Tribune de A.Pakoua

LE CENTRAFRIQUE FACE A SON DESTIN

Par Adolphe PAKOUA

« Il vaut mieux une mauvaise élection qu’une transition chancelante » dixit le Président du Tchad en visite à Paris.

Voilà une déclaration qui tranche net dans un débat qui ballotte depuis des mois et des mois les centrafricains incapables de prendre des décisions et de les appliquer telles qu’ils les ont prises. Les problèmes du Centrafrique sont si épineux que tous ceux qui tentent de s’y intéresser s’y piquent inévitablement. Avant les résolutions du grand forum de Bangui, personne n’ignore que le Tchad avait joué un rôle de premier plan pendant le règne féroce de la seleka au point de devoir se retirer de Centrafrique contre son gré, sous le rejet massif du peuple centrafricain, en rapport au jeu flou que le contingent de l’armée tchadienne jouait, pour être accusé de complicité dans certaines exactions commises sur les nationaux centrafricains.

Ces problèmes de Centrafrique sont si épineux que le médiateur international de la crise centrafricaine se voit couper l’herbe sous les pieds, à l’avantage du Président du Tchad à qui le tapis rouge a été déroulé pour venir au secours de la résolution de la crise centrafricaine.

L’échec des autorités de la transition, toutes institutions confondues de cette pauvre transition comprises, est si patent que la décision de mettre un terme assez rapidement à ce chaos vient enlever tous les espoirs de ceux qui voulaient tirer en longueur la transition pour entrevoir des élections parfaites.

Aujourd’hui, on demande au peuple centrafricain de conduire à terme une élection précipitée et « mauvaise » pour enrayer tous les maux qui gangrènent le pays depuis presque trois années.

Quelle réponse le peuple centrafricain doit-il donner à ce défi qui n’est pas moins qu’un affront, pour ne pas penser à une injure ?

Le danger que le pays court dans une telle précipitation est de tomber dans le piège d’une telle organisation électorale et de faire élire la personne que les hommes qui tirent les ficelles de la marionnette centrafricaine voudraient voir demain à la tête de ce pays.

Une alternative s’offre aux centrafricains : ou tous les candidats à la présidentielle retirent leur candidature et désignent à l’unanimité un seul candidat pour cette élection ( ce qui donnera l’avantage de ne pas voir quelqu’un d’imposé de l’extérieur prendre le pouvoir de Bangui), ou on accepte toutes les candidatures retenues par la cour constitutionnelle et mener une élection présidentielle tellement transparente qu’elle se passera de toutes sortes de réclamations après la proclamation des résultats.

L’on voit bien que dans tous les cas, cela demandera le dépassement de soi, à tous les niveaux, car la vraie indépendance du pays s’exprimera à ce niveau, à un niveau où l’homme choisi sera celui du peuple centrafricain dans sa majorité.

Sommes-nous capables de ce dépassement ?

Hier, nous avons demandé le départ des troupes tchadiennes du Centrafrique, à juste raison. Allons-nous accepter le retour de ces mêmes troupes parce que nous n’avons pas su ramener la paix chez nous, sans eux ?

Le Centrafrique est bien évidemment un pays de paradoxes où le ridicule ne tue personne.

Allons nous continuer à entretenir ce ridicule qui fait de nous la risée de tous nos autres frères ?

On nous a trompés en nous faisant croire que notre drame était confessionnel et nous nous sommes laissés aller en nous entretuant croyant effectivement à la thèse qu’on nous a servie.

Dans l’équipe nationale de football qui plié l’échine à l’équipe de la RDC il y a de cela quelques semaines seulement, notre équipe nationale était composée de toute sa diversité et a fait pendant quelques jours la fierté de tous les centrafricains, sans distinction de régions, d’ethnies, ou de croyances.

Cet élément unificateur avait fait la preuve que la paix pouvait revenir très vite dans ce pays, pour peu que les autorités politiques se saisissent de cet atout pour le capitaliser et le densifier dans l’esprit, le comportement des uns et des autres.

Rien n’a été fait car la politique coutumière a vite pris le dessus, pour balayer d’un revers de main cet immense atout.

La déclaration du Président du Tchad est sans équivoque et montre à quel point les centrafricains doivent prendre leurs vraies responsabilités.

Alors, même si les élections devraient être précipitées, nous devons montrer au monde que nous pouvons les faire parfaites, dans la liberté de choix, la transparence, l’absence de toute tentative de fraude, la sécurité que nous mêmes pouvons assurer, et cela ne dépendra que de nous, de personne d’autre.

Notre pays est en danger, mais alors un danger réel. Faisons tout pour ne pas le laisser y plonger.

 Adolphe PAKOUA

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