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LES EXILES CENTRAFRICAINS SONT DEVENUS DES ENFANTS PRODIGUES

Dans mes interrogations quotidiennes, je me demande souvent si nous, centrafricaines et centrafricains avions manqué le rendez-vous du « bon sens » la chose la mieux partagée au monde selon Descartes. En sommes-nous dépourvus ?

Chers compatriotes, les nouvelles qui circulent sur nos conduites à l’étranger ou dans les pays voisins, qui, par solidarité humanitaire, nous ont accueillis, n’honorent pas  notre pays. Assurément, vous avez, pour les uns, tout abandonné derrière vous en quittant  notre patrie. D’autres ont fait le choix avant ou après les crises récurrentes de s’installer ailleurs. Cela ne justifie en rien, les écarts de conduite d’une minorité qui ternie l’image de tout un peuple.

Lire dans la presse étrangère ou entendre que des centrafricains commettent des actes répréhensibles vendent leur corps pour quelques pièces de monnaies, embrase mon cœur. Quelque soit la profondeur de la détresse, on peut se comporter dignement. Parmi nous, des compatriotes humbles font fi de leur situation antérieure au pays. Ils offrent  leur savoir-faire, s’adaptent s’intègrent pour gagner leur vie dans la légalité. Il n’y a pas de honte à exercer les « petits boulots » pour survivre loyalement.

En principe, cet exil forcé devrait nous plonger dans notre for intérieur, nous inciter à réfléchir sur les raisons et les mauvaises pratiques qui nous ont conduits progressivement et inéluctablement dans cette abysse. « Le voyage forme l’Homme », dit-on. Je considère que cet exil est une épreuve faisant partie de la vie d’un Homme ou d’une nation. Les épreuves que nous traversons actuellement, les moments de solitude que nous vivons, feront de nous des matures responsables. Nous saurons apprécier les vertus de la  « Paix » et du « Vivre ensemble » chez nous ; gages de stabilité, de progrès de développement durable et harmonieux.

Ensemble, nous sommes responsables du chaos
Ensemble, nous nous relèverons

Sur le plan individuel, chacun de nous est responsable. Chacun de nous s’est laissé tromper en donnant lors des élections passées des « chèques en blanc » aux menteurs qui nous ont promis le paradis terrestre où couleront « le  miel et le lait ». Se tromper est humain. La prochaine fois, choisis le moins pire, ma sœur, mon frère, si tu as la possibilité entre le choléra et la fièvre Ebola.

Sur le plan collectif, nous sommes conscients d’avoir été manipulés par celles et ceux à qui nous avions confiés notre destin. Mais nos politiques persévèrent toujours dans la mal gouvernance. Que faire ? Quoi dire de plus ? Les gouvernants méprisent les gouvernés, ne sont pas à leur écoute alors qu’ils sont les véritables détenteurs  du pouvoir. Vous connaissez déjà ma position sur le prochain et nième « dialogue des professionnels de la fourberie et de la duperie en Centrafrique ».

Je m’adresse directement à toi ma sœur, mon frère. Tu dois préserver ta parcelle de pouvoir. Tu dois préserver, le moment venu par ton vote le respect des textes fondamentaux, la mise en place des institutions fortes et indépendantes.

Pour preuve, « l’ANE » et le « CNT » croient à un scoop, quand ils nous annoncent que l’échéance de la transition fixée au mois de février par l’élection présidentielle est « intenable ». Ils n’ont rien prouvé depuis le début de la transition. Ils brillent par leur prédation et leur démagogie, leur nombrilisme et leur immobilisme. De qui se moquent-t-ils ? Personne n’est dupe. Il fallait une prouesse de prestidigitateur pour organiser une quelconque élection en Centrafrique au début de l’année 2015. Alors, mesdames et messieurs, cessez de nous réinventer la roue. Elle existe déjà. Trouvez-nous de vraies actions de réconciliation et mouillez vos maillots sur le terrain des paroles et actes. Manifestez-vous, activez-vous par des actes concrets, qui posent les bases d’un vrai changement pour nous, vos compatriotes.

Des paroles et des actes pour le vrai changement

L’humilité doit épouser vos gestes et vos comportements. Les dissensions internes, les concurrences stériles vous détruisent. L’intérêt du citoyen et du peuple centrafricain doit être dans la cible de vos actions. Nous sommes peu nombreux sur un vaste territoire. En utilisant rationnellement et judicieusement nos revenus émanant de la vente de nos cultures de rente, de nos ressources minières et forestières, nous rendrons heureuse la population par la création des emplois dans nos villes. Nous pourrons également concevoir un cadre formel propice aux activités génératrices de revenus à nos concitoyens désœuvrés. Les discours creux et démagogiques n’ont jamais créé d’emploi.

Notre pays est un état failli. Nous devons créer les conditions de retour à la confiance entre nous, sans considération de nos croyances philosophiques, de nos confessions religieuses, de nos obédiences politiques ni de nos appartenances ethniques. Nous devons nous unir pour gagner la confiance de la communauté internationale, qui, en dépit de nos tergiversations et de nos calculs prédateurs,  a toujours été à notre chevet.

Tout ou presque a été dit, démontré, analysé, écrit par des centrafricaines et des centrafricains soucieux de l’avenir de leur pays pour prendre conscience des comportements qui nuisent à l’unité nationale. Des propositions ont été avancées. Aucun politique n’en tient compte. Les mêmes abus se reproduisent davantage au détriment de la population. La prédation s’accélère. De grâce, épargnez nous de vos errements et de ce pilotage à vue sans plan de vol…

Minusca, force de l’espoir

Dans quelques jours, les forces militaires en présence sur notre territoire « Sangaris et Misca » vont se fondre dans les casques bleus des Nations-Unies avec environ 12000 soldats. La Minusca force, certes, l’espoir du centrafricain. Sa présence ne peut tout résoudre dans notre pays meurtri. Nos politiques doivent être prêts. Ils doivent présenter une feuille de route avec des propositions concrètes sur la base de nos réalités et des contacts établis en amont. Ensemble, nous gagnerons du temps. Nous parviendrons à mener cette « bancale » transition à terme dans un délai raisonnable pour tous.

Nous avons plusieurs fois manqué de grands rendez-vous pour affirmer nos aspirations, nos orientations en développement, nos engagements, en tant que peuple. L’ultime opportunité nous est offerte nous reconstruire dans les cinq verbes que nous connaissons : Loger, nourrir, vêtir, soigner, instruire. Les futilités ne doivent nous distraire, ni faire irruption dans cette nouvelle marche sur le chemin de la paix, de la reconstruction, de l’unité.

Chères sœurs, chers frères, vous qui souffrez dans votre âme et votre chair, vous enfants prodigues éparpillés dans le monde. Vous qui n’aspirez et n’espérez qu’à une seule chose servir votre pays. Le changement viendra de nous, de la force de nos bras, de nos actes, de la force de notre pensée, de nos paroles. Nous serons témoins de ces heureux évènements dans notre pays, si nous nous donnons la peine maintenant. A défaut, préparons les planches du jardin, labourons la terre,  taillons notre chemin dans le roc pour bâtir un Centrafrique nouveau, havre de paix et d’amour pour nos enfants et petits-enfants.

Fernand Paul SADAM

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