Libre opinion

NON A LA VIOLENCE EN CENTRAFRIQUE !

Par Alexis Bayoka-Dieka

Mawa a kê Nâ ya ti bê ti mbi. Mbi mgba lakwé ti koû kiringon ti siriri nâ kodoro sêsê ti bê Afrika. Nâ irî ti Nzapa Siriri a kê kiri.

Je suis chrétien et ma compagne est musulmane. Nous sommes tous deux Centrafricains. Je ne voudrai pas avoir à choisir entre sa religion ou la mienne. Tous deux à l’instar de l’harmonie qui existait entre les personnes des deux religions en Centrafrique, partageons notre vie en respectant chacun la croyance de l’autre. Jamais nos discussions portées sur la religion ne nous ont divisées. Bien au contraire la foi de chacun nous fait craindre le Dieu unique et nous conforte dans l’amour. L’amour de la création du Tout Puissant, l’amour d’autrui, l’amour de la beauté de la terre et de ses bienfaits. J’aurai du mal à dire à ma belle famille que « j’aime votre fille mais par contre je hais sa religion et par conséquent votre existence ». Depuis le début de la crise centrafricaine ma belle famille a fui les exactions pour se rendre dans les pays voisins. J’ai le cœur meurtri pour ma compagne. On en parle rarement, mais je sais que cela lui fait mal. Moi, tout cela m’offusque de savoir que nous serons obligés d’aller dans trois pays différents pour rendre visite à nos familles respectives, tant que l’insécurité perdurera. Ce n’est pas le coût du voyage qui me dérange, mais c’est le fait de savoir ma belle famille dans un pays qui leur est étranger, juste parce qu’ils sont musulmans. Je me rappelle quand la SELEKA avait pris le pouvoir, je craignais pour ma propre famille. Les nouvelles qui nous parvenaient de Bangui et d’un peu partout en Centrafrique, démontraient bien que la SELEKA n’était pas venue libérer le peuple centrafricain. Au contraire l’ensemble de leurs actes ont conduit le pays dans l’anarchie, la désolation et a engendré la haine de l’autre. Tout ça pour le pouvoir ? Le pouvoir des biens mal acquis, le pouvoir manipulateur, le pouvoir conspirateur, le pouvoir barbare, le pouvoir destructeur a fini par diviser mon pays orientant la guerre des assoiffés du pouvoir vers le peuple. La réponse logique à ces longues périodes d’exactions de la SELEKA sur la population à majorité chrétienne et animiste a donné naissance aux ANTIBALAKA (groupe d’autodéfense). Au début défenseurs de la population à majorité chrétienne et animiste contre la SELEKA, les ANTIBALAKA se sont illustrés négativement par des exactions contre la population à connotation musulmane voire sur la population chrétienne. Un mouvement populaire tantôt récupéré, tantôt infiltré par de nombreux jeunes désœuvrés. La SELEKA aussi a accueilli beaucoup de jeunes désœuvrés en plus d’utiliser des enfants soldats.

En Centrafrique pays avec une seule langue nationale, il n’y a pas une ethnie plus forte que l’autre et encore moins une religion plus forte qui doit imposer son dogme. En Centrafrique, terre d’accueil et d’espérance il n’y a pas une religion qui soit meilleure à une autre. En Centrafrique il ne devrait plus avoir d’ANTIBALAKA ni de SELEKA mais des patriotes unis à l’instar du Burkina Faso pour faire front commun à la haine, à la violence et à la misère. Centrafricains, unissons-nous pour la paix et le développement de notre pays. Aujourd’hui les familles centrafricaines ne cessent de pleurer leurs morts. Assez de sang a coulé comme ça ! Notre terre est riche et immense. Il y a de la place pour tout le monde, saisissons cette chance inouïe que nous avons pour faire prospérer notre pays par le travail.

J’appelle mes frères et sœurs centrafricains épris de paix de ne pas recourir à la haine, ni à la violence destructrice. Ce serait faire le jeu des ennemis de la paix. Nous pouvons nous exprimer pacifiquement sans faire couler de sang. Ce n’est qu’ensemble que nous allons gagner contre la terreur et la pauvreté. Privilégions le dialogue et ayons foi en la justice que nous devons tous rétablir ensemble par nos actes citoyens et le respect des institutions. Je m’incline devant ces vies innocentes qui sont une fois de plus de trop. Je présente mes sincères condoléances aux familles endeuillées.

Vive la Centrafrique une et indivisible.

Alexis Bayoka-Dieka

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