckassoua-KNK. Cette campagne s’annonce sévère tant les croyances aux réseaux sociaux sont fortes voire confuses. Amine risque d’être mis hors de la course par des jeux de l’argent et des promesses qui se chargeront de le dénier, de le calomnier, de le médire par des fake news et des trolls.
  • Mais personne ne connait l’intention d’Amine qui reste cloîtré dans son silence sur tout ce qui se passe en Centrafrique. Son silence interroge quiconque et jette de l’effroi sur le pouvoir et les autres leaders politiques, parmi lesquels on retrouve partisans de politique de basse besogne. L’homme reste impassible, car son nom sonne encore favorablement dans la tête et les cœurs des centrafricains épris de justice sociale et de la bonne gouvernance. Son nom dérange au de-là des frontières centrafricaines. La bataille sera rude, observe un diplomate à Bangui, et les stratégies pour l’écarter seront Touadera ne semble pas laisser Amine au travers de sa route après avoir ecarté Bozizé. Amine se battra seul contre tous, s’il se déclare candidat à la présidentielle. Les dés pipés sont jetés.
  • Enfin, Bozizé exilé en Ouganda, serait le probable « rabat-joie » de ces élections à venir. Ses partisans sont assurés de son retour à Bangui pour la course au Palais de Renaissance qu’il avait connu avant d’y être chassé par les selekas. Beaucoup d’affaires illicites et des crimes commis pendant ses mandats non élucidés ne le rattraperaient-ils pas ? Reviendra-t-il en tant que candidat ou en tant que citoyen soldat centrafricain pour répondre et s’expliquer comme son mentor Bokassa sur les méfaits commis ? Serait-il une épine dans les pieds de son ancien premier ministre qui devrait lui renvoyer l’ascenseur ? Tant de questions illimitées trouveront leur réponse le jour venu. Mais Touadera, fourbe, se postera derrière la Justice pour manœuvrer contre ce illustre encombrant.

La bataille démocratique qui s’accompagne de mensonges, de média-mensonges, de fabricants de consentement dans les lesquels certains se complaisent certains, fera des victimes. Beaucoup y laisseront leur peau.

Á la démocratie passionnée, subjective, répugnante et régionaliste, les centrafricains doivent épouser la démocratie raisonnée, objective, sereine, plurielle et juste pour l’Unité, la Dignité et le Travail, source de consolidation de la précieuse paix fragile que les artisans de l’ombre sont entrain de gagner ci et là dans les villages.

Joseph GRÉLA

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