Chronique de GJK

CHRONIQUE DE GJK : PLUTÔT « IMPUNITÉ ZÉRO » QUE « IMPORTUNITÉ CENTRO » !

Par GJK

Cela est peut-être une indélicatesse déontologiquement inadmissible en matière de presse écrite – notez bien que je ne suis pas journaliste -, mais sûr de votre indulgence indéfectible, chères lectrices et amis lecteurs, je me permettrai en toute conscience et pour les besoins de la cause, de reprendre ici dans son intégralité et en guise d’introduction à ma présente réflexion, « Mortelle mesquinerie », une chronique du grand Jean Baptiste Placca , diffusée en avril 2011 sur RFI et dont le texte suit :

« MORTELLE MESQUINERIE

Ange-Félix Patassé s’est donc éteint, ce mardi 5 avril, à l’Hôpital Général de Douala, au Cameroun. Il y avait été admis d’urgence, faute d’atteindre la Guinée Equatoriale, où il était attendu pour des soins appropriés. Patassé était à bout de souffle. Non pas à cause de ses 74 ans, mais pour l’énergie qu’il a dû consacrer, ces deux dernières semaines, à obtenir du régime de François Bozizé, le simple droit de sortir de Centrafrique pour aller se soigner. Par deux fois, il a été arbitrairement empêché de quitter le territoire.

Le 23 mars dernier, les autorités centrafricaines ont simplement ignoré la demande d’accès à leur espace aérien pour un avion sanitaire affrété par le chef de l’Etat équato-guinéen, afin d’évacuer Patassé sur Malabo. Les arguties administratives ne sauront effacer la légitime consternation de nombreux Centrafricains.

Ils doivent être bien mal à l’aise, ceux qui, au plus haut somment de l’Etat en Centrafrique, pensent que toute forme d’opposition doit être punie, y compris au mépris de la santé des gens et, finalement, peut-être de leur vie.

Plusieurs fois ministre, Premier ministre, puis chef de l’Etat pendant dix ans, Patassé, comme dirait un de ses compatriotes, « n’avait pas que des défauts ». Même si d’aucuns l’auraient volontiers envoyé à La Haye, pour répondre, aux côtés de son ami Jean-Pierre Bemba, de quelques crimes commis contre les populations de Bangui.

Le général Bozizé vous dira, sans sourciller, que « sa » Centrafrique est un pays parfaitement démocratique. Il n’empêche ! Ce qui est arrivé à Patassé illustre, de la plus tragique des manières, une fâcheuse tendance de ce régime à punir ses opposants politiques en réduisant leur liberté de mouvement. Quiconque s’autorise une attaque un peu trop frontale par rapport au Président court le risque d’être empêché d’embarquer, lorsqu’il se présentera la prochaine fois à l’aéroport de Bangui.

Et tant pis, si son voyage est d’ordre professionnel ! Il ratera ses rendez-vous ! Il perdra peut-être des marchés ! Ainsi, il sera fragilisé dans sa vie personnelle, donc plus vulnérable pour un pouvoir allergique à toute contestation. A la même période où Patassé essuyait les refus d’embarquer, un avocat, Nicolas Tiangaye, opposant lui aussi, était empêché d’aller au Tchad plaider un dossier à Ndjamena.

Quand la politique prend de telles tournures, on n’est pas loin des rivages de la mesquinerie. Mais la mesquinerie, dans certains cas, peut, hélas !, s’avérer mortelle. » (Sic).

En effet, faille-t-il repréciser en quelle année et sous quel régime les regrettables faits que mentionne la chronique ci-dessus, se sont-ils déroulés ? Vous l’auriez sans doute relevé : en 2011, sous le régime de Bozizé, général putchiste arrivé au pouvoir en 2003, élu en 2005 et réélu en 2011 avant de se voir chassé en 2013. Dix ans de règne, 10 ans de dictature. Mais Bozizé n’est plus là. Pour tout dire, ces pratiques « d’interdiction de voyager avec retrait immédiat de passeport » à l’aéroport, beaucoup de Centrafricains en ont fait les frais, aussi bien sous les règnes de Kolingba, Patassé, Bozizé que Djotodja. Toutefois, dans le souci du respect de chacun et de tous, et afin surtout d’épargner à certains compatriotes – ou à leurs parents -, les souvenirs des mauvais traitements subis autrefois et qu’ils ne sont pas prêts d’oublier, je m’en voudrais de citer ici des cas précis, des noms d’anciennes victimes, ou encore ceux de leurs « bourreaux » d’hier, généralement ministres de l’intérieur ou procureurs de la république, jadis tout-puissants, et tous aujourd’hui déchus, déçus ou disparus. Puisse un jour l’Histoire de la RCA, au nom du devoir de mémoire, se souvenir et se charger d’enseigner aux jeunes générations, les détails des tristes pages de toutes ces décennies malheureuses et peu glorieuses de notre pays.

Et nous voici en 2015. Cependant, on croirait que le temps s’est arrêté depuis longtemps. Plus de trente ans écoulés, et toujours aucun Centrafricain pour oser soutenir vraiment que sa patrie est une terre des libertés individuelles. Pire, des Centrafricains, « on aurait dit des êtres qui au lieu de descendre du singe comme tout le monde, y retourne irrémédiablement », s’ingénient plutôt à développer, à amplifier et à parfaire les mêmes reflexes et méthodes utilisés naguère par les anciens maîtres et rois des heures d’épouvante et de torture physique et morale. Sous l’actuel régime de la seconde transition régentée par Samba-Panza, reine du « consensus sur mesure » et de la « liberté verrouillée », la RCA qui déjà peine à rester stable, continue malheureusement, tel le chimpanzé en forêt tropicale, de faire de grands bonds en arrière. Chaque jour, notre Centrafrique à défaut d’avancer, ne fait que régresser, particulièrement en ce qui concerne l’application des règles fondamentales de démocratie et des droits de l’homme, ainsi que le respect des libertés individuelles.

Tout bien considéré, lorsque dans un pays, un procureur de la république, qui par définition est chargé de poursuivre et faire condamner les délinquants, en arrive au point – ironie du sort -, de déserter des jours durant ses propres bureaux, pour ainsi éviter de recevoir des coupables présumés mais bien déterminés à le rechercher partout, à le poursuivre – au sens propre du mot -, pour se voir notifier, au mieux les infractions qui leur sont reprochées et au pire leur arrestation, c’est que dans ce pays devrais-je dire, soit la justice marche sur la tête, soit elle marche à reculons. En République centrafricaine, nul ne peut douter qu’il existe de très graves et sérieux problèmes de fonctionnement de la machine judiciaire.

Tenez donc ! Où en sommes-nous de l’affaire Michel Amine, l’homme d’affaire et candidat à la présidentielle dont l’immense fortune dérange énormément autant certains prétendants au siège que le pouvoir de Bangui ? Il y’a quelques semaines, l’on a trouvé moyen de « cueillir » comme un fruit bien mûr, ce « respectable Monsieur » qui s’apprêtait à prendre son avion. Comme quoi, l’aéroport serait devenu un lieu de prédilection des coups policiers tordus. Et jusqu’à présent, personne apparemment ne peut dire exactement ce qui est reproché à Michel Amine. Dans tous les cas, l’argument qui serait tiré de sa double nationalité ne saurait justifier à lui seul et au fond, la privation de liberté imposée à ce dernier. D’une part, la double nationalité à ce que je sache n’est pas une infraction en Centrafrique. D’autre part, qu’il soit né la même date en Centrafrique et au Cameroun, peut provenir d’une simple erreur matérielle dont Michel Amine ne s’est sans doute nullement préoccupé. Il lui suffira dans ce cas, de saisir l’autorité compétente, afin d’obtenir la régularisation de ses papiers, au moyen d’un jugement de rectification d’erreur matérielle. Après tout, n’a-t-on jamais vu des personnes dont l’acte de naissance et les pièces d’identité mentionnent qu’ils sont nés avant leurs parents ? Pourquoi continue-t-on d’interdire à Amine Michel de sortir du pays et de s’occuper de ses oignons ?

Ceci étant, depuis le 12 mai 2015, l’ancien Ministre d’Etat Abdou Karim Meckassoua, ainsi que l’Ancien Ministre Joachim Kokaté, se sont vu eux aussi notifier une « interdiction de sortie du territoire centrafricain, avec retrait immédiat de leur passeport », alors que les intéressés devaient s’envoler pour Brazzaville au Congo. S’agissant du motif de la mesure qui les frappe, on attend toujours de le savoir, et peut-être le saura-t-on jamais !

Ce qu’il faut retenir avant tout, c’est qu’aujourd’hui en Centrafrique, aucun homme politique n’est à l’abri des dérives et des conséquences du spectacle tragi-comique permanent dont la police de l’aéroport Bangui-M’poko est l’actrice principale tandis que les piètres metteurs en scène restent tapis dans l’ombre. Et tant qu’il n’aura pas de déclaration commune assez forte pour condamner ces interdictions fantaisistes et abusives, l’on risque d’assister impuissant à un verrouillage complet de la liberté fondamentale d’aller et de venir, avec tout ce qui peut s’ensuivre. Que tous ceux qui actuellement, par leur silence assourdissant et leur mutisme inhabituel sont à considérer comme des complices de tous ces actes inadmissibles aux frontières, s’assurent que s’ils sont aujourd’hui épargnés, peut-être seront-ils les victimes de demain.

A vrai dire, les tracasseries policières au niveau de l’aéroport de Bangui au moment de ses multiples voyages, Karim Meckassoua on le sait, en a déjà connu toute une série depuis ces derniers temps. Toutes, toujours aussi rocambolesques les unes que les autres ! Quant à l’actuel épisode qui défraie la chronique et continue de se dérouler, au lieu de faire pleurer, il prêterait plutôt à rire, si seulement il ne s’était pas agi ici de la vie et de l’avenir à la fois socio-professionnel et politique d’un homme, un haut responsable qu’on cherche à briser à tout prix et par tous les moyens.

Comment comprendre qu’après plusieurs jours d’attente de notification des motifs de ce qu’on peut appeler sa « mise en résidence surveillée », le procureur que l’on a pu trouver enfin à son bureau, non seulement signifie clairement à Meckassoua n’avoir aucune charge contre lui, mais encore et surtout, déclare ne pas détenir son passeport qui se trouverait entre les mains du Ministre de la sécurité publique et de l’émigration-immigration, Nicaise Samedi Karnou ? Aussi, l’intéressé qui n’est pas né de la dernière pluie, entouré de ses avocats, ont-ils décidé de se pourvoir immédiatement en justice au moyen d’un référé. Mieux, depuis deux jours curieusement, ce sont tour à tour le Ministre de la Justice et son collègue de la Sécurité publique, qui n’arrêtent pas d’appeler, pour demander à Karim Meckassoua de venir récupérer en catimini son passeport. Une offre que l’intéressé a poliment déclinée, préférant à cela, la voie de la justice.

Mais diantre ! Qui est donc ce Abdou Karim Meckassoua qu’on ne ferait pas mieux d’enfermer une fois pour toutes dans les geôles de la république quand on sait que son ombre, son nom et ses seuls mouvements inquiètent, font craindre et trembler jusqu’au cœur du pouvoir de transition ? Une ènième fois, on vient d’entendre Samba-Panza la Présidente de la transition, ainsi que son Premier Ministre Mahamat Kamoun, répéter clairement que Karim Meckassoua devra répondre de ses actes devant la justice. Le moment tant attendu serait-il enfin arrivé ? Qu’à cela ne tienne, l’intéressé à ce qu’il paraît, ne demande pas mieux que cette justice indépendante soit faite, afin de se voir « descendre » ou de pouvoir se défendre de cet affront à lui sans cesse infligé.

En définitive, on aura tout entendu à propos de Meckassoua : prince de la franc-maçonnerie, dangereux homme des réseaux, inspirateur du coup d’état de Bozizé, protégé de Sassou-Nguesso qui le financerait et chercherait à l’imposer en RCA, proche d’Idriss Deby et autres Chefs d’Etat et hautes personnalités d’Afrique et du monde etc…

Mais n’ai-je point lu et entendu dire les mêmes choses de plusieurs autres hommes politiques centrafricains ? A l’oreille de qui n’est-il point parvenu par exemple que Ziguélé et Tiangaye auraient soutenu le groupe rebelle Séléka de Djotodja, qui à son tour aurait financé et favorisé la désignation de Samba-Panza, dont le fauteuil présidentiel est convoité par Désiré-Zanga qui serait l’homme de Deby, Sylvain Patassé que financerait Obiang Nguema, Nguerekata qui lui, puiserait ses fonds aux USA…et tous les autres candidats qui font le tour des palais et des hommes d’affaires du monde ? Entretenir des réseaux est-il en soi un crime politique ? C’est le contraire qui à mon avis eut été inconcevable pour un homme qui se veut et se dit politique. Alors, pourquoi tous les autres ne sont-ils pas autant inquiétés et soumis à toutes ces tracasseries ?

Personnellement malgré tout, je me permettrais une et une seule question : Monsieur le Ministre d’Etat Abdou Karim Meckassoua, voudriez vous bien nous dire enfin qu’est ce qui vous fait courir et craindre à ce point ?

Me permettriez-vous de vous dire enfin, Monsieur le Ministre d’Etat Meckassoua, que si c’est le pouvoir suprême que vous visez, et vous en avez bien le droit, les capacités et les moyens je crois, hâtez-vous de le déclarer officiellement et de mener un combat public. Peut-être seulement ainsi et ainsi seulement, pourriez-vous cesser d’inquiéter les autres, vous-même retrouveriez une certaine quiétude, et seriez protégé par l’ensemble de ceux qui je crois très nombreux, sont prêts à s’engager avec vous et pour vous dans votre combat.

A l’attention de toutes les autorités dirigeantes de cette RCA qui est notre héritage commun, je voudrais rappeler simplement que si ce pays doit absolument atteindre l’objectif  « impunité zéro » qu’elle se fixe, peut-être devra-t-elle absolument commencer par se défaire des « importunités Centro », pour ainsi parler des attitudes centrafricaines qui ne visent qu’à importuner et à nuire inutilement à la vie des autres.

Décidément, la RCA rend vraiment fou!

Guy José KOSSA
GJK – L’Élève Certifié
De l’École Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

Commentaires

0 commentaires

@Lesplumes

www.facebook.com/lesplumesderca - www.twitter.com/lesplumesderca

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page