POLITIQUERegard sur le monde

IL NE FERA PAS NUIT A JAMAIS

IL Y A DE L'ESPOIR POUR NOUS

Par LPB
J’ai été marqué, il y a quelque temps de celà, par une série de conversations avec diverses personnes – parents et amis. Conversations qui avaient pour principal sujet l’état de déliquescence morale avancée voire abyssale des fils et filles de ce pays qu’est la République Centrafricaine. Force est de reconnaître que l’on se croirait dans un mauvais film de science-fiction ! Ce n’est pourtant pas un scoop ou un mystère caché révélé par un “nganga”.
Nous avons constaté avec peine et stupéfaction que les gens n’ont plus froid aux yeux. Le vol, la corruption, le sabotage, l’intérêt personnel, la méchanceté et j’en passe sont de l’ordre du normal.
L’honnêteté, l’intégrité, la culture de l’excellence, l’amour du travail bien fait (du moins du mieux qu’on peut) sont des insanités, un blasphème voire une maladie infamante méritant l’internement à vie dans un asile psychiatrique ou mieux, la résurrection pour exécutions sommaires, de camps de concentration dédiés à cette « purification amorale “ ! J’étais dubitatif et songeur à cause de la situation morale et sociale qui prévaut en ce moment.
J’avoue être sidéré par le degré de méchanceté dont beaucoup font preuve toute honte bue. Les gens assument pleinement le côté sombre de leur personnalité. Encore faudrait-il que l’autre côté ait eu à un moment où un autre droit de cité dans leur âme. Très peu font encore semblant d’essayer de respecter les normes morales et légales. L’égoïsme, l’appât effréné du gain, l’escroquerie et la violence gratuite sont élevés au rang de vertus !
Vous me direz qu’il faut espérer que la prochaine génération changera la donne. Surtout en ces temps où le panafricanisme fier et revendicatif a le vent en poupe. Il suffit de lire les écrits des uns ou d’écouter les interventions passionnées des autres pour prétendre croire en de possibles lendemains meilleurs. Hélas. Cette pseudo nouvelle génération, qui hurle au loup et dénonce à tue-tête ne vaut guère mieux (quoiqu’il y en a bien quelques rares qui « font de la résistance »). C’est à croire qu’il y a un virus incurable ! Il est anormal d’être honnête, consciencieux et studieux au pays des balakas et des selekas.
Quant au mot « Dignité », il n’existe apparemment pas dans notre vocabulaire. Nous avons vaguement dû en entendre parler lors d’une séance de commérages chez la marchande de poissons au marché central en faisant les courses. Cette « chose » semble tellement incompatible avec l’ADN du citoyen lambda.
Quant à l’Excellence, elle semble impossible dans ce merveilleux pays des paradoxes et des records négatifs pour reprendre cette formule consacrée par un de nos célèbres avocats. La réussite, n’est possible dans l’imaginaire populaire, que si vous êtes parents d’une personnalité politique, ou encore si vous avez puisé dans les caisses de l’État ou enfin grâce à des pratiques occultes !
Le fait que vous ayez sué sang et eau, étudié comme un malade ou travaillé comme un forcené pour être ce que vous êtes aujourd’hui est inimaginable. Ce genre de chose n’est possible que dans des romans de science-fiction ou bien dans un scénario mettant en scène les Avengers ou les X-men. Le bon sens à l’envers stipule d’ailleurs que le rêve d’une RCA épanouie et prospère ne peut et ne doit demeurer dans l’imaginaire collectif qu’un fantasme irréalisable.
Cerise sur le gâteau, n’ayez pas le malheur d’être un tant soit peu apprécié ou célébré par votre hiérarchie ou par des gens avec qui vous interagissez. Les médias « Diffamation Newsweek », « Radio Notre Bouche »,  » Le saboteur de réputation », « A tènè Matin », « Godowé-Éna tv », « Lo yé ti fa gnè.com » entre autres, seront mis à contribution pour vous ramener dans le rang des gens normaux selon les critères établis.
Le plus écœurant est que ces personnes si bien intentionnées, ces dignes citoyennes et citoyens remplissent les lieux de cultes, s’ils ne sont pas responsables de Kundû, de fraternités, diacres, diaconesses, pasteurs, prêtres, imams…Bref. Tout ce que vous pouvez imaginer. A ce niveau, la cohésion sociale à contre-courant de la rectitude morale universellement établie est une réalité palpable. Même les athées, les bouddhistes, les animistes, les francs-maçons et autres ne sont pas en reste. Qui va se négliger ?
L’avenir de cette nation, si tant est qu’elle en soit une, semble plus qu’incertain. Et comme il est dit dans la Bible que le salut est individuel, il en est de même pour tout un chacun. « Que celui qui sait faire le bien continue de faire le bien. Et que celui qui pratique le mal continue dans sa voie ! » L’essentiel, le challenge moral personnel, c’est de pouvoir se regarder dans la glace sans honte et de marcher tête haute pour ceux qui ont une conscience. Et Dieu sait qu’ils sont une espèce en voie de disparition. C’est tout juste si on ne cherche pas à les faire condamner pour rectitude morale abusive et les envoyer dans les geôles des maisons d’arrêt de Ngaragba ou de Bimbo!
Chers résistants moraux, rendons grâce à Dieu pour celles et ceux qui nous ont inculqué des valeurs qui sont devenues la boussole nous montrant la voie dans cette jungle d’immoralité. Soyons reconnaissants pour la vie de ces hommes et de ces femmes pour qui Excellence et Dignité n’étaient pas des fables et qui nous ont transmis ces richesses.
J’avais décidé, sur un coup de tête, l’année passée à l’orée de la célébration de la fête de la proclamation de la République centrafricaine, de publier dans mes stories sur WhatsApp les images, avec un petit commentaire, de quelques personnes que je considère comme faisant partie des « résistants ». Des personnes qui semblent immunisées contre le virus ambiant de l’avilissement moral.
Des fils et des filles de ce pays, de diverses générations et de profils variés mais ayant en commun un sens aigu de la discrétion, une dignité naturelle, des personnes diligentes et surtout généreuses de cœur. Des centrafricains amoureux de l’excellence et inconnus dans la plupart des cas du grand public mais qui impactent bien plus qu’ils ne peuvent l’imaginer leur entourage et leur communauté.
J’ai donc publié ces quelques portraits. Et voilà que je reçois un message émanant d’une sœur vivant en Europe me témoignant combien l’une des personnes dont j’avais publié le profil avait, juste par une exhortation, transformé à jamais sa vie. Et qu’elle lui en était reconnaissante car il était à l’origine de ce qu’elle est devenue aujourd’hui. Une femme accomplie, une chrétienne épanouie, une centrafricaine ayant des valeurs et des principes. Elle me demanda même de transmettre à ce grand frère ce témoignage. Elle avait fait ma soirée.
Je n’étais pas surpris par ces propos concernant ce frère car nombreux sont les jeunes qui ont bénéficié de son “coaching” désintéressé, de sa passion pour la transformation des raisonnements et de la pensée de la jeunesse centrafricaine. Je suis un de ceux dans la vie de qui il a semé les graines de l’espoir et de la foi.
Il me dira d’ailleurs lorsque je lui transmettrai ce message et le mettrai en contact avec notre sœur, il me dira donc, qu’il avait pleuré à la lecture de ce témoignage qui arrivait à un moment où il traversait professionnellement et psychologiquement une passe difficile. Ce message était comme une bouffée d’oxygène ou encore comme un clin d’œil divin pour lui montrer que ce qu’il avait semé depuis de nombreuses années portait du fruit et que le sacrifice en valait la peine.
Et ce témoignage peut s’appliquer aux autres femmes et hommes dont j’ai fait l’éloge en disant qu’ils me rendaient fier d’être centrafricain. Des hommes et des femmes d’excellence qui n’ont que faire de la reconnaissance publique et des spotlights.
Ils me redonnent foi en l’avenir, en l’espérance d’une pandémie de rigueur, d’honnêteté et d’amour du prochain. Je sais que ça fait très.. monde des bisounours mais de ce chaos moral ambiant naîtra assurément des lendemains qui chantent. Nous nous devons de continuer à résister même quand nous sommes moralement épuisés.
Malgré la grisaille morale qui prévaut dans ce pays des records négatifs et des paradoxes inimaginables dans un monde normal, je ressens de l’espoir pour un avenir radieux et des lendemains porteurs d’espérance.
Tout simplement parce qu’il y a des gens qui œuvrent pour un changement de mentalité de la jeune génération. Des centrafricaines et des centrafricains qui donnent le meilleur d’eux-mêmes et font des sacrifices inimaginables, juste pour montrer la voie, guider les plus jeunes et encourager les moins jeunes. Leur vie, même est un véritable témoignage de droiture morale, de fierté, d’excellence à tous égards, de diligence dans leur travail et surtout, d’humilité.
Certains les connaissent sans toutefois savoir l’œuvre, moralement et spirituellement, colossale qu’ils abattent à l’abri des regards par amour pour leur patrie pour éduquer et enseigner les plus jeunes !
Oui ! Il y a des trésors humains cachés en Be Africa! Ils sont apparemment minoritaires. Mais j’ose croire qu’ils sont plus nombreux que ce que je pense. L’espérance d’une épidémie de justice, de culture de l’excellence, de refus de la main tendue, de rejet du complexe d’infériorité, de justice…Voilà ce que j’ai ressenti.
Les lignes bougent. Apparemment doucement selon notre point de vue. Trop doucement diront certains. Mais nous pourrions être agréablement surpris un de ces matins. Nous ne l’aurions pas vu venir. Mais le changement sera là. Ceci non pas grâce à je ne sais quel exercice de prestidigitation de nos supra politiciens. Ce sera le fruit du travail dans l’ombre et dans l’anonymat de ces véritables filles et fils de Centrafrique.
C’est pourquoi, quand bien même je ne suis pas, à l’aune de la société, un kotazo, un wandara ou que sais-je encore… Une chose est certaine et avérée, mon âme je ne la braderai pas ! Que Dieu m’en préserve. Et qu’Il m’accorde la grâce de venir à bout de mes faiblesses et de tenir ferme face au rouleau compresseur social.
Que celles et ceux qui sont au bout du rouleau ne lâchent rien et demeurent fidèles à leurs principes. Ceci quelle que soit la tempête qui soufflera ! Quant aux sans foi ni loi, bon vent et gardez votre poison pour vous !!! Il y a un temps pour tout sous le soleil. La nuit ne saurait durer indéfiniment. Oui, le soleil reviendra !
Pourriez-vous dire fièrement en bombant le torse que vous avez aussi contribué à ce relèvement ? Même ne fusse que, et surtout, par l’exemple de votre vie ? A vous de voir… Je finirai par ce verset des Saintes Ecritures dans Proverbes, 4 :23 – Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie.

Louis-Philippe BANGANZONI

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