Chronique du Village GuitilitimôEN VEDETTEGJK PLUMELitterature

 C’ÉTAIT FACE À FACE ET C’ÉTAIT MIEUX!

Dites donc !
Que sont-elles ces dragues à l’ancienne devenues ?
Qui se souvient encore de tous ces coins sombres de nos quartiers et leurs refuges secrets où nous aimions bien nous cacher pour fuir les regards obliques et indiscrets ?
Ah ! Si seulement pouvaient parler ces arbres ; tous ces arbres des alentours aussi muets que complices, auprès desquels nous vivions heureux nos amours débutants en nous disant des « je t’aime » pathétiques comme chante Brassens le grand troubadour.
Hélas !
Mais que sont-ils ces temps anciens devenus ?
Aviez-vous oublié tous ces galants rendez-vous d’antan ? Ces chers rendez-vous improbables au bord des cours d’eau ou sur un terrain vague au clair de lune ; sous les lampadaires des quartiers « civilisés » ou dans l’obscurité des « quartiers noirs » ; sur les sentiers menant au champ ou sur les chemins qui nous conduisaient à l’école ! Ces rendez- vous pour se retrouver pendant les fêtes ou à l’heure de nos jeux d’enfants, en particulier le fameux jeu de « cache-cache » avec ses cachettes imprenables où aimaient se cacher les plus grands d’entre-nous…et malheur à celui qui osait les dénicher !
Ah !
Il y’avait aussi les parents à qui nous donnions les surnoms de « Django », « Shérifs», ou encore « Cascadeur » ou « yankee » ! Sans rien laisser soupçonner, ces parents veillaient en réalité sur tout, et surveillaient en permanence les faits et gestes de leurs filles en particulier. Du coup, leurs soudaines apparitions et vociférations, provoquaient des débandades, déclenchaient des sauve-qui-peut, tétanisaient les apprentis dragueurs surpris dans leurs élans, ou clouaient au sol les membres inférieurs subitement trop lourds, des jeunes cascadeurs et autres habitués des escalades périlleuses de murs mitoyens. Et si rarement s’ensuivaient des bastonnades méchantes, néanmoins, c’étaient des rafales de questions qui s’abattaient sur les têtes. Dans ces circonstances fâcheuses, tremblant comme un feuille morte ou gémissant comme des chatons, on réussissait à peine à balbutier quelques mots incompréhensibles qui, mis bout à bout, formaient des phrases comme sui dirait sans tête ni queue. Mais dès les lendemains de ces mésaventures, on retrouvera toujours sur les lieux de leur « crime passionnel », les mêmes adolescents.  Décidément l’amour était inséparable de l’inconscience et tous les deux allaient de paire !
Mais il y’a mieux encore !
Vous souvenez-vous de toutes ces aventures, de tous ces alibis et autres prétextes dont nous étions capables, juste pour réussir à être en face de celle pour qui notre cœur battait et qui n’avait point d’yeux pour nous ?
Alors, nous rôdions mille fois autour de la maison de notre dulcinée, guettions son passage depuis un poste de contrôle caché, la suivions de près ou de loin où quel aille, provoquions de quelque manière que ce fut, des occasions de lui adresser la parole afin de créer un début de dialogue. Et s’il arrivait que ce fut une vendeuse de beignets, d’arachide ou d’un quelconque produit, nous nous battions pour être le meilleur client, dans l’espoir qu’en achetant plus, nous monterions aussi plus dans son estime… et qui sait !
Aussi, il arrivait que le sort ou les dieux de l’amour se montrent aussi cléments que bienveillants à notre égard, en favorisant une rencontre nez à nez avec l’âme sœur, une occasion que nous souhaitions vivement et attendions impatiemment. Curieusement, juste à ce moment là, nous perdions tous nos moyens et éprouvions sur le champ des troubles jusqu’alors inconnus! Brusquement, nous nous découvrions à la fois amnésique, bègue, schizophrène, muet, et que sais-je encore !
Et nous voilà tout penaud d’avoir manqué l’occasion si longtemps rêvée, nous qui, entre garçons, aimions nous affubler de tous les surnoms, et nous gaver de tant d’expressions amoureuses :
« Bracelet des jeunes filles », « garçon né avant ses parents », « là où je passe l’herbe ne pousse plus », « l’homme qui traverse la mer sans bateau », « cœur percé d’amour »!
O tempora o mores !
En ce temps-là, pour attirer l’attention d’une fille qu’on se mettait en tête de conquérir, il fallait être le meilleur et se montrer brillant quelles que fussent les circonstances : à la chasse, au champ, en classe, au jeu, au bal, en éloquence…Il fallait à tout prix avoir un baratin bien rôdé et la mise soignée – avec une petite touche de parfum souvent piqué à papa ou au grand frère.
Dites donc !
Que sont-elles ces dragues à l’ancienne devenues ?
Hélas !
Mais que sont-ils devenus ces beaux jours d’autrefois?
Ah ! Sacré téléphone !
L’homme blanc créa le téléphone portable et avec lui, les choses commencèrent à perdre de leur charme…
À l’heure de Facebook, whatsapp’s et autres machins et trucs, à quel type de dérives n’assistons-nous plus? Chantages et arnaques se multiplient autour de la drague et enlève du coup à l’amour ce qu’il a de précieux… cette part de rêve et de difficile conquête!
Aussi, lorsqu’on y pense on se dit :
Avant c’était face à face, c’était humain, c’était plus chaleureux…et c’était mieux.

GJK-Guy José KOSSA

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