Chronique de GJK

SANS UN PREMIER MINISTRE DE BON COMPROMIS, LA TRANSITION CONSENSUELLE EN RCA N’EST QUE L’EXPRESSION POLITIQUE D’UNE COMPROMISSION PERNICIEUSE ET ABJECTE

Par GJK

A la vérité, les hommes politiques centrafricains sont vraiment à plaindre. A les voir agir et entendre parler, c’est très généralement une multitude de questions qui émerge spontanément de vos entrailles, vous titille longuement et au final, vous prive de votre précieux temps de travail ou de repos. S’ils vous font douter dans la plupart des cas de leurs capacités d’analyse politique – faute de culture et de formation -, ce qui bouleverse le plus cependant, reste surtout et malheureusement cette impression que donnent ces hommes et femmes, d’ignorer totalement leur raison d’être et leur propre identité politique, c’est-à-dire ce qu’ils sont , ce qu’ils font et où ils vont !

Par ailleurs, comment peut-on prétendre parler légitimement de politique, et défendre politiquement et socialement des concepts ainsi que des principes auxquels il faut donner corps et vie, dès lors que l’on ignore soi-même, ne fut-ce que dans leurs grandes lignes, les règles et les composantes majeures qui définissent ces notions et leur permettent d’exister ?

Et puisque tout le monde parle aujourd’hui de « TRANSITION », je vous invite à faire tout simplement le tour de tous ces individus censés animer la vie politique centrafricaine, et vous aviserez ! Mieux, essayez d’accoler au mot transition l’épithète, « politique, institutionnelle, consensuelle, démocratique » ; c’est à peine que l’on ne vous demandera pas d’aller vous faire f.. !

Or aujourd’hui en Centrafrique, aucun acteur politique sérieux, ne peut et ne doit même être admis en principe à débattre d’un sujet quelconque qui engage la vie des Centrafricains, sans pouvoir s’en référer aux règles applicables de la transition, telles qu’elles ont été conçues et élaborées à Libreville en janvier 2013. Et c’est aussi pour cette raison qu’en traitant le sujet qui est le mien aujourd’hui, je me dois de m’appuyer sur le « mythe fondateur » du régime actuel.

Ainsi que je l’affirme dans mon titre, ma conviction est bien celle-ci : Sans un nouveau Premier Ministre de bon compromis, la transition consensuelle en RCA, n’est que l’expression politique d’une compromission pernicieuse et abjecte. Mieux, cette transition démocratique court le risque de demeurer une illusion. Et pour mettre fin à une telle imposture, le peuple n’a pas d’autre choix que de refuser de se soumettre, autrement dit le peuple doit se soulever. Car, « quand l’injustice devient la loi, la résistance est un devoir » et ce qui vient de se passer au Burkina-Faso annonce à ne point en douter, « le printemps tropical ». Ce soulèvement populaire exemplaire sonne ainsi le glas des dictatures sahélo-sahéliennes aux mains d’apprentis sorciers.

Mais avant d’en arriver à cela, dialoguons, discutons et cherchons ensemble avant tout, à bien nous entendre sur la TRANSITION, quelle que soit l’épithète que chacun veut lui donner. Aussi, pour ma part je retiendrai tout simplement – afin d’éviter toute définition savante inutile -, que la transition centrafricaine est le processus devant permettre la sortie de crise et la mise en place d’un régime démocratique.

En effet, à Libreville en janvier 2013, afin de trouver une solution globale aux troubles nés de la mauvaise gouvernance du régime Bozizé, à l’origine depuis plusieurs années de profonds mécontentements du peuple mais aussi des soulèvements armés récurrents, les Centrafricains avaient convenu de définir les règles d’un nouveau contrat politique et social, lesquelles ont été consignées d’abord dans les différents « actes de Libreville » et plus tard dans la charte constitutionnelle qui a consacré le principe de la réconciliation nationale et celui de la recherche permanente du consensus.

Ceci dit, le fondement et l’esprit même de cette transition centrafricaine, restent qu’elle devra servir de passerelle entre l’ancienne autocratie et la nouvelle démocratie, en permettant pendant cette période transitionnelle, une cohabitation et une gestion commune du pays par « les ennemis d’hier, convertis de la sorte en adversaires dans ce qui est appelé à devenir un cadre civilisé de règlement des conflits ». Dans cette opération, le chef de l’exécutif doit comprendre et accepter l’existence d’un contre-pouvoir – sans lequel la transition n’a plus de sens –, en nommant obligatoirement au poste de premier ministre une personnalité de l’opposition.

C’est ainsi que Bozizé après moult tergiversations, avait fini par désigner au poste de Premier Ministre, Nicolas Tiangaye du FARE, à l’époque principal regroupement des partis de l’opposition démocratiqueQuelques jours après la prise de pouvoir de Djotodia jusqu’à sa démission en janvier 2014, le seul véritable acte politique positif que celui-ci aura posé, fut de reconnaître et de reconduire Tiangaye au même poste. Djotodia n’était en aucun cas obligé de reconduire Tiangaye ou de nommer un autre PM de l’opposition. Il lui suffisait de déclarer qu’il suspendait la transition actuelle sous sa « forme librevilloise ». Mais dès l’instant où il avait déclaré s’inscrire dans ce processus, il lui fallait en observer les règles.

Tout compte fait, sur ce principe fondamental et non négociable de la transition avec un premier ministre obligatoirement désigné par l’opposition, les deux précédents Présidents n’ont absolument pas failli.

A l’avènement de Catherine Samba-Panza dans les conditions que l’on sait, la succession rapide des événements, les calculs politiciens, le manque de sang-froid des uns, l’amateurisme des autres, bref, la confusion politique généralisée, a créé toutes les conditions ayant abouti à une perte totale de lucidité sur cette importante question de la désignation d’un PM issu de l’opposition. L’on se souviendra une fois encore, du tollé général qui a accueilli le rappel de ce principe – malheureusement très mal présenté à l’époque – par l’AFDT qui prêchait pour sa chapelle, ce qui peut paraître normal.

Aussi à partir du moment où le sujet avait été escamoté et donc non élucidé ; à partir du moment où de nouvelles règles de désignation du PM n’ont pas été adoptées par les différents protagonistes de la crise ; à partir du moment où l’on a laissé Samba-Panza faire sans que personne n’ait perçu et noté la gravité de l’acte ; c’est en réalité depuis le 27 janvier 2014 date du décret de nomination de Nzapayéké en qualité de PM, que Samba-Panza a signé également l’acte de décès de la TRANSITION en usant d’un pouvoir discrétionnaire qu’aucun texte ne lui reconnaît. Du coup une « dictature consensuelle » a été instaurée et depuis lors, aussi bien la classe politique que la société civile, du fait de leur insidieuse compromission, ne sont utilisées que pour servir de caution morale et de faire-valoir à un régime qui se fout royalement de leurs points de vue et  autres desidérata !

Qu’on le veuille ou non, aucune rhétorique consensuelle pour expliquer et justifier l’existence du régime actuel abusivement appelé de transition ne saurait résister à une analyse critique approfondie. L’esprit de la transition conçue à Libreville –  qui se voulait un moment fondateur de la marche vers la démocratie -, a été totalement sabordé et fort longtemps!

Aujourd’hui grâce à l’argent d’une part, et profitant d’autre part de la division et de toutes les faiblesses des protagonistes de la crise centrafricaine, Samba-Panza peut se permettre indéfiniment de jouer les prolongations, ce qui signifie l’enlisement du projet démocratique. C’est d’ailleurs l’une des idées maîtresses de ma prochaine réflexion qui a pour titre, si cela ne change pas d’ici-là : SAMBA-PANZA VEUT LA PAIX EN PREPARANT ACTIVEMENT LA GUERRE …MAIS POURQUOI ET CONTRE QUI ?

En définitive, au lieu de penser et fixer les regards uniquement sur les prochaines échéances électorales dont les dates resteront aussi incertaines que le retour glorieux du Christ Jésus, les partis politiques aussi bien que la société civile, ont tout intérêt à se réapproprier la présente réflexion, dans le but de remettre sur la table la question de la nomination du premier ministre. Kamoun est illégitime et doit à tout prix partir, de gré ou de force. Le nouveau premier Ministre doit venir de « l’opposition », c’est-à-dire être une personnalité suffisamment forte et n’appartenant pas au sérail ou au réseau CSP-Démafouth.

Je persiste et signe : Sans un nouveau Premier Ministre de bon compromis, la transition consensuelle en RCA, n’est que l’expression politique d’une compromission pernicieuse et abjecte.

Que l’on prenne garde avant que le peuple ne décide de régler lui-même la question.

Haut les cœurs !

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié

De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô

Penseur Social

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