Grand format de J.Gréla

REVUE DE PRESSE : CENTRAFRIQUE, DU CORTEGE MEURTRIER A LA DECHEANCE HUMAINE

Une stratégie partitionniste

Il ne se passe pas un jour sans parler de violences, de meurtres. Centrafrique est en guerre. Centrafrique ne fait plus face aux selekas mais à des voyous, des terroristes, des lâches, des renégats, des desperados, des djihadistes qui s’en prennent aux vulnérables, aux faibles, aux personnes non-armées incapables de se défendre. Ce ne sont pas des Centrafricains, mais des pouilleux étrangers, des gueux criminels. Centrafrique et ses âmes doivent réagir. Elles doivent se protéger.

Malheureusement, la Misca burundaise pourtant, agent de sécurité de ce quartier et de ce camp des réfugiés a failli à la surveillance, à la protection. Où était-elle ? Pourquoi n’a-t-elle pas arrêté les deux véhicules pick-ups transportant les assaillants armés et une moto pénétrer dans la cour de la paroisse alors qu’elle venait de chasser les anti-balles AK ? Tant questions inexpliquées restent en suspens et raisonnent dans la tête des victimes et de tous les centrafricains comme un abandon, une défaillance, une complicité. Déjà, le 28 mars dernier, la Misca burundaise qui sécurise toujours ce quartier et le camp des réfugiés de l’Eglise de Fatima était alors accusée de connivence avec les groupes armés alliés aux selekas. «Les musulmans et les Burundais marchent ensemble», avait, en ce moment déclaré, convaincu, à l’AFP, un habitant.

On ne respecte plus rien ici, prenons-nous en charge

Sachant que la communauté internationale à travers les forces militaires présentes en Centrafrique ne sont pas venus mourrir pour le pauvre centrafricain tourmenté et embourbé dans la logique des violences, elle doit  lui permettre de réarmer ces propres hommes, de les envoyer aux fronts appuyés par la Misca et Sangaris. En d’autres termes, le centrafricain lui-même doit se défendre et prendre en charge sa sécurité pour résister aux boucheries innombrables tant à Bangui qu’en provinces, dans les villages.

Cette attaque organisée minutieusement, préméditée et sans limite de la part des barbares, des incultes sanguinaires rappelle les massacres nazis du village de la Haute-Vienne, Oradour-sur-Glane dans l’église, le 10 juin 1944, de Maillé en Indre-et-Loire, le 25 août 1944, de Marzabotto en Italie perpétrés entre le 29 septembre et le 5 octobre1944 et de Distomo, un village grec, le 10 juin 1944, où, pendant plus de deux heures, les allemands firent du porte à porte pour massacrer hommes, femmes et femmes enceintes, enfants, bébés et décapiter le prêtre. De même hier mercredi après-midi à Bangui, des hommes armés ont fait irruption et tué environ 15 personnes, dont un prêtre dans l’église Notre-Dame de Fatima où des milliers de déplacés avaient trouvé refuge. la Misca, elle-même, fait état de vingt morts, a rapporté un journaliste de l’AFP avec Afriquinfos et Jeune Afrique.

Dans la tourmente de Bambari, la Ouaka, ville coupée en deux

Alors que le quartier de Fatima et son Eglise à Bangui viennent de connaître pour la 2ème fois une attaque sauvage hier après-midi faisant des morts, des blessés, Bambari, siège de l’état-major des seleka n’a pas fini avec son théâtre d’affrontements entre l’armée française et des musulmans liés à la Séléka. Des soldats des forces internationales, en l’occurrence, sangaris, sont jugés complices des anti-balles AK. Visiblement les soldats sangaris ne maitrisent rien à Bambari. Ils ne peuvent eux-mêmes traverser le pont qui enjambe la rivière. Ils tiennent la rive gauche.

Vous êtes Français ? … Vous ne passerez pas !

Mais ils n’interviennent pas sur le barrage des excités drogués au tramadol, comprimé absorbé à haute dose avec de l’alcool de palme. Les jeunes émeutiers s’excitent à l’approche de véhicules sur le pont. Ils ne veulent pas des soldats de Sangaris, a commenté à Bambari, Laurent Larcher, l’envoyé spécial du journal La Croix dans son reportage de ce vendredi 29 mai. « Vous êtes Français ? » … « Vous ne passerez pas ! », « À mort les Français, à mort Sangaris », « Sangaris, génocide »… a craché un jeune homme, un gourdin clouté à la main, tandis qu’une centaine de ses camarades armés de machettes, poignards, arcs et flèches entourent le pick-up qui traverse le pont, en hurlant. « Non, nous ne sommes pas français mais américains et anglais. » « Nous sommes des journalistes américains et anglais », a rétorqué sans se démonter le Britannique Dann Flenn, de l’agence Reuters. « S’ils sont américains, il faut qu’ils passent pour raconter ce que Sangaris nous fait ici », reprend l’un des émeutiers. « D’accord », dit un autre. La voiture peut enfin traverser le pont.  Cette situation décrite par l’envoyé spécial démontre à quel point la tension à Bambari couve sous une colère incandescente et reste explosive malgré la semonce de l’ambassadeur de France, Charles Malinas qui s’était employé à recadrer les chefs de la Séléka, qui a jugé nul et non avenu leur état-major, qui a réaffirmé l’unité du pays contre toute velléité de partition.« Ce discours, a raporté le journaliste de la Croix, fut chaudement applaudi par les chrétiens présents dans la salle, mais froidement accueilli par les musulmans ».

Velléité de partition entretenue

Le général Joseph Zoundeko, le chef de l’état-major de la Séléka, lui-même entretient des sentiments de haine et accuse les soldats de sangaris de favoritisme envers les anti-balles AK. En filigrane, se dessine les prémisses ou les raisons de la partition : « Nous nous sommes installés à Bambari non pour préparer la partition du pays mais pour protéger la population des anti-balles AK. Nous voulons bien collaborer avec Sangaris mais nous constatons que plus les Français se déploient en RCA, moins il y a de musulmans. Il y a un lien de complicité entre Sangaris et les anti-balles AK », affirmait-il au journal  La Croix. A l’évidence, les seleka qui se considèrent comme les forces républicaines à la place des FACA, ne veulent pas entendre parler de mesures de confiance ou le cantonnement en vue d’un désarmement.

Toutefois, l’envoyé spécial de La Croix, Laurent Larcher, à Bambari, a souligné dans son reportage ce vendredi 29 mai qu’« encouragées par Sangaris, les autorités catholiques et musulmanes essaient ensemble de rassurer les esprits. Si les Français ont repris pied sur la rive gauche, ils ne peuvent pas grand-chose contre le départ des familles musulmanes qui ne se sentent plus en sécurité à Bambari. Et ils ne voient pas que dans leur dos, parmi les jeunes chrétiens, malgré les appels au calme de l’évêque Édouard Mathos, des noyaux durs sont en train de se former en vue de la revanche, espérée pour bientôt ».

Bangui paralysée… Samba Panza bloquée à l’aéroport

« Nous ne sommes pas encore arrivés à ce niveau-là et donc le défi sécuritaire demeure », a indiqué madame Samba Panza, à l’Afriquinfos avec l’agence Xinhua ce 28 mai 2014, en compagnie du chef de l’Etat congolais, Denis Sassou N’Guesso, le médiateur lors de son déplacement à Brazzaville pour un point sur la situation centrafricaine. Elle avait, nul doute raison car Bangui est restée sous une extrême tension ce jeudi. Des barricades ont érigées en ville et des échauffourées entre jeunes et la Misca ont été enregistrées au lendemain de cette attaque odieuse et criminelle de la population en l’église de Fatima. Plusieurs civils ont été blessés par balle dans des circonstances non élucidées, a constaté un journaliste de l’AFP. Même «dans le quartier de Lakouanga, dans le centre-ville épargné jusque-là par les violences, la mosquée a été saccagée par des civils en colère », a commenté le journaliste de l’AFP avec Le Figaro ce jeudi 29 mai. Le convoi de la présidente de transition Samba Panza, de retour de Brazzaville, bloqué à l’aéroport de circuler sans encombres entre l’aéroport et ses bureaux après le retraits de ces barricades par Sangaris et Misca.

Les sites des déplacés dans le sud Bangui

Suite aux événements de la veille et les tensions grandissantes dans les quartiers, les sept sites des déplacés situés dans la commune  Bimbo sont pris d’assaut par les populations environnantes. Le nombre des déplacés a augmenté progressivement. A Fatima, les déplacés  ont quitté les lieux à cause de la tension toujours vive dans le quartier.  « Des détonations d’armes se sont  poursuivies jusqu’à midi », a constaté le RJDH/RCA. « Les responsables de l’Eglise Catholique de Centrafrique promettent faire une déclaration vendredi prochain », a poursuivi le Réseau, ce jeudi 29 mai 2014.

Kabo, un homme à la chasse a été tué

Des tensions à Bangui. Des orages à Bambari. Des tonnerres à Dékoa et Mala. Des crépitements de canons à Kaga-Bandoro et perte de vie humaine  encore à Kabo. Partout, Centrafrique est une jungle urbaine, villageoise campagnarde. Certaines localité sont aux oubliettes mais souffrent au même titre que celles qui sont dans la lumière médiatique. C’est ainsi qu’à Kabo, l’une des villes de la toujours occupée par des éléments de Séléka en instance du désarmement, la population continue de se plaindre de la persistance des actes de violences et des exactions cruelles provenant, selon les témoignages recueillis par le RJDH/RCA, des éleveurs peulhs. Un homme à la chasse a été tué, ce mercredi 28 mai, a signalé le RJDH. En ville, les éléments de Séléka maltraitent et ne cessent de commettre des exactions sur les civils. En brousse, les peuhls sévissent. Les populations ne peuvent aller aux champs cultiver ou récolter. « Nous ne pouvons plus nous déplacer pour aller au champ ou à la chasse. Nos activités sont limitées qu’au centre ville », a déploré une autorité locale jointe par le RJDH. Les populations sont otages des groupes armées. Il en est de même dans toutes les contrées de la Centrafrique. « Quand donc cela finira-t-il ? » a regretté Mgr Dieudonné Nzapalainga, l’archevêque de Bangui, éploré devant ces pertes de vie.

Cette irruption vengeresse et meurtrière a soulevé une vague d’indignation, un regain de violence et de ressentiment dans toute la ville de Bangui contre la communauté musulmane. Des hommes armés sont entrés dans la mosquée de Lakouanga, une des dernières mosquées encore debout à Bangui, jusqu’alors protégée par ses voisins chrétiens, a concédé le reporter de La Croix. « Ils ont défoncé la porte d’entrée, volé les tapis, saccagé l’intérieur, et dit qu’ils reviendraient le soir pour tuer les musulmans », a témoigné Aboubakar, l’un des musulmans du quartier, qui vivait sous la protection de ses voisins chrétiens. Après ce saccage, il s’est enfui comme de nombreux coreligionnaires, a enchéri le journaliste.

Ce qui se passe en Centrafrique est innommable et devrait marquer profondément les consciences. Les mesures de confiance ou le cantonnement en vue d’un désarmement ne sont pour le moment que chimères et utopies. L’état-major des seleka, en bon stratège, brouille les pistes, fait et défait son raisonnement sécessionniste, engendre les troubles, se conforte dans les violences en martelant qu’il est victime pour peser devant la Minusca, marquer son autorité sur les régions occupées, proclamer son autonomie et finalement réaliser son rêve de partition.

En Centrafrique, je sens encore l’odeur de la mort… On ajoutera également,  je sens encore l’odeur de la partition dans cette spirale de violence.

Joseph GRÉLA

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page