Chronique de GJK

RCA : REMANIEMENT MINISTERIEL ET EQUILIBRE DE LA TERREUR

« Des critiques légitimes nous ont parfois été adressées sur nos actions durant ces trois premiers mois de gestion de la transition. Les premières critiques ont été formulées à la suite de la nomination des 20 personnalités civiles et militaires du gouvernement et des 25 membres du Cabinet Présidentiel : la majorité de ces membres sont issus de la même région (Est) que celle de la Présidente et du Premier Ministre. Certains analystes doutent sur la capacité réelle de ces personnalités à redresser les défis. Les antibalakas sont peu ou pas représentés au sein du gouvernement. La deuxième critique a porté sur un déficit de communication sur la vision et les actions des autorités de la transition. Il est tout à la fois urgent et impératif de procéder à une refonte du Cabinet de la Présidence de la République, afin de se donner les moyens d’améliorer la gestion des affaires de l’Etat.
Le gouvernement sera réaménagé pour être plus inclusif et plus représentatif et devra comprendre des hommes et des femmes capables de relever par des actions concrètes les grands défis de l’heure. » (Samba-Panza extraits discours du 6 mai 2014).

Sans commentaires, convenons qu’il s’agit ici des « Confessions d’une Présidente désabusée ».
Pour le reste, osons tout d’abord une petite comparaison qui n’est pas raison : Le 20 janvier 2014, Mme Samba-Panza, accédait à la magistrature suprême de la transition, et annonçait dans les heures qui ont suivi, la prochaine mise en place d’un gouvernement resserré de 18 technocrates autour d’un Premier Ministre, personnalité hautement compétente et intègre. Le 25 janvier 2014, André Nzapayeké devenait chef du gouvernement de la transition. Le 27 janvier 2014, une liste de 20 personnalités nommées aux différents postes de ministres était connue. Une semaine, sept jours au total, avaient largement suffi à la nouvelle Présidente, pour décevoir tout aussi largement, la majorité de la population qui avait accueilli avec grande allégresse son élection. Le peuple ne lui reprochera jamais assez, ce qu’elle a elle-même rappelé et qualifié dans son discours cité ci-dessus, de « critiques positives ». Soit. « A tout péché miséricorde à condition que pénitence soit faite et que ferme propos de mieux agir soit déclaré » (B. Boganda dans son discours du 21 octobre 1957)

Le 6 mai 2014, à l’occasion de ses 100 jours, Mme Samba-Panza,  pouvait dire « j’ai entendu, je vous ai compris, le gouvernement sera réaménagé ! ».

A cet instant où ces lignes sont rédigées, dix (10) jours ce sont déjà écoulés et la vie du pays semble s’être arrêtée ; le peuple reste suspendu à la publication du décret qui doit annoncer la composition du nouveau gouvernement, le gouvernement de tous les dangers : Gouvernement inclusif et représentatif

A l’heure qu’il est, on imagine d’un côté Mme Samba-Panza, engluée dans des calculs de probabilités et d’équilibre de la terreur, pour lesquels malheureusement, ne peut lui être d’aucun secours, le Professeur spécialiste mondial des équations différentielles, Gaston Mandata Nguerekata, qui, pour sa part, a fait une courageuse et tonitruante sortie hier devant la presse, non sans commettre, à mon avis, quelques erreurs de communication. Nous y reviendrons.

De l’autre côté, on peut aisément deviner, que tous les marabouts du km5 et des environs, ainsi que les féticheurs et autres pygmées des savanes et de la brousse, ces derniers mois envoyés aux oubliettes par les uns et les autres, ont dû reprendre vraiment du service ! A ce niveau, prétendus chrétiens et musulmans se valent et peuvent trouver matière à réconciliation. Que de moutons et de coqs blancs égorgés ou enterrés vifs ! Que d’incessantes incantations aux noms de Samba-Panza et Nzapayeké maintes fois répétés ! De potions et autres insalubrités avalées ! Tout cela, pour attendrir les cœurs de la Présidente et son Premier Ministre, question de voir tel ou tel autre nom figurer sur la liste attendue !

Si la reconduction d’André Nzapayeké à son poste de Premier Ministre semble acquise, celle-ci ne répond pas du tout à un souci de se conformer aux accords de Libreville, comme l’aurait soutenu Mme la Présidente de la Transition. Tout le monde sait désormais que la RCA navigue juridiquement à vue, et qu’à chaque occasion, chaque personnalité ou groupe de personnes, tentent au mieux de ses intérêts, de falsifier l’histoire par complaisance pour être dans le vraisemblable du moment.

Mais qu’est-ce qui retarde autant la formation du nouveau gouvernement de la RCA ? Personnellement, je me risquerai à formuler quelques hypothèses assez simples que voici :

1- L’amateurisme au pouvoir : A considérer les circonstances et conditions qui ont poussé à l’annonce de ce remaniement ministériel, on ne saurait douter de l’amateurisme et du manque de sang froid de l’équipe qui entoure la Présidente de la transition. Quelle que soit la situation, pourquoi se précipiter à faire telle annonce si elle ne devait pas être suivie d’effets dans un délai raisonnable ? En admettant même que le calendrier politique y obligeait, pourquoi ne pas alors mettre les bouchées double en terme de temps, d’analyses et de réflexions, pour sortir au plus tôt sa liste ? Encore une fois, on semble jouer avec les nerfs des Centrafricains déjà très affaiblis, et qui se demandent  d’où viendra le salut !

2-  Les effets pervers des premières décisions de présidence, entachées d’erreurs politiques graves : Mme Samba-Panza, malgré le très fort soutien du peuple centrafricain acquis d’office à l’annonce par le CNT de sa victoire, et le crédit de confiance dont elle bénéficiait, n’a pas cru devoir écarter immédiatement et totalement, Séléka et Antibalaka de son premier gouvernement. De plus, en formant une équipe régionaliste de technocrates aux compétences douteuses, et aux performances en-deçà de la moyenne, elle a commis ses premières grandes erreurs politiques et stratégiques. Elle en paie aujourd’hui  le prix;  car il faut le dire, bâtir est généralement plus aisé que  rebâtir.

3-  La force des milices : Séléka et Antibalaka, il faut le reconnaître, sont incontestablement aujourd’hui, sinon les vrais décideurs, du moins les maîtres sur le terrain. Sans en donner l’impression, ce sont eux qui fixent aux autorités, la cadence du rythme à suivre, pour que reviennent la paix, la sécurité et la stabilité. Conscients de s’imposer comme des interlocuteurs incontournables, ces deux entités font monter les enchères. Aussi, répondre positivement à tous leurs vœux, peut paraître pour la Présidente, un clair aveu d’échec ; les écarter du gouvernement en revanche, c’est prendre des risques de pérenniser l’instabilité et les exactions. Samba-Panza est-elle prête à prendre ces risques ? De plus, que faire des ministres Séléka et antibalaka actuels membres du gouvernement dont, les « actuels » leaders des deux groupes n’en veulent plus ? Comment se débarrasser des Conseillers et autres personnalités qui ont su négocier à titre personnel des postes au nom des Séléka et Antibalaka, et dont il se révèle, qu’ils n’ont  en réalité aucune base sérieuse ?

4-  Les groupes de pression : les « gbanziris » de la famille et de la région de la Présidente, on s’en doute, sont bien en ce moment réunis en conclave ; ils  tiennent à « protéger leur présidence » et à tirer le maximum d’avantages. Pour Samba-Panza, comment ne pas faire confiance qu’aux siens ? Où mettre Demafouth l’enfant terrible et grand spécialiste des coups foireux ? Que donner à mettre sous la dent aux assoiffés et serviles de l’ACDP (l’Alternative Citoyenne pour la Démocratie et la Paix), cette Alliance des Conspirateurs pour le Détournement de Pouvoir, ainsi que ceux de l’AFDT (Alliance des Forces démocratiques de la Transition), cette Alliance pour la Fabrique de la Démocratie à Tartiner ? Que dire des fortes personnalités individuelles dont le silence assourdissant ne cesse de gronder ?

5-  Les exigences des Communautés régionale et internationale : Comment ne pas tenir compte des désidératas de la CEEAC, de la France, de l’Union Européenne, de l’ONU, du FMI, de la banque Mondiale, lesquels détiennent les solides cordons et de la bourse et de la sécurité?

Samba-Panza, Présidente yako !

 

GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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