Chronique de GJK

OU SONT PASSES LES INTELLECTUELS ?

D’entrée de jeu, relevons ces quelques faits d’actualité :

Il y’a près de deux semaines, la R.C.A s’est dotée d’un gouvernement estampillé « des technocrates ». Osons simplement espérer qu’il s’agit là enfin, d’un gouvernement « des lumières », un gouvernement des élites « révolutionnaires », un gouvernement « du peuple ». Aussi,  malgré  le poids des responsabilités d’une part, et l’urgence des attentes d’autre part, la nouvelle équipe dans son ensemble, devrait pouvoir bénéficier d’office, au niveau national, de la présomption de compétence. Toutefois, chacun des  Ministres de la Nation, s’obligera à être évalué au quotidien, en fonction de sa performance individuelle.

Sur un tout autre registre, le lundi dernier, la rédaction de « Centrafrique Libre », nous informait de la démission (appelons cela mise en congé si vous voulez), du professeur Gaston MANDATA NGUEREKATA, du PARC (Parti pour la Renaissance Centrafricaine), parti politique dont il est lui-même le Président-fondateur. Cela, dit-il, « afin de pouvoir agir au profit de tous mes compatriotes, sans qu’il soit possible de me considérer comme l’homme d’un clan ou d’un parti ». Mathématicien internationalement reconnu,  spécialiste mondial des équations différentielles, rappelons tout simplement, que ce fut pour les mêmes raisons,  que le Professeur  avait créé le PARC, qui a battu tous les records de démissions. Par ailleurs, bis repetita non placent (ce qui est répété ne séduit pas), notre très respecté savant, semble-t-il, s’était déjà mis en congé, de son poste de Chef du département des Mathématiques de la Morgan State University à Baltimore (Etats-Unis) où il enseignait. Professeur, qu’est-ce qui vous fait ainsi courir ?

Enfin, si nous examinons depuis plusieurs dizaines d’années, à la fois les différents acteurs à l’origine des psychodrames centrafricains, et ceux qui  sont  engagés au niveau national, avec plus ou moins de bonheur, dans la recherche des solutions à ces différentes crises, nous pouvons citer : les politico-militaires, les milices, les gouvernements, les politiques ; mais surtout, la société civile, ce fourre-tout où se terrent des politiciens ratés ou retraités, en attente d’une hypothétique nomination ; des regroupements apolitiques qui ne font que faire de la politique ; des ONG, en apparence, abritant, des militants politiques en tenues d’agents humanitaires ; enfin, à ne pas passer sous silence, tous ces regroupements, toutes ces personnes dignes et respectables, se réclamant de cette société civile. Même si, malheureusement, plus nombreux sont les premiers cités, qui  ont infiltré la société civile et dominé  les derniers.

D’où la question, cette  question qui turlupine l’esprit et tord les boyaux :où sont passés, que sont devenus, les intellectuels et penseurs centrafricains ? Que l’on se comprenne bien : d’abord, il n’est nullement question, d’insinuer ici,  l’idée d’un prochain « gouvernement des intellectuels ». Qui s’en priverait   d’ailleurs, sachant  que dans cette R.C.A moderne, nous avons eu droit, à des gouvernements «  militaire de redressement national », «  de salut public », « de dialogue et de paix »,  « de partage et de redistribution nationale », « d’électricien et réparateurs de voitures »,  « de rebelles et de politico- militaires  » etc. Ensuite, il ne s’agit pas non plus,  de s’attarder inutilement  ici, sur le cas des intellectuels qui ont cessé de l’être, pour cause de stérilité créative, de sénilité précoce dégénérescente, ou de servilité alimentaire morbide. Le sujet qui nous intéresse, concerne plutôt les intellectuels actifs et potentiellement productifs, mus par le besoin de s’adonner presque tout entier et en tout temps, aux activités de l’esprit.

Donc, qu’est devenue la catégorie d’intellectuels, créateurs et penseurs productifs, dont on n’entend pas la voix ? Pourquoi ne s’organisent-ils pas, en une institution de référence, afin de s’imposer naturellement dans le débat centrafricain, et influer sensiblement sur les questions de société ? En effet,  partout ailleurs, il est heureux de constater, que très souvent, pour tous les sujets qui intéressent la sphère publique, des élites intellectuelles, ont su avec lucidité, contribuer efficacement à la résolution des problèmes.

Et puisque la question est posée, essayons donc de l’analyser et de chercher à comprendre, de manière à apporter quelques réponses. Des réponses, sans doute vraies, approximatives ou discutables. Quoiqu’il qu’il en soit, avoir ouvert le débat, n’est pas le moindre des mérites. Cependant, pour la suite de cet article, permettez que je m’acquitte au préalable, à titre personnel, d’un devoir de reconnaissance qui me tient à coeur ; moi, dont le cursus scolaire et universitaire, a débuté et s’est achevé à l’intérieur des frontières de mon pays la Centrafrique, – je m’en porte pas mal -, et qui, à 50 ans passés, viens de poser à peine mes valises en France. Je rends ainsi  un vibrant hommage à ceux qui furent, mes maîtres, mes modèles et mes mentors ; ceux qui façonnèrent et imprimèrent définitivement leur marque dans l’évolution de ma pensée. Je veux parler de : BLAGUE, GOTOAS, GOLONDO, GOMINA-PAMPALI, GONEYO REPAGO, GOYEMIDE, MACKOUZANGBA, MANDAZOU-BALLET, NZABAKOMADA YAKOMA, NZENGOU, NGOUPANDE, PAMADOU PAMOTO, PENEL,  SIOLO, YAVOUCKOU.

Avec cette classe d’élites intellectuelles, pour ceux qui se rappellent, c’était  l’époque des conférences et des grands débats, au CPJ (Centre Protestant pour la Jeunesse), au C.C.F (Centre Culturel Français), et au Centre Jean XXIII de BANGUI. C’était l’époque des journaux lycéens, tenus dans chaque établissement, par une équipe de rédacteurs, tous élèves, sous la supervision d’un conseiller enseignant. C’était, aussi, l’époque où se tenaient les grandes réunions de la J.E.C (Jeunesse Etudiante Chrétienne), et  s’organisaient des rencontres d’échanges culturels  entre les clubs de jeunes  des quartiers différents. Ces réunions et rencontres, au cours desquelles, le jeu favoris, consistait à construire de belles phrases en français ;  à ponctuer lesdites phrases, des citations de grands auteurs apprises par chœur. En ces temps, toutes les occasions étaient bonnes, pour instituer spontanément de petits agoras, ces espaces où les joutes oratoires enflammées fusaient de partout. Ces exhibitions intellectuelles, étaient alors les meilleurs arguments, pour attirer les lycéennes de l’établissement même, ou celles des lycées voisins. « Hélas ! Qu’est devenu ce temps, cet heureux temps… ! »

Au risque d’être taxé de pessimisme à outrance, ne faut-il  pas se hasarder à  conclure,  pour répondre simplement à la question posée, en affirmant de manière péremptoire : il n’y a jamais eu en Centrafrique, d’élites  intellectuelles, que du temps des professeurs et maîtres, nommément cités ci-dessus. Car depuis lors en effet, l’exercice libre et désintéressé de la pensée pure, semble avoir pris définitivement fin. Paradoxalement, en même temps que l’institution de la démocratie pluraliste. Mais là, c’est un autre débat.

Par contre, faisant montre d’optimisme à outrance, on peut approfondir  la réflexion, tout en demeurant  lucide et critique. En conséquence, soulignons  déjà, à juste titre, que dans la liste non exhaustive des élites intellectuelles centrafricaines citées précédemment, figurent en effet, paix à leurs âmes, plus d’intellectuels de regretté mémoire, qu’il n’y a d’âmes en vie, qui vivent intellectuellement. Mais diantre, puisque les morts ne peuvent plus parler, qu’est-ce qu’ils ont, ces vivants, à se  priver ainsi, de toutes expressions et manifestations intellectuelles ?

Avant de répondre à cette question, convenons d’abord d’un constat évident, clair et indiscutable : En Centrafrique particulièrement, et en Afrique de manière générale, sont  affublés du titre d’intellectuels, tous ceux qui ont fait des études supérieures, même s’ils n’ont pas un goût prononcé pour les choses de l’esprit. Passons-nous ensuite, des commis et autres auxiliaires de l’administration publique ou privée, qui, promus par ancienneté ou par népotisme à des grades et fonctions supérieures, s’imaginent «  intellectuels ».

Ceci étant, en nous autorisant ici, une arbitraire classification et qualification de l’élite intellectuelle centrafricaine, on peut  intégrer les uns et les autres, sans risque de se tromper, dans les différents groupes que voici :

  • Des intellectuels blasés et muets : il s’agit de ceux  qui, malgré leur niveau d’études, restent indifférents aux affaires de la cité. Cette catégorie d’intellectuels se contentent, sans plus, de   n’être que  des professionnels compétents et performants. A l’université de Bangui et parmi la diaspora, nombreux sont ces philosophes, sociologues, juristes, économistes, historiens, anthropologues et autres anglicistes et agrégés de lettres, dont les voix et la pensée ne s’élèvent que pour s’éteindre,  entre les quatre murs  des classes des lycées et les amphithéâtres des universités ; les murs de leur bureau administratif  ainsi que  de leur appartement;
  • Des intellectuels tièdes et intermittents : ce sont  ceux qui, de temps à autres, osent un article par-ci, une intervention par-là, sans aucun éclat particulier. Ils tombent aussitôt dans l’oubli et l’indifférence, et se laissent tranquillement emporter par un profond sommeil de l’esprit qui, à la longue, finit par s’atrophier ;
  • Des intellectuels  en attente de déploiement rapide : Ils sont partout présents. Toujours à veiller et à attendre. Ils espèrent et guettent toutes les occasions. Et dès qu’ils le pourront, ils s’embarquent sans même réfléchir pour le premier poste de Ministre, de Conseiller ou autre porte-parole à la Présidence de la République. Ce sont généralement d’intrépides courtisans, d’irréversibles intrigants, et des spécialistes rompus aux stratagèmes d’ascension politique rapide. Ils ne reculent devant rien pour assouvir leurs ambitions. Toujours présents dans les différentes manifestations de soutien ou de dénonciation organisées par des patriotes, ils font tout pour éblouir, si ce n’est pour paraître, même au prix de leur comportement jugé souvent ridicule. Que grand bien  leur fasse !
  • Des intellectuels politiciens échaudés : En R.C.A. plus qu’ailleurs, l’intellectuel mué en politique a fini toujours par décevoir. Ecrivains et  essayistes, avocats ou journalistes, dans tous les cas brillants formateurs ou technocrates, ils jouissent souvent d’une autorité certaine dans le domaine de la pensée. Généralement, ces intellectuels centrafricains ont  su s’imposer et se faire  respecter,  sur le plan international. Mais improvisés hommes politiques,  ils ont plutôt déçu,  et  perdu tout crédit. Remarquons que  derrière chaque parti unique en Centrafrique,  derrière le MESAN et le RDC, derrière BOKASSA et KOLINGBA, comme plus récemment derrière les autocrates BOZIZE et DJOTODJA,  se cachent toujours des intellectuels.  Ce sont  des citoyens qui ont fait des études, ont une certaine capacité d’analyse, et même, parfois, du talent.  Ces intellectuels finissent ou finiront  tous,  par  quitter la scène politique, du côté  de la petite porte. Malheureusement, ils tentent toujours de revenir. Ils se heurtent alors au youyou du peuple comme hier  «  révo ! révolution! », « monsieur démenti ! », « monsieur j’ordonne ! »,  « monsieur feuilles de manguier !»,  et bientôt « djoto-tiang !».  Ainsi, s’enrichit le dictionnaire politique  des vocabulaires ridicules et tragi-comiques de Centrafrique. Qui vous a dit que le peuple n’avait pas de mémoire !
  • Des intellectuels inclassables : Dans quel groupe voulez-vous placer le Professeur Gaston MANDATA NGUEREKATA dont on a parlé au début de cet article ? Lui-même déjà,  ne sait plus où se situer, et  surtout quelle forme donner à son engagement  politico-citoyen. Du côté du peuple comme il le prétend ? Absolument pas. Le cas de ce savant, au sens le plus noble du terme, pour qui, à titre personnel, j’ai énormément d’admiration depuis le lycée, doit interpeler franchement la jeunesse et toute la diaspora centrafricaines. La gestion de la cité, les problèmes des populations et de la chose publique, sont une affaire très  sérieuse. Il ne s’agit pas  d’une aventure individuelle. De plus, pourquoi s’imaginer  que parce que l’on a un PhD , un doctorat, une agrégation, ou tout autre diplôme des universités européennes, canadiennes ou américaines, on est prédestiné à être Président de la République, ou au minimum Ministre en R.C.A ? Demandez au peuple  centrafricain, et il vous le fera savoir ! Lui qui n’ignore plus, que  c’est toujours  au nom de ses souffrances que se  négocient quelques strapontins.
  • Des intellectuels serviles : Ce sont de loin,  les plus  téméraires et les  plus visibles ; les plus zélés, et les plus à craindre. Spécialistes de la rhétorique de diversion, ils ont la tête pleine et du talent. En tout, ils font preuve d’une  capacité d’analyse au -dessus de la moyenne. Ils mettent  leur imagination au service du prince du moment, qu’ils servent avec un loyalisme pervers.  Ils conçoivent  et argumentent des stratégies, souvent pernicieuses,  pour le maintien au pouvoir,  du président- guignol, qui finira malgré tout, par  être emporté. Eux, auront eu le temps de se retourner, et surtout de retomber sur leurs jambes. Interrogeons-nous,   et cherchons à comprendre. Comment par exemple, un intellectuel brillant, un philosophe doué, arrive-t-il  à servir sans discontinuer, et  en qualité de Ministre, souvent porte-parole,  à la fois  BOZIZEDJOTODJA, et  aujourd’hui SAMBA-PANZA ?  Le pire, c’est que cette situation pour le moins extraordinaire et surréaliste, n’a l’heur d’intriguer  personne en Centrafrique. Ainsi, sans se remettre en question, chacun parvient tranquillement  à négocier  avec  sa propre  conscience.  Au demeurant,   l’argumentation faussement imparable  du « je sers mon pays, pas un homme »,  ne vaut plus que pour les naïfs. Le maître d’école et l’infirmier du coin,  servent-ils  un homme ou  leur pays ?

Ainsi, apparaissent donc, les différents profils et catégories, des différentes espèces foisonnantes et toujours en prolifération, d’intellectuels centrafricains. Quid de l’intellectuel par vocation, libre-penseur, indépendant et politiquement incorrect ? Pas seulement, l’intellectuel qui possède un goût prononcé pour les choses de l’esprit, mais encore et  surtout, l’intellectuel qui, d’après  les mots d’Albert CAMUS, « ne peut se mettre au service de ceux qui font l’histoire : il est au service de ceux qui la subissent ». Comme toujours en R.C.A, plus la question apparaît nettement,  et que l’énigme se précise,  plus la réponse devient compliquée. Surtout,  quand  il s’agit de bannir la médiocrité. Autant  reconnaître  immédiatement, qu’il faut à la Centrafrique,  inventer ou réinventer  des intellectuels d’excellence. Et voilà que le destin fatidique, vient encore d’arracher à notre affection,  le très regretté Maître ZARAMBAUD ASSINGAMBI. C’était lui  l’intellectuel,  « le dernier survivant de la caravane », et « le dernier des Mohicans ».

Opportunément, aux obsèques du défunt,  les  mots que voici,  ont été prononcés « ZARAMBAUD face à lui-même ; ZARAMBAUD égal à lui-même ; ZARAMBAUD si pluriel au service des opprimés, des offensés, des victimes d’injustice… il ne se privera pas de prendre position sur toutes les questions qui concernent le destin de la nation centrafricaine. Il était assoiffé d’idéal ; il était pétri d’une rigueur quelque fois provocante…un de ceux qui ont dédié leur vie à la défense de l’humanité dans l’homme ». Savez-vous qui parle là? Maître Nicolas TIANGAYE, ci-devant,  Premier Ministre Centrafricain. Témoignage et hommage à son illustre confrère disparu,  ces paroles, sorties de la bouche de l’avocat talentueux et politicien échaudé,  sonnent en même temps, comme un mea culpa,  une véritable excuse publique faite  au peuple centrafricain. Le reste se passe de tout commentaire.  Ainsi, sans le savoir, sans le vouloir expressément, l’orateur en cette circonstance,  à travers un seul homme, a su bien circonscrire et décrire, à la fois , la place, le rôle et la mission,  de l’élite l’intellectuelle à inventer, si la Centrafrique veut et doit renaître.

Tout compte fait,  ces élites intellectuelles que la Centrafrique attend depuis toujours, ces intellectuels qu’elle appelle de tous ses vœux, s’ils existent, ont pour la plupart décidé d’abandonner presque tous,  de jouer le rôle qui est le leur,  et de prendre toute leur  place dans la société centrafricaine. Et le désespoir du peuple,  n’en est que plus grand. C’est pourquoi, les jeunes universitaires centrafricains (à ne pas confondre aux étudiants de l’université), philosophes, sociologues, politologues, anthropologues, juristes,  historiens, libres penseurs  de toute discipline, doivent sans plus attendre, porter sur les fonts baptismaux,  un nouveau projet de refondation de la République. Cela est possible, cela peut se faire à partir d’un noyau  coordonnateur enraciné à Bangui, avec des relais dans le monde entier.  « Toute idée neuve, toute grande idée, a toujours été celle d’une minorité », disait Anthony DE MELLO. Du reste, l’alternance générationnelle pour laquelle de jeunes centrafricains s’agitent de plus en plus, est à ce prix. Elle   n’est pas, ne saurait et ne devrait être,  comme il est déplorable de le constater, qu’une simple question de «  poussez-vous,  chers vieux,  les jeunes veulent s’asseoir à votre place et  recommencer à faire les mêmes choses qu’ils vous reprochent depuis cinquante-quatre ans ».  Qu’on se le dise très franchement : la Centrafrique n’est pas un problème pour les centrafricains. En revanche, l’élite intellectuelle  est un problème pour la Centrafrique. Il faut,  à cette jeune élite intellectuelle centrafricaine, créer un espace de courage, de résistance, d’abnégation et surtout de vision à long terme. Faute de quoi,  les rebellions  ont de beaux jours devant eux. Fréquenter  l’école apparaîtra de  plus en plus improbable, alors que  se faire enrôler dans  un  maquis deviendra la voie royale pour s’intégrer et se hisser socialement.

Paris le 6  février 2014

GJK – L’Élève Certifié 
De l’École Primaire Tropicale 
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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