Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : ON TUE, ON VIOLE, ON INCENDIE, MAIS QUE DIT LA DIASPORA ?

Par Adolphe PAKOUA

Rien ne sert de rappeler à tout un chacun que les nouvelles qui tombent de Centrafrique, non seulement font couler beaucoup de larmes et d’encre, mais elles donnent aussi tant de sueurs froides à ceux qui sont encore touchés au fond d’eux-mêmes par ces sentiments humains devant lesquels seules les personnes très sensibles ne peuvent demeurer sans réaction, car celles-ci ont la capacité de saisir la profondeur des douleurs qu’un peuple, un être en détresse, ressent quand le monde autour de lui s’effondre.

Depuis quelques temps, pas une semaine ne s’écoule sans qu’on apprenne que Bangui est en ébullition. Bangui est devenue cette ville où plus personne ne peut dormir tranquillement car des monstres ayant voué leur âme au diable ont décidé de transformer la ville en enfer.

Les raisons que certains évoquent pour trouver une explication à cette folie meurtrière et destructrice est que l’approche des élections est un danger pour ceux qui auraient des mains souillées et donc qui ne voudraient pas le moindre changement dans le pays, de peur de devoir un jour rendre des comptes à qui de droit.

D’autres pensent à des forces souterraines qui voudraient perpétuer le statu quo pour continuer à tirer les marrons du feu.

De ces deux raisons majeures qui n’excluent pas l’existence d’autres, le peuple centrafricain n’aura de cesse de se demander pourquoi il doit subir « sans raison apparente », les coups d’un tel sort.

Un forum national a été organisé, qui devait mettre tout le monde d’accord et abréger l’incertitude d’une gouvernance aléatoire.

Des concertations ont été menées après ce forum pour tenter d’aboutir aux résultats, qui auraient échappé aux décisions des participants du forum.

Il faut rappeler que des accords de cessez-le-feu avaient été signés à une ou deux reprises, qui demandaient aux belligérants armés de déposer les armes pour converger vers la paix.

Aujourd’hui, l’organisation des élections majeures semble être la seule porte de sortie de la crise diabolique qui tourmente et aliène le peuple centrafricain.

On tue, on viole, on incendie tout à Bangui. Un désastre qui n’appelle pas au réveil des consciences centrafricaines.

A l’aube du forum de Bangui, quelle effervescence de réunions des associations de la diaspora pour se préparer au festival !

Le Comité Ad Hoc de la diaspora pour la paix en Centrafrique, qui avait été à l’initiative de certaines réunions de la diaspora pour l’ébauche d’un travail collectif en vue d’aider à la résolution de la crise s’est depuis, mis en veilleuse à cause de « l’efficacité solidaire » des centrafricains.

Aujourd’hui que ce comité a pris cette posture, plus personne ne parle de la diaspora, plus personne n’organise de réunions sous l’étiquette de la diaspora et de ce qu’elle pense et peut faire à un moment où les élections se profilent à l’horizon, un moment où on tue à volonté, incendie de manière gratuite les habitations des centrafricains qui ont dû verser toute la sueur de leur corps pour construire ces habitations afin d’y protéger leurs familles.

Doit-on se demander si le forum de Bangui était l’unique raison de voir les centrafricains de la diaspora se réunir sous cette bannière juste pour mener des actions sporadiques, pilotées par d’autres forces et stimulées par des intérêts cachés ?

Aujourd’hui qu’on tue, viole, incendie les habitations, qu’en pense la diaspora centrafricaine ?

A-t-elle fini de s’identifier comme telle pour la simple raison que ses éléments se sont dilués dans des structures disparates qui n’ont plus aucune référence à la diaspora ?

Attend-on encore que le Comité Ad Hoc de la diaspora pour la paix en Centrafrique se réveille demain et prenne des positions claires par rapport aux réalités « actuelles » du pays pour que tout ce qui se revendique de la diaspora sorte de son coma pour se mettre à parler au nom de la diaspora ?

Pauvre CENTRAFRIQUE. Ton tort, c’est d’avoir un peuple imprévisible, et un peuple qui ne prévoit rien, mais un peuple à la main ouverte, qui doit se soigner de la cécité dont il semble ne pas prendre conscience, à cause de son excès de générosité.

Adolphe PAKOUA

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