RCA : NZENGO YEMBE LENALE, LE BANQUIER AMBULANT DE LA DOUANE
Dès l’abord, les informations factuelles sur le banquier ambulant de la douane doivent être passées au gril de la transparence médiatique. Qui est Zengo Yembe LENALE, ce personnage qui suscite tant d’interrogations et d’inquiétudes dans le milieu douanier centrafricain ? Ancien tailleur Congolais ayant posé ses valises depuis quelques années à Bangui, précisément au quartier Lakouanga, il a intégré la Douane Centrafricaine grâce à l’appui indéfectible d’une haute personnalité du pays. En quelques années, il gravit plusieurs échelons de l’administration douanière et occupa plusieurs postes de responsabilité. Son ascension rapide s’accompagna d’une acquisition vertigineuse d’un patrimoine immobilier très impressionnant dans son quartier d’adoption.
Peu de temps après l’avènement au pouvoir de Djotodia, il fut nommé Chef de Service des Enquêtes. A ce poste, il pilote également un service « stratégique » des encaissements, placé sous la supervision directe de la Directrice Rachelle Kamoun. Si certains douaniers l’appellent « vice-directeur », d’autres lui attribuent le titre de « Chargé de mission personnelle » de Dame Kamoun. En un mot, il est le banquier ambulant de la Douane, chargé de recevoir quotidiennement toutes les recettes. Cet ancien tailleur circule dans la capitale avec des sacs remplis de fonds publics. Compte tenu des sommes faramineuses qu’il traine sur lui à longueur de journée, quatre militaires de la Misca, assurent sa sécurité personnelle. Est-ce cela la mission de la Misca en RCA ? D’ici là, espérons tout simplement que notre banquier ambulant n’organise pas son propre braquage, dans l’unique but de dissimuler l’argent public qui dort dans ses coffres privés.
Mais à qui profite ce détricotage des mécanismes organisationnels de la Douane ? Qu’est ce qui justifie la dé-bancarisation des recettes douanières?
Admettons que les frasques des protagonistes de la crise aient effectivement freiné la bancarisation des recettes douanières de Beloko et de Bouar, est-ce possible qu’il en soit de même au niveau du guichet unique de Douala? Cette dé-bancarisation ne cache-t-elle pas une supercherie ? Notons que le système de bancarisation mis en place sous Bozizé, s’est montré assez efficace dans la lutte contre la prédation, les fraudes et les disparitions fréquentes des recettes. Le guichet unique s’inscrivait également dans la droite ligne de cette lutte déclarée aux pilleurs des deniers publics. A partir du moment où toutes les formalités administratives, au guichet de Douala, de Beloko et de Bouar, s’opéreraient sur la base de quittances bancaires, l’étau s’était nettement resserré autour des fraudeurs. L’on a ainsi assisté à une grosse chute des ponctions abusives des deniers publics.
Il est vrai que le système de guichet unique avait certes ses limites, notamment en ce qui concerne les marchandises parfois dédouanées au niveau de Douala sous d’autres codifications. A titre illustratif, des conteneurs de voitures et de motos ont été maintes fois dédouanés sous la codification des stylos ou des vélos au point d’amoindrir les performances macroéconomiques du pays. Ce que n’a pas oublié de relever le FMI dans son rapport suite à sa mission du 8-15 juillet 2014.
Il semblerait que les douaniers décèlent fréquemment la tromperie grâce à « l’ecor intégral » qui leur permet de rendre compte de l’effectivité des marchandises reprises sur les feuilles de routes. En terme clair, « l’ecor intégral » est la vérification physique des marchandises déclarées.
A l’allure où le désordre se professionnalise sans que le ministère de l’économie et des finances s’en émeuve, il y’a lieu de crier au scandale.
En attendant que la Présidente s’occupe réellement de la relance économique, nous brandissons encore les mots contre des maux.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
Chroniqueur, Polémiste
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