Libre opinion

CENTRAFRIQUE : DEMONTER LE PASSE POUR TROUVER LES CLES DE L’AVENIR

Par Francis Macaire YABENDJI-YOGA

De quoi est fait l’avenir de la RCA ? Des tabloïdes nous apprennent, chaque jour, que les principaux candidats au scrutin du 18 octobre s’activent à l’étranger pour élargir leurs réseaux et gagner en visibilité. De nombreux observateurs et diplomates, sur le terrain en Centrafrique, sont unanimes sur l’état actuel de la transition en Centrafrique : la restauration de l’autorité de l’Etat, la revitalisation de l’administration, la réinstallation des déplacés et des réfugiés et la bonne gestion des finances publiques restent à faire. Des progrès en matière de sécurité sont enregistrés, il faut les devoir à la Minusca, appuyée par la Force française Sangaris. Le népotisme, le clanisme et les mauvaises pratiques sont toujours présents, maquillés,  avec les mêmes effets dévastateurs que par le passé. Mais restaurer la RCA ne doit pas se limiter à normaliser des questions de surface alors que le passé centrafricain est un conglomérat de fiasco qui ne profite qu’aux commanditaires de la tragédie centrafricaine.

Ces derniers jours, en Centrafrique, sont plus révélateurs sur la nature des rapports qu’entretiennent des multinationales avec des dirigeants centrafricains tapis dans l’ombre des groupes armés qui écument le paysage socio-économique centrafricain. Bois et diamants de ce pays, sauvagement ravagé par des troubles, sont exploités illégalement et prennent essentiellement la destination de l’Europe. « Des entreprises européennes ont acheté du bois à des sociétés forestières de RCA, qui ont payé en 2013 plus de 3,4 millions d’euros aux rebelles pour continuer d’exploiter les forêts en toute illégalité, à grande échelle et pour des bénéfices considérables », peut-on lire dans un rapport, publié le 15 juillet, par l’Ong Global Witness intitulé « Bois de sang, comment l’Europe a aidé à financer la guerre en République centrafricaine ». Est-il possible de résoudre les problèmes sécuritaires alimentés par ses richesses minières et forestières illégalement exploitées, d’assurer le développement économique et social sur l’ensemble du territoire et de résister aux forces déstabilisatrices venues de l’extérieur ?

QUADRATURE DU CERCLE. La Centrafrique n’a toujours pas retrouvé sa pleine stabilité, mais le pays ne manque pas de prétendants pour le diriger. A l’approche des élections présidentielle et législatives d’octobre de 2015, la période de pré-campagne est riche en organisation, en veillée d’armes et en lobbying sans manifestation de proposition de politique ferme pour se séparer de lourd héritage du passé fait de complots politiques internes, de mal gouvernance, de chevauchement et cacophonie de compétence de l’administration et du clientélisme de l’Etat. Des faiblesses qui ont dévasté la République centrafricaines depuis plusieurs décennies. Non la RCA n’a jamais été un Etat original pour justifier une restauration au sens propre du terme. Son originalité se trouve dans le fiasco qui amène chaque nouveau pouvoir installé à prendre le relais pour chercher la quadrature du cercle. Vite, il fait dans l’enlisement avec le maintien du statu quo et renoue avec les incontournables prédateurs partenaires qui sévissent tout le temps.

SOUTIENS POLITIQUES ET OPPORTUNITÉS D’AFFAIRES MALSAINS. Poussés par des vents, certains favorables, des candidats à l’élection présidentielle se lancent à l’étranger, notamment en Europe, pour activer réseaux et gagner en visibilité. La France reste, en tout état de cause, la destination favorite même si Global Witness dans son dernier rapport a identifié des opérateurs allemands, chinois et libanais qui ont payé des millions de dollars aux rebelles armés. Les soutiens politiques et les opportunités d’affaires internationaux se révèlent, au fil des temps, de moins en moins sains au regard des rapports d’enquêtes mettant en causes des entreprises internationales qui signent des contrats lucratifs pour des activités subversives. Le pouvoir et en même temps les forces négatives font dans la contrebande grâce aux appuis extérieurs.

Ces ambitieuses opérations et  actions de lobbying des politiques centrafricains à destinations des décideurs politiques et dans les milieux d’affaires internationaux dans le passé doivent faire l’objet d’ateliers de sensibilisation pour éviter leur reconduction. Comme l’on pourra le constater, si la Centrafrique ne démonte pas son passé et en l’absence d’élections aux contours crédibles et transparents, la voie sera alors ouverte à toutes les aventures et la Centrafrique rejoindra le cimetière des Etats comme la Sierra-Leone, le Libéria dans le temps et la Libye aujourd’hui.

Francis Macaire YABENDJI-YOGA

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