Tribune de A.Pakoua

CENTRAFRIQUE : LIBREVILLE OU L’EXPRESSION OFFICIELLE DE LA REAL POLITIQUE

Par Adolphe PAKOUA

Réunis le 25 Novembre 2015 à Libreville pour examiner la situation politique en Centrafrique, les chefs d’Etat de la CEEAC en sont arrivés à prendre une décision majeure quant à la tenue des élections et la prolongation de la transition dans ce pays où la crapulerie et la médiocrité des hommes politiques dépassent l’entendement.

A un moment où beaucoup de centrafricains commencent à s’insurger contre cette décision car décidés à aller au plus vite aux élections afin de mettre un terme à une transition devenue très élastique en dépit de l’incompétence de ses acteurs majeurs, une incompétence qui pourtant excelle dans la roublardise, pour laisser croire à une entente tacite et complice, il convient de retenir la leçon magistrale de real politique que nous a donnée la conférence de Libreville.

En effet de conférence en conférence, de forum à concertation, de prolongation à prolongation, de remaniement gouvernemental à remaniement ministériel, que de parcours effectué et que de temps et d’argent perdus pour arriver au point de départ ?

La real politique dans le cas du Centrafrique a consisté dans un premier temps à organiser une conférence pompeuse en réunissant la plupart des chefs d’Etat de la sous-région, pour décider à Libreville en 2012, des mesures à prendre pour sauver le Centrafrique.

Lors de cette conférence, il a été décidé de maintenir Bozizé au pouvoir, mais de donner les pleins pouvoirs au Premier ministre Tiangaye.

La dernière conférence de Libreville, en dépit de ce que les autorités de l’ANE ont rendu publiques les dates des prochaines élections majeures du pays, n’a pas trouvé mieux que de marcher sur ce torchon des autorités centrafricaines, pour repousser et décréter la fin de la transition au 31 mars 2016, date initialement prévue pour la fin de la première transition Bozize-Tiangaye.

Ce qu’il faut retenir de cette décision, c’est que pour en arriver là, la conférence des chefs d’Etat de la sous-région ne s’est pas déjugée. Et tout ce que l’on peut comprendre, c’est que les grands perdants de cette farce sont d’abord le peuple centrafricain dont la voix n’a pas été entendue dans cette délibération savamment enrobée, l’ancien Président Bozize qui, à cause de son autisme et de son entêtement, aurait pu finir tranquillement son deuxième mandat en dépit d’une feuille de route de transition imposée, l’ancien Premier ministre Tiangaye qui a montré ses limites politiques pour ne pas être décisif pendant la courte transition qu’on lui a confiée.

En dépit de l’absence de la plupart des chefs d’Etat de la CEEAC, les deux seuls présidents présents ont réussi à imposer leur point de vue, qui ne peut être réfuté par leurs pairs qui, par leur non-participation, se sont comportés comme des Ponce Pilate, en se faisant simplement représenter à cette conférence honteuse pour le Centrafrique par des Premiers ministres ou de simples ministres des affaires étrangères, un peu comme pour se laver les mains d’une affaire très sale. Et la real politique, c’est aussi ça.

A cause de la mesquinerie de leurs hommes politiques, les centrafricains pourront toujours avoir leurs yeux pour verser des larmes bouillantes. Ils pourront toujours aller d’un site de déplacés à un autre, voir leurs habitations incendiées, mourir comme des bêtes sans voir leurs enfants aller à l’école, rien n’y fera, la politique les rattrapera toujours, les politiciens les rattraperont toujours pour les amener aux urnes si ce ne sont les hommes armés pour les tenir au bout du canon et recommencer la même danse, la danse de la vie écourtée et de la mort pour les uns, la danse « du ventre » autour des banquets et dans la luxure pour les autres, pour que le Centrafrique soit toujours l’objet de conférences sans fin.

Pauvre pays, mon beau peuple.

Adolphe PAKOUA

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