Par Passi Keruma
Vers un choix cornélien
Pendant les élections, de nombreux candidats ont eu l’ambition d’incarner « le peuple » allant jusqu’à prétendre parler en son nom. Mais qui va finalement avoir sa faveur ?
Avant de répondre à cette question, une autre question s’impose. Être le candidat du peuple, c’est quoi d’abord ? Faire croire aux gens qu’on vit leur vie ? Dire au peuple, « je vous ressemble » ? C’est promettre monts et merveilles au peuple en faisant croire qu’on les rendrait riche par un coup de bâton magique ? C’est parce que tout le monde applaudit ses beaux discours ?
Après avoir connu tant d’exactions cruelles sous les différents régimes passés, le peuple centrafricain exprime aujourd’hui, de plusieurs manières, son souhait d’édifier sur la terre des ancêtres une Centrafrique véritablement démocratique. Dès lors, deux questions sont récurrentes : pour qui doit-on voter ? Ce candidat sera-t-il doué de vertu afin de réaliser le rêve de Boganda, bâtir une Centrafrique riche, puissante et prospère au coeur de l’Afrique ?
Toutes ces questions, taraudant l’esprit de chaque centrafricain, prouvent que son choix sera cornélien.
Les candidats se leurrent, le Peuple n’est pas amnésique
Pendant la campagne, les trente prétendants au palais de la Renaissance lui ont tous fait les yeux doux durant cette campagne. Tous lui ont promis d’améliorer son quotidien malgré les problèmes auxquels la Centrafrique est confrontée, « avec une histoire rythmée par des coups d’Etat à répétitions et des conflits nés de l’instrumentalisation des égos démesurés, de la cupidité, de l’absence de vision et de l’obsession pour le pouvoir des acteurs politiques centrafricains, …. », et de « la faute à une élite qui s’est davantage préoccupée de son propre enrichissement au détriment de la construction sur l’étendue de tout le pays d’infrastructures routières permettant de relier les différentes localités et de désenclaver certaines zones rurales. La faute aussi à une classe politique qui, dans son ensemble, est prête à toutes les combines pour arriver à l’objectif entrevu. » (cf. Boubacar Sanso Barry dans sa tribune sur le blog ledjely.com). Le centrafricain se doit de réfléchir sept fois aujourd’hui avant de prendre une décision finale.
D’ailleurs, dans cet exercice, certains candidats ont d’ailleurs sorti l’artillerie lourde pour récolter sa voix avec des moyens astronomiques. Sauf que le Peuple n’est pas totalement amnésique. Il se rappelle que les prétendus « candidats du peuple » sont porteurs de ses malheurs. Certains sont la cause de son chômage aujourd’hui pour avoir pris des mesures draconiennes au nom d’un soit-disant « redressement économique » dont on n’a jamais vu les fruits.
Ce peuple, qu’ils invoquent à chaque meeting, dans chaque discours, au bout de chaque plume, et promettent de lui rendre « sa liberté », de lui redonner « espoir » et de défendre « sa dignité », sait que ce ces gens ne lui ressemblent pas. Alors, de quel peuple parlent- ils au juste?
Le « Candidat du peuple », c’est le choix dont le Peuple est l’Héros
On ne s’impose pas pour devenir « candidat du peuple ». Être candidat de son parti, de son ethnie, ou de son clan ne signifie pas « être candidat du peuple ». Être candidat du peuple ne veut pas dire parler au nom du peuple pour un système ou une oligarchie qui prendra le peuple demain en otage.
Le « candidat du peuple » centrafricain, c’est celui dont les concurrents négligeaient, mais le peuple est allé le chercher au fond des urnes pour l’amener sous des projecteurs. Au 1° tour, le peuple centrafricain a donné à chaque concurrent politique cette simple leçon de morale qu’avec lui : « Rien ne sert de courir ; il faut partir à point ». Le Lièvre et la Tortue en sont un témoignage.
Passi Keruma
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