Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE: CENTRAFRIQUE ETETEE, DEPOUILLEE, EVIDEE DE POUVOIRS

Populations prises aux pièges des groupes armés, seleka et antiballes AK
Où est l’Etat ?

La crise centrafricaine est grave et indescriptible. Rythmés par les exactions des selekas et anti-balles AK, sur leur territoire dénué de toute infrastructure, les Centrafricains sont grippés par l’insécurité, la terreur, les vols, pillages et viols sans défense. Ces groupes armés font régner la terreur sous divers prétextes. La Centrafrique est un immense territoire hors de tout contrôle. Un no man’s land s’installe au cœur de l’Afrique. La « somalisation » du pays est un danger permanent qui ne plane plus en filigrane mais qui devient chaque jour réel et palpable. Les seleka au nord. Les Anti-Balles AK au sud. Chaque groupe s’organise pour peser dans d’éventuels partages de pouvoir et surtout de territoire. Le désastre humanitaire en cours n’a pas d’importance à leurs yeux. L’inhumanité est flagrante. Les cris d’alarme lancés ne réveillent pas non plus la surdité de faux semblants au pouvoir transitoire.

Les bailleurs de fond ne se précipitent pas. Les « appels de fonds consolidés » ne rentrent pas. Le malheur du pays s’accentue. Il ne pèse pas. Son poids économique est négligeable. La Centrafrique se trouve non pas au point mort, mais cadavéreuse. Les prédateurs armés imposent leurs lois et détroussent l’Etat parles barrières routières.

Une seringue de 12,9 millions de dollars du FMI à taux zéro

Pendant que les affrontements continuent, que « la crise sécuritaire et politique qui a suivi la prise du pouvoir en mars 2013 par une coalition rebelle a créé des troubles économiques à grande échelle et aggravé une situation déjà fragile », a noté l’un des directeurs adjoints du FMI, Naoyuki Shinohara au journal économique Le Point en ligne avec l’AFP du 15 mai 2014,  près de 13 millions de dollars vont être débloqués pour aider les autorités de Bangui à rétablir « progressivement » la stabilité macro-économique dans le pays, a indiqué le FMI dans un communiqué publié par le Point. Selon le Fonds, cette aide d’urgence doit permettre aux autorités d’engager des discussions avec d’autres acteurs du développement en vue d’une « assistance supplémentaire ». Ces fonds seront versés sous forme de prêt à taux zéro à la Centrafrique ployée sous le joug des exactions signalées chaque jour dans les villages où des habitants sont abattus ou blessés par balle.

Anti Balles AK : naissance d’une nouvelle coordination

Pendant trois jours, les cadres des seleka se sont réunis à Ndélé pour un congrès et se sont entendus, ont créé un nouvel état-major militaire et un organigramme politique notamment, les services de renseignements et des opérations avec siège à Bambari. Les anti-balles AK s’excitent.

Réunis, ce jeudi, 15 mai 2014, a rapporté les RJDH/RCA, à Zila situé au PK 9 sur la route de Mbaïki, en présence de leur représentant au gouvernement Léopold Narcisse Bara ministre de la Jeunesse et des Sports des commandants de zone Anti-Balles AK venus de Bangui et  des provinces ainsi que des éléments de la Sangaris, les anti-balles AK ont, eux aussi, mis en place une nouvelle  coordination  déjà contestée par certains  membres du groupe.

Edouard Patrice Ngaïssona, coordonateur général, est démis de la coordination au profit de Sébastien Wénézoui. Emotion Brice Namsio devient le porte-parole général  et Vivien Beïna, rapporteur général du groupe, a commenté les Réseaux des Journalistes de Droits de l’Homme (RJDH). Cette nouvelle équipe veut cultiver l’unité du mouvement, la réconciliation des Centrafricains. Sa « première action à mener est de tenir une conférence  de presse conjointe avec les porte-paroles  des Séléka, des musulmans qui sont au niveau de la mosquée centrale  à Bangui pour proclamer la paix afin de faire des sensibilisations en milieu chrétien et musulman pour qu’ensemble, on aboutisse à un dialogue pour ramener la paix de manière définitive » a déclaré le nouvel élu coordonateur. « Nous voulons ainsi ramener la paix en RCA pour faciliter le retour à la normalité afin de permettre à tout le monde de vaquer à ses occupations et nous permettre de reprendre nos activités dans l’armée », martelé un caporal affirmé un Caporal-chef de l’armée centrafricaine, membre des Anti-balles AK.

Dernier hommage à Camille Lepage à Bangui
Réclamation pour la protection des civils et des journalistes

Dans ce contexte Centrafrique a rendu hommage à la photojournaliste ce jour 15 mai, à Bangui lors d’une cérémonie à la base de l’armée française à Bangui-Mpoko, avant le rapatriement de sa dépouille en France, ont évoqué les grands journaux, Libération, Le monde, le Parisien, Jeune Afrique  avec l’AFP. Tuée lors d’un reportage en brousse en Centrafrique avec les anti-balles AK, ceux-ci « seraient tombés dans une embuscade certainement tendue par des éléments armés qui écument la région» de Bouar, selon une source militaire qui a requis l’anonymat. « Il y a eu des affrontements qui ont duré plus d’une demi-heure et ont fait au moins dix morts, dont quatre anti-balles AK, six Séléka et peuls armés […] Elle a subi des tirs », a concédé une source. Une enquête est ouverte par la prévôté de Sangaris et de la Misca et par le parquet de Paris, a constaté le Figaro et le Monde, pour connaître les circonstances exactes de la mort de cette jeune femme, 26 ans. « C’est un coup dur qui est porté à la transition, par ceux qui ne veulent absolument pas que la paix revienne dans ce pays, ceux qui continuent de tirer les ficelles des violences », a commenté Aristide Sokambi, le ministre centrafricain de l’Administration du territoire.

Alors que la présidente centrafricaine, Catherine Samba-Panza condamne dans un communiqué «un crime odieux et crapuleux», ont noté les journaux, la Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) et la Fédération Européenne des Journalistes (FEJ) réclament justice pour la journaliste française tuée en Centrafrique « ont demandé au gouvernement de transition, aux forces internationales basées dans le pays de ne ménager aucun effort pour arrêter les meurtriers de la journaliste française Camille Lepage » a souligné le journal en ligne Press afrik du mercredi 14 Mai 2014. « Nous sommes profondément attristés et affligés par cette perte tragique de Camille Lepage, une jeune journaliste hautement respectée. Nous présentons nos sincères condoléances à ses collègues et à tous ceux qui lui sont chers », a déclaré Jim Boumelha, président de la FIJ. La mort de Camille Lepage intervient dans un contexte où la sécurité  est de plus en plus précaire en Centrafrique. Elles ont également demandé aux journalistes sur le terrain de rester vigilants tout en assurant leur sécurité personnelle, selon Dié BA de Press Afrik.

Pour leur part les deux experts de l’ONU ont déclaré à  Afrinquinfos à Genève  ce jeudi 15 mai 2014 que « l’assassinat de la journaliste française Camille Lepage est une preuve supplémentaire, s’il en faut, de la gravité de la situation sécuritaire en Centrafrique. Il illustre tragiquement les atteintes quotidiennes au droit à la vie dont sont victimes les civils dans ce pays ». Seules des mesures, à la fois fortes et rapides, permettront de rechercher, arrêter et juger les coupables de « cet assassinat qui est aussi une atteinte directe à la liberté d’expression et d’information », ont-ils ajouté

Centrafrique : un pays sans tête, une histoire violente

Dans son reportage « Comment l’Etat centrafricain maltraite ses serviteurs » de ce jeudi 15 mai 2014, RFI en ligne par Ibrahima Mansaly a souligné les « décennies du laxisme salarial, la corruption généralisée, l’effondrement de l’Etat » centrafricain tant décrié « et un dépérissement de la fonction publique mal payé ».La nostalgie du paradis perdu envahit chaque jour le centrafricain. « Du temps de Bokassa les salaires des fonctionnaires étaient payés en temps et en heure », rappelle Pierre Siovène Lebrun, secrétaire général adjoint de l’USTC. L’Empereur imposait une discipline stricte à l’administration. « A l’époque, la RCA possédait encore des fleurons industriels, notamment des usines d’assemblage de motos et de véhicules utilitaires », qui assuraient à l’Etat des recettes fiscales conséquentes, se souvient l’ancien ministre Karim Meckassoua. « La RCA accueillait des entreprises du secteur textile, une usine d’assemblage de télévision, une autre d’assemblage de vélomoteurs et de véhicules utilitaires. Ces grandes unités généraient des recettes qui permettaient à l’Etat de vivre et de payer ses recettes », a-t-il ajouté. A cela s’ajoutait un contrôle strict des ressources générées par les filières aurifères et diamantifères.

Les régimes d’André Kolingba et celui d’Ange Félix Patassé ne parviendront jamais à sauvegarder « ces bases industrielles productives de l’Etat ». André Kolingba quitte le pouvoir et laisse onze mois d’arriérés de salaires. Son successeur, Ange Félix Patassé, avec une vague de mutineries et de troubles au sein de l’armée, fera pire, avec 24 mois de salaires en attente. Il a laissé se développer une gabegie à peine croyable. « Des chefs militaires inventaient de fausses missions, afin d’obtenir des bons d’essence qui se comptaient parfois en centaine de millions. Des hauts fonctionnaires restaient parfois trois mois en mission, doublant ou triplant ainsi leur salaire. Enfin, le président dépensait des sommes incroyables pour ses voyages à l’étranger, emmenant avec lui une véritable cour », affirme Karim Meckassoua, ancien ministre de l’Economie et du plan.

Alors que les recettes fondent, l’Etat continue de dépenser, voire de dilapider, et ce sont les fonctionnaires de base, les instituteurs, les magistrats, les agents territoriaux qui en font les frais. Alors la corruption et son système de fraude « opaque et efficace » se généralisent, commente RFI. Cette corruption a contribué à achever la fonction publique centrafricaine. Paradoxalement, la crise peut offrir l’opportunité d’un nouveau redémarrage et poser les bases d’un système rénové.

Personae non gratae : Bozizé, Djotodia et trois autres responsables

Le président Barack Obama a décrété mardi des sanctions contre les centrafricains François Bozizé et Michel Djotodia ainsi que trois autres responsables Nourredine Adam, Abdoulaye Miskine et Levy Yakété, accusés par la Maison Blanche « d’avoir commis ou soutenu des actes qui vont à l’encontre de la paix, de la stabilité et de la sécurité en Centrafrique», ont noté Libération, Le figaro avec l’AFP ce mercredi 24 mai 2014.
Ce décret a été dans la foulée de sanctions annoncées vendredi dernier 09 mai, par le Conseil de sécurité de l’ONU contre trois de ces cinq responsables. Barack Obama  veut faire passer le «message fort que l’impunité ne sera pas tolérée et que ceux qui menacent la stabilité de la République centrafricaine devront faire face à des conséquences», a affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney. L’entrée sur le territoire américain leur sera refusée et leur éventuels biens gelés, selon les termes du décret.

Un seul pays,
Plusieurs Etats-Major,
Où est l’Etat et ses forces de défenses notamment «  l’armée nationale » ?
Où va la Centrafrique ?

Joseph GRÉLA

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