Chronique du Village Guitilitimô

CVG-06 : L’ASSOCIATION DES MALFAITEURS – Partie I

Tante Sioni-Yanga alias « C’est-Notre-Tour », sœur aînée de Macathy, Présidente de la Transition, après une absence motivée de 24 heures à peine, rejoignit enfin Bangui, à l’aube de ce mardi 27 janvier 2014. La veille au matin, elle avait laissé éclater sa légendaire fureur, dès l’annonce de la nomination à l’actuel poste de Premier Ministre (PM) Chef du Gouvernement de la Transition, du Grand Manitou Techno-magicien en Chef devant l’Eternel. Elle avait alors pris la décision de se rendre sur le champ, au Campement de la Transition des villageois de Guitilitimô, exilés et reclus en plein milieu de la forêt équatoriale. A l’époque, cette  désignation inattendue d’un PM, – non coopté par le cabinet familial présidentiel de la transition –  réputé rigoureux et droit, paraissait avoir déjoué complètement et dangereusement, tous les plans, calculs et autres scenarii possibles, imaginés et mis en place, par  Tante Sioni-Yanga alias C’est-Notre-Tour, et sa terrible  légion dynastique. Aussi, ce fut en compagnie de sa lignée restreinte, composée de  son mari, ses jumeaux,  et son frère cadet, lequel venait de débarquer fraichement de Paris, que Tante Nationale, – ainsi qu’on la surnomme également – avait  organisé et effectué le déplacement du village Guitilitimô, connu pour ses redoutables féticheurs babingas pygmées. Leur but au bled, était de dégotter à n’importe quel prix, n’importe quelle recette maléfique efficace et imparable, à administrer à n’importe quel moment, et de n’importe quelle manière, à Macathy la Présidente. Pourvu que Sioni-Yanga alias C’est-Notre-Tour, farouchement déterminée, parvienne à ses fins, à savoir : influer mystérieusement en sa faveur, sur le caractère trempé de sa Présidente de sœur cadette, et obtenir de cette dernière, tout ce qu’elle désire, quitte à en user et abuser. Car en effet, la manière avec laquelle Macathy semblait vouloir exercer et « plaisanter » avec le POUVOIR et plus particulièrement le pouvoir  constitutionnel,  de démettre  et donc de nommer,  à toutes les hautes fonctions de la République, n’était pas du tout du goût de Sioni-Yanga alias C’est-Notre-Tour. Aussi, pensait Tante Nationale , « grâce à ma puissance mystique, je me retrouverais au cœur d’un dispositif incontournable de gestion des postes, et régenterais en véritable altesse royale, toutes les nominations les plus importantes. En plus de mon sacro-saint rang de Sœur aînée de Macathy, Présidente de la Transition, je serai également  l’éminence grise de la Chef de l’Etat, et m’occuperai personnellement, d’affecter à tous les  postes stratégiques civils et militaires de souveraineté, chacun des ascendants et rejetons de la Grande Famille Présidentielle de la Transition élue, au même titre que Macathy. Aussitôt, seront minutieusement élaborés et mis en place, des mécanismes bien huilés, et des montages financiers complexes de haut vol, nécessaires et obligatoires. Une fois ce laborieux chantier achevé, Il ne restera plus qu’à appliquer scrupuleusement, toutes les directives de suivi des manœuvres basses et perfides, applicables aux transactions souterraines de la transition. Seront alors garantis en définitive, l’auto-gavage inconditionnel et effréné de toutes les personnes appartenant à la confrérie familiale présidentielle ; l’enrichissement illicite et débridé des plus astucieux sera toléré ; l’élite maffieuse familiale se chargera quant à elle d’intensifier par tous les moyens, le bourrage massif et immodéré, des multiples comptes ouverts à la hâte et aveuglément, dans des banques installés à l’étranger. Quant à la prolongation de la période de Transition et à la candidature de Macathy, à la future présidentielle, ce n’est qu’une question de distribution de quelques billets de banque à notre disposition, à tous les affamés de la République.».

Cependant, souvenons-nous en, le patriarche, vieux Mbi-na-ala Midowa, du haut de sa sagesse, avait écouté sans broncher Tante Nationale. Avec la complicité de son bras droit le jeune Kparakongo, les deux villageois, s’étaient alors malicieusement moqués des cinq comparses venus expressément de Bangui défendre maléfiquement leurs intérêts personnels et égoïstes (cf. CVG 2). En effet, le patriarche, vieux Mbi-na-ala Midowa, pour toute réponse, leur  avait tendu en guise d’imparables fétiches, des paquets postiches, conditionnés en bidon de 5 litres de potion supposée magique, et deux gros sachets : l’un rempli de feuilles de quinquiliba, et l’autre, rempli d’une poudre noire salée. Aussi, le quinto des dindons de la farce arrivés de la ville, allaient s’en « gaver » une semaine environ. Sans résultats effectifs apparents.

Et voici que Tante Sioni-Yanga-C’est- Notre-Tour, calendrier en mains, n’arrêtait  pas de compter et décompter,  le nombre de jours  déjà passés au POURBOIRE par Macathy : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9…et 10…et 20…et 30…et bientôt  prendra fin la TRANSITION PROVIDENTIELLE !  En même temps, mentalement, Tante Nationale faisait ses comptes en se disant calmement : « Macathy n’est plus normale. Si seulement elle avait pensé me trouver rapidement un bon petit coin juteux, je me serais vraiment bien débrouillé déjà. Imaginons un peu. A raison d’un petit  million de FCFA « épargné » par jour, au rythme rapide où s’égrènent les heures de présidence, j’aurais déjà largement rattrapé mon passé de pauvre ménagère,  ratatinée des multiples travaux domestiques, et certainement, trouver bien mieux pour combler mon avenir qui n’est que souvenir. Ah ! Macathy, devrai-je attendre d’arriver au ciel, si j’y arrive, pour goûter aux plaisirs qu’offre le pouvoir sur terre ? ».

Revenue de ses rêveries, Sioni-Yanga-C’est-Notre-Tour, se rendit à l’insupportable réalité : elle attend et espère toujours son poste de Gouvernante du Palais de la Renaissance. Son affable, taciturne et cocu de mari Têka-mö-Têgue, à 70 ans passés, semble avoir perdu toute illusion de voir se réaliser ses vœux les plus ardents : d’abord, celui de fouler de ses pieds et toucher de ses mains le bout de la terre avant de trépasser; et ensuite, construire un très  grand et beau château sur  l’Île des Singes, unique héritage  qu’il entend léguer à ses deux seuls enfants, dont au fond de lui-même, il se sait ne pas être le vrai père. A dire vrai, les deux rejetons de Sioni-Yanga-C’est- Notre-Tour, sont les «produits innocents», des  multiples tours, détours et séjours, de l’épouse infidèle, chez l’ami et voisin célibataire. Pire, ce père biologique ignoré des jumeaux, chômeur maître chanteur, a eu le toupet d’exiger du « malheureux couple », une « pension adultère » conséquente, qu’il perçoit mensuellement à date fixe, depuis autant  d’années que le nombre de saisons sur terre de « ses » enfants. Sous peine, menace-t-il,  de honteuse dénonciation, et revendication publique de paternité.

Quant aux jumeaux du couple insolite, le boulimique Wara-mô-tê, et son frère Wara-mô-yon, le super alcoolo-résistant, à les approcher ou à  les regarder de loin, ils dégagent toujours la seule et même impression : indignité parfaite, et totale insouciance. En effet, ces deux inséparables frères, le gourmet et le poivrot, sont les incarnations sous les deux espèces humaines, de la chair et du vin. Ils  avaient réussi un double exploit. Celui d’élever  au rang de dignité scientifique nobélisable,  l’art de manger et de boire sans discontinuer. Ces deux activités qu’ils exercent à plein temps, semblent justifier la présence sur terre des deux jumeaux. A les considérer, on aurait tort de ne pas les prendre au sérieux, tant ils semblent prendre à cœur leur occupation, sans laquelle, ils ne peuvent vivre, et pour laquelle, ils sont apparemment prêts à tout. Même à réduire leur espérance de mort.

S’agissant de l’incomparable oncle Ganatênê alias « Mille Diplômes », frère cadet de Sioni-Yanga-C’est-Notre-Tour, et de Macathy la présidente, il était rentré précipitamment de la France, pour occuper « son » poste de ministre qu’il attend aussi fermement qu’il était venu. Il se demande  d’ailleurs pourquoi cela tarde à venir. Lui, il remplit en effet,  les deux principales conditions pour espérer être élevé à la dignité de chef de département ministériel, ou occuper de hautes fonctions au sein de la nouvelle République, à savoir : appartenir à l’espèce génétique  élue par le Conseil National de la Transition (CNT), et être technoquelquechose. La première condition, lui vient indiscutablement de son sang. La seconde, de ses 30 ans passés en Europe. En effet,  Ganatênê, peut se prévaloir et faire la preuve de toutes ses compétences, expériences et performance technocratiques multiples, ne fut-ce que dans sa discipline singulière : l’art de  se faire entretenir, – nourri, vêtu et logé – par des cougars d’une part ; d’autre part, s’incruster, sans jamais y être invité, dans toutes les fêtes, – soirées dansantes, baptême, place mortuaire, mariage, réunions festives diverses – organisées par les Centrafricains où qu’ils se trouvent, à l’intérieur de l’Hexagone. A vrai dire, oncle Ganatênê alias « Mille Diplômes », expert et technocrate dans son domaine, a su  développer en trois décennies de pratiques ininterrompues, de sérieuses aptitudes jamais égalées. Ses performances sont reconnues et respectées par tous ceux qui ont su bénéficier des applications concrètes de sa spécialité qui est : sciences de la communication adaptée aux techniques de mendicité directe des liquidités. Ses qualifications et qualités, ont valu à Ganatênê, jusqu’à ce que sa sœur devienne Présidente, et qu’il se décide à rentrer à Bangui, d’être régulièrement sollicité, pour de diverses consultations et prestations, notamment :

–       En matière de résolution des crises récurrentes entre époux et épouses, officiellement mariés, dont les infidélités notoires réciproques, acceptées et tolérées, restent  la seule chose qui entretient  leur union.

–       En matière de management de rénovation des cougars, ainsi que de localisation  des kourous argentés et naïfs, ces vieux blancs riches au seuil de la mort, dont raffolent une certaine catégorie de Centrafricaines peu recommandables et fréquentables.

Dans tous les cas, grâce à son expérience professionnelle dans les domaines de compétence qui sont les siens, oncle  Ganatênê alias « Mille Diplômes », n’a rien à envier aux Ingénieurs et autres DSF, ces Docteurs sans Spécialité Fixe, réduits  pour survivre, à exécuter çà et là, de « petits boulots » de résistance salutaire. Tout compte fait, Ganatênê a toujours vécu une existence de dandy impénitent, à l’abri des besoins,  étant entendu qu’en France, les liquidités gagnées chaque jour à la sueur de sa bouche, lui permettaient de résoudre aisément et quotidiennement, l’unique souci de sa vie, « l’équation  à deux connues » : bières et rombières.

C’est fort de cette expertise, que oncle Ganatênê alias « Mille Diplômes », va  convaincre Tante Sioni-Yanga-C’est-Notre-Tour, Sœur aînée de Macathy, Présidente de la Transition, Chef de l’Etat Centrafricain, de s’associer avec lui, afin qu’à deux, ils puissent mettre en valeur et exploiter à bon escient, leur double savoir et savoir-faire.

Aussi, en un instant, Sioni-Yanga et  Ganatênê, les inséparables frères et sœur scellèrent un pacte, discutèrent et convinrent de la création d’un cabinet de consultation de type particulier ; en un autre instant, ils déterminèrent la forme, l’objet   les associés, le siège social, le personnel,  et surtout, les futurs clients de leur association des malfaiteurs, dont le but est de…

A suivre…

Retrouvez l’ensemble des chroniques du village Guitilitimô, ici

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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