Libre opinion

SANGARISGATE SEXUEL : Le Charbonnier réclame Justice.

Par Pâsko EMBI MAÏDOU

Nouvelles accusations d’abus sexuels, et de pratiques zoophiles à Dékoua sur de jeunes centrafricains, révélées par l’ONG AIDS-Free World. Un scandale de plus, à vocation biodégradable, le temps que le brouhaha baisse et que le soufflé de l’émotion collective retombe ? En attendant le prochain épisode d’un feuilleton banalisé dont on connaît par avance le dénouement révoltant de l’intrique : fatalement l’impunité ? Non pas ! Car pour plusieurs raisons, ce scandale-ci m’apparaît revêtir une dimension inédite et constituerait le CRIME DE TROP. D’abord parce qu’il survient dans un contexte politique fort délicat, notamment sur le plan calendaire. Aussi la gestion politique de ce dossier recèle t-elle des germes de tension très embarrassants pour certains des principaux protagonistes que sont : Sangaris / MINUSCA, Etat Centrafricain ET Population centrafricaine.

L’honneur perdu de l’Armée française ?

J’avoue d’emblée dans cette prose, une approche au parti-pris assumé, en opérant un distingo clair entre les présumés violeurs de Sangaris, (sur lesquels je m’appesantirai davantage), et les suspects de MINUSCA. Car, contrairement à ces derniers, Sangaris à travers l’Etat Français, traîne un statut de pompier-pyromane, en face d’une crise qui ne serait la tempête semée par le vent de sa politique dite « françafricaine ». Ensuite, le niveau d’exigence de professionnalisme, donc de discipline attendu de l’Armée d’une Puissance nucléaire est nécessairement plus relevé. Symboliquement déjà, une culpabilité avérée de Sangaris serait,de loin la plus intolérable. Ne l’oublions pas si vite, la France avait su prendre bien vite, devant l’histoire, ses responsabilités de Grande puissance, de Pays ami et partenaire, pour voler au secours de la RCA, agressée alors par une armée de chacals-bipèdes sortie de nulle part. Alors que la crise, jour après jour se révélait « Somalisante », voire suintait « Rwandogène », aucun des Pays ou organisations supranationales pressentis ne se porta volontaire. Le débat ici n’est guère de gloser sur les motivations de cette implication française, ni de sa part de responsabilité en amont. Cependant cet engagement salvateur expose les troupes françaises au devoir d’exemplarité. Qu’une minorité criminelle menace d’en anéantir le crédit de la plus vile manière, oblige les autorités concernées à une réaction correctrice vigoureuse. Sangaris incarnant le Sauveur héroïque spontané, Zorro ne saurait finir Pédophile. Enfin, dans la forme, les actes de zoophilie dont les seules troupes françaises sont suspectées ajoutent au traumatisme et à l’extrême gravité des faits. En conséquence, la France se grandirait logiquement à engager sérieusement et jusqu’au bout les investigations nécessaires à l’établissement de la vérité et, le cas échéant, sanctionner les forfaits à la mesure de l’outrage dont son honneur aura été maculé.

Commissaire Navarro plutôt poussif

Hélas, une furtive rétrospective sur la doctrine française en la matière, incline au scepticisme. Complexe d’ancien colon sans doute, les autorités hexagonales n’ont jamais caché leur mépris à l’égard de victimes africaines, chaque fois que la France leur a dû quelque réparation. Juste 2 exemples éloquents : les pensions de tirailleurs http://www.rfi.fr/tirailleurs/20100330-decristallisation-pensions, qui ne furent décristallisées qu’au terme d’âpres batailles politico-judiciaires ; et plus récemment, l’affaire Arche de Zoé avec les mâles postures de l’impayable Sarko Paul Bismuth, (« J’irai les chercher quoiqu’ils aient fait» ),déclarations suivies effectivement d’actes d’humiliation à l’Afrique entière jusqu’au dénouement judiciaire. Mais là où le loufoque le dispute à l’insolente mauvaise foi, c’est quand le ministre français de la Défense, J-Y Le Drian exhorte les présumés violeurs de Sangaris d’une affaire précédente, déjà, d’abus sexuels, à s’auto-dénoncer. Et encore, vraisemblablement à son corps défendant car ses services couveraient longtemps le dossier si le Diplomate Anders Kompass ne l’avait éventé quasiment 1 an après. Franchement ! Est-ce qu’en France, la Police avait t-elle attendu gentiment que le violeur Marc Dutroux vint se livrer à elle ? Heureusement, de guerre lasse,  mais aussi conscient sûrement de la nouvelle intransigeance affichée de l’ONU sur le sujet, le Président Hollande s’en mêle depuis le 1er avril et à plusieurs reprises, volontarisme de nature à tempérer mon scepticisme. «Wait and see ! » donc. Quant au cas des composantes Burundaises et Gabonaises de la MINUSCA dont des éléments seraient impliqués, les rapports de force politiques, -soyons honnêtes-, étant de nature différente et plus horizontale avec leur gouvernement qu’avec le pouvoir français, la jurisprudence RDC d’il y’a quelques semaines doit se durcir à leur endroit : exclusion et rapatriement systématique du contingent incriminé entier, mesures de rétorsion telle la rétention de remboursement au pays concerné jusqu’au procès, prélèvement d’ADN obligatoire etc…

Outai, Maman (Cathy) Outai ?

Un mot sur les autorités sortantes de transition, qui étaient encore aux commandes quand le scandale a éclaté. La discrétion coupable et assourdissante de Dame Samba Panza, que quiconque a pu noter confine à la complicité passive. Ni enquête préliminaire diligentée par le Procureur de la République, encore moins, aucune information judiciaire ouverte, du moins à ma connaissance. Mais le sujet est si sensible que Dame Samba Panza, si prompte d’ordinaire à l’auto-congratulation, aurait pu s’en emparer afin de peser sur la procédure. Tout occupé qu’il était, avant son départ, aux ultimes magouilles et plans de reclassement de carrière, le gouvernement de transition, de par sa désinvolture inouïe, a offert au monde entier le spectacle d’une dramaturgie à front renversé, où le présumé-coupable (la France), s’arroge le Magistère de l’indignation et de la dénonciation. Faisant assaut de surenchères dans les menaces de représailles, aux côtés de l’Avocat (Ban-Ki Moon) d’une victime (Gouvernement centrafricain) encore trop mineure pour se défendre seule. Loin de chercher la polémique facile, ma conviction est que ce dossier symbolise l’échec de CSPanza dont on a tant critiqué la propension maladive à préférer le « farotage » en wax ou Channel ; aux visites de terrain des Ledgers sinistrés. L’enseignement principal à tirer de cette parenthèse expérimentale CSPanza au pouvoir est que, -et n’y voyez point propos misogyne-, en matière de gouvernance, la femme en politique est un homme comme les autres. Même défauts, même qualités, point barre. Conséquence collatérale de son bilan, la Présidente Transitoire aura desservi la cause féministe, qui tenait là, à bon droit, une ambassadrice de choc inespérée. Pour comprendre mon dépit, il n’est que de se souvenir de l’accès de romantisme dont s’engoua le Pays à l’avènement de Dame Panza au pouvoir. Ah !« la Maman qui vient mettre du baume au cœur meurtri de ses enfants, et les réconcilier », « les hommes n’ont fait qu’enfoncer ce pays, Place aux femmes ! » etc… Il n’en sera finalement rien. Elle quittera le Pouvoir « Sapée comme jamais » certes, mais abondonnant nos enfants aux chiens des violeurs. Force est de reconnaître qu’il y’avait erreur de casting. On aura été…bien niqué !

Charité bien ordonnée…

Mais de tous les protagonistes de ce dossier, le nouveau gouvernement campe la position la plus inconfortable. Ses priorités sont aux antipodes de celles inscrites dans l’agenda politique de François Hollande qui doit gérer une situation domestique exécrable aux allures de champ de batailles. Jugez donc ! Dissidence persistante dans sa majorité parlementaire, front social en ébullition contre la loi Travail-Khomri, hypothèque terroriste et surchauffe sécuritaire, croissance molle à 1,3%, taux de chômage, à 10,4%, désespérément irréductible etc…(j’en oublie). A 13 mois des élections présidentielles, le Président français, n’a de cesse, à l’évidence, de se recentrer sur ses propres défis. Du coup la poudrière centrafricaine devient une préoccupation subalterne.

TOUADERA à l’épreuve

 C’est ici que pointe la…mangue de discorde inévitable dans ce télescopage de calendrier que j’évoquais en préambule. Les intérêts de Hollande qui quitte le front, font le malheur de Touadéra qui arrive aux affaires. Le désengagement déjà amorcé des troupes françaises sont contrariants, -c’est un euphémisme- ; le Président Centrafricain l’a avoué publiquement. La présence militaire française à nos côtés demeure précieuse en effet, pour le DDR, et la réhabilitation de notre propre Armée nationale. Or Touadéra  a promis et doit rendre justice à ses concitoyens, s’attaquer à l’impunité d’où qu’elle provienne. Cette affaire de viol dont il ne fait qu’hériter, constitue toutefois un premier test de courage politique, et de respect du serment d’investiture. Car si le retour de la Sécurité est un chantier prio- ri_ taire (pardon pour la lapalissade), la Justice (Zéro Impunité) est son dossier-parent. Le gouvernement va-t-il se saisir de ces dossiers de viol, parallèlement au HCDH de l’ONU, et en s’assurer le suivi de coopération avec la Justice française, sans passion mais dans la transparence ? Le risque est réel de sacrifier sur l’autel de la dépendance militaire ou autre raison d’Etat, la fortune finale de cette enquête. Ce serait une grave faute politique.

Charbonnier est maître chez lui   

 On prête à l’homo-centrafricanus tous les défauts : fainéant, alcoolique, manque de patriotisme, préférant la politique au business, le bureau à la plantation agricole, le costume-cravate au bleu de chauffe etc… (n’en jetez plus !). Mais la seule étiquette que l’on peut difficilement accoler au Centrafricain lambda est celle de « couilles-molles ». Comme le Charbonnier du proverbe, le Centrafricain, aspire au respect de son espace vital. L’Illustre Koudoukou, naguère résistant de la 1ère heure à l’envahisseur et plus contemporainement les Anti-Balaka, face aux Séléka,(avant que leur combat originel ne soit dévoyé par des dérives criminelles), ont brillamment prouvé cette bravoure. Notre extrême misère ne doit pas autoriser toutes les humiliations, et comme le Charbonnier du proverbe, nous devons indiquer à nos visiteurs nos lignes rouges à respecter. Ce serait aussi une grave faute politique que de négliger ce Sangarisgate-là, parce que le mot DIGNITE figure en place centrale dans notre devise. Cette dignité a été trop souillée. Il faut laver l’infamie, cette fois-ci ! Faute de justice, nous ne saurons accepter de trainer cette souillure dans la communauté internationale, telles ces femmes RDCongolaises ou Afghanes victimes de viols, condamnées au mieux à la solidarité condescendante, au mieux à l’ostracisme discret. Nous devons réparation à notre jeunesse que la classe politique centrafricaine a toujours sacrifié par irresponsabilité. Voici l’opportunité de lancer un message de rupture à ces jeunes qui se sont massivement impliqués dans ces dernières présidentielles. Enfin, ce serait une grave faute politique car, à l’analyse, les ressorts psychologiques profonds du choix inattendu des finalistes de la Présidentielle, puis de la victoire de Touadéra, traduisent une volonté de s’affranchir de l’ascendance étrangère. L’interprétation en serait que ; même sous perfusion économique ou militaire de l’Ami étranger, le grabataire centrafricain veut désormais avoir le dernier mot de façon souveraine. Le nouveau gouvernement serait par conséquent bien avisé de savoir que l’opinion l’observe, que l’opprimé attend de vérifier avoir confié le bouclier au bon Général. La moindre déception à cet égard instillera rapidement le doute et le désabusement

Par sursaut de DIGNITE, le  Charbonnier crie Justice. Il EXIGE Justice !

Par Pâsko EMBI MAÏDOU

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