Libre opinion

LES RISQUES D’UN CRIME CONTRE L’HUMANITE EN CENTRAFRIQUE

Par Gaston KONGBRÉ

« La vérité doit s’imposer sans violence ».
Léon TOLSTOÏ

Les évènements meurtriers des 26, 27, 28, 29 septembre 2015 nous permettent de présager qu’un crime contre l’humanité de grande ampleur risque de se perpétrer en Centrafrique au vu et su de tout le monde.
Les assassinats commis par les forces djihadistes enkystés au quartier Km5 jadis paisible est l’un des prémices de ce qui pourrait arriver dans un avenir proche si l’on n’y fait pas attention.
La mort d’un homme de confession musulmane au quartier Combattant a été la raison de ces criminels de sévir. Le défunt serait tué par les anti-balakas. Ces homicides prémédités ne doivent surprendre personne. Ces criminels qui ont pris en otage les habitants du quartier Km5 et les environs n’attendent que des occasions de ce genre pour entrer en action. Les actes supposés des anti-balakas sont des prétextes rêvés pour un affrontement dont les victimes innocentes sont les femmes et enfants.
Des informations nous parvenant indiquent que les Sélékas lourdement armés convergent vers Bangui en vue de lancer une attaque militaire et éventuellement prendre le pouvoir selon les déclarations de leurs chefs de guerre.
Il semblerait qu’il y a en ce moment des affrontements entre les Sélékas et les soldats du régiment Congolais de la MINUSCA à Bambari. Les Sélékas bien décidés à reprendre le pouvoir.
Le temps est venu pour les acteurs engagés pour la sortie de la crise centrafricaine de se déterminer afin d’éviter ce crime contre l’humanité de grande ampleur qui pourrait se commettre.
La Cheffe d’État de Transition doit nous dire clairement depuis son retour de New-York quelle décision doit-elle prendre face à ces drames présents et futurs. Les centrafricains sont fatigués de ses vieilles rengaines du genre « les enquêtes vont être diligentées, les auteurs de ces faits vont être recherchés et traduits en justice ». Ce disque est déjà rayé. Les centrafricains veulent des actions. Ces criminels sont connus. Tout le monde sait où ils se trouvent. Madame la Chef d’État, pourquoi n’autorisez-vous pas, vous qui êtes le chef suprême des armées, le désarmement forcé des groupes armés de la capitale Bangui et notamment les quartiers qui posent problèmes ? Pourquoi ne demandez-vous pas publiquement par écrit public aux forces internationales de la MINUSCA et les Sangaris d’appliquer le mandat qui leur a été confié par les résolutions des Nations-Unies ? Où en est-on avec la proposition de formation de 2000 soldats centrafricains par l’Angola ? Où en est-on avec la stratégie de protection du pays élaboré par le général TIMANGOUA ?
Vous êtes accusée d’avoir refusé le désarmement de Km5 au motif que sans défense, les musulmans seraient assassinés par le reste de la population. Ce qui est faux. Si vous interdisez le désarment du Km5 pour le motif indiqué, a contrario, vous autorisez ces djihadistes armés à massacrer les autres citoyens ? Ces djihadistes ne sont pas des musulmans, je vous le rappelle car les musulmans et non musulmans ont vécu paisiblement en Centrafrique et aspirent toujours à cette vie paisible.
Le désarmement simultané des quartiers du Km5, des 4ème, 5ème, 8ème, de Bangui et ceux des Pk 9 et 12 avec son corollaire la mise en place d’une force d’interposition et de protection de la population ramènerait sensiblement la paix dans la capitale du pays. Et à partir de là, les forces internationales se concentreraient pour le désarmement forcé des autres villes de la RCA. La sécurité reviendrait rapidement sur l’étendue du territoire afin de permettre les élections programmées pour un retour à l’ordre constitutionnel. Vous sortirez ainsi par la grande porte.
Au lieu de cela, nous constatons votre inertie dans les prises de décision. Les morts des centrafricains par des milliers vous est, semble-t-il, insensible. Si tel avait été le cas, en tant que mère qui connait les douleurs de l’enfantement malgré que l’atténuement par la péridurale, vous aurez été prompte à décider.
Aux yeux de la population, vous protégez ne protéger guère la population car les organisations criminels dont les dirigeants ont le sang sur les mains ne sont ni poursuivis, ni jugés ni condamnés. Bien au contraire, ils collaborent avec les institutions de la République. Est-ce normal ?
Si les meurtres par série qui endeuillent les familles centrafricaines avaient été une priorité pour vous, vous aurez agit autrement.
Agissez dès maintenant sinon, il sera trop tard.
Agissez dès à présent sinon, vous nouerez votre pagne non pas pour affronter un adversaire mais pour sauter dans une barque en direction de l’autre rive du fleuve Oubangui comme deux de vos prédécesseurs.
Agissez maintenant, car la colère gronde au sein de la population. Cette colère monte si vite eu égard aux victimes innocentes qui s’accumulent. Qui jonchent le sol.
Agissez tôt, car quand le peuple est colère rien de l’arrête. L’Histoire nous l’enseigne.
Agissez plus rapidement pour montrer votre volonté de bâtir la fondation de ce nouveau Centrafrique, mission qui vous a été confiée à votre élection par le CNT en janvier 2014. Je rappelle au passage que votre discours d’investiture résonne encore dans les oreilles des centrafricains et centrafricaines.
Agissez plus vite, afin que les femmes qui avaient mis leur espoir en vous ne soient définitivement déçues de vous comme vous le savez déjà.
Agissez promptement pour ne pas être complice active du crime contre l’humanité qui se profile actuellement à l’horizon. Ne soyez pas otage de vos conseillers, car c’est vous seule qui serez responsable devant l’Histoire. N’oubliez pas de méditer l’adage des riverains dont vous faites partie qui dit « c’est quand le poisson est dans la nasse qu’il comme à réfléchir ».
Agissez opportunément afin de faire taire vos adversaires car le raccourci est vite fait : Transition = Trahison.
Je vous dis ces choses afin de vous alerter sur les enjeux vitaux de la Nation et non par méchanceté.
Les responsables de la MINUSCA doivent assumer leur responsabilité qui est d’appliquer les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations-Unies. Sinon, ils échoueront dans leurs missions.
Le Haut-Commissaire des droits de l’homme de l’ONU, monsieur Zeid Ra’ad Al Hussein lors de passage en septembre dernier à dit « qu’il faudrait une approche bien plus robuste envers ces groupes armés, afin qu’ils commencent à comprendre qu’ils ne peuvent impunément bafouer l’état de droit quand, où et comme ils le souhaitent ». Il a également déclaré que « le désarmement devrait être une priorité absolue. Les criminels et meurtriers notoires doivent être traduits en justice, quel que soit le groupe auquel ils appartiennent ». Contrairement à Hervé LADSUS qui souhaite la création des zones sans armes, ce qui est contraire aux résolutions des Nations-Unies, Zeid Ra’ad Al Hussein demande le désarmement forcés des groupes armés.
Les populations désabusées se demandent à quoi servent ces forces de la MINUSCA et des Sangaris s’ils ne désarment pas les forces du mal et ne les protègent pas. Nous avons vu le cas ces derniers jours avec les massacres des quartiers Castors, Yakité, Bazanga et autres.
Quand ces forces internationales veulent, elles le peuvent car, elles ont les moyens militaires (hommes et logistiques) nécessaires pour leurs actions. Elles avaient agi au début efficacement avec l’exemple de désarment des Sélékas par les Sangaris en décembre 2013. Les Sangaris l’ont réitéré avec succès à Bria. S’ils ne le font pas, ils sont complices de crime contre l’humanité qui se commettra en Centrafrique.
Le Secrétaire Général des Nations-Unies monsieur Ban KI-MOON vient de rappeler que « la Mission multidimensionnelle Intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA) prendra toutes les mesures nécessaires, dans le cadre de son mandat, pour protéger les civils et favoriser la stabilité dans le pays ». Cela veut simplement dire qu’il faut désarmer les groupes armés qui sèment la terreur dans le pays.
Monsieur ban KI-MOON a également r « rappelé les forces internationales présentes en dans le pays à prendre les mesures nécessaires pour appuyer ces efforts ». Ces propos devraient avoir un écho favorable chez Parfait ONANGA-ANYANGA. Ce dernier doit agir autrement que son prédécesseur Babakar GAYE à qui les centrafricains demanderont un jour des comptes devant un tribunal international pour sa passivité pour ne pas dire complicité dans les crimes commis en Centrafrique.
Le général camerounais Martin CHOMU TUMENTA n’a plus sa place à la tête du commandement de la MINUSCA. Ce qu’il fait en Centrafrique, il ne l’osera pas au Cameroun dans le cadre de la lutte contre BOKA HARAM. Il sera congédié illico facto. Or, la lutte contre les groupes armés en Centrafrique n’est pas différent de ce qui se passe au Cameroun. Il dispose des hommes et moyens militaires pour nécessaires pour accomplir sa mission. Mais ce fameux général est atteint de la maladie de l’inaction. De deux choses l’une. Soit il a reçu l’ordre de ses supérieurs hiérarchiques de ne pas agir auquel cas qu’il le dise clairement pour ne pas endosser la responsabilité en cas de procès futur comme le cas des autres missions militaires internationales. Soit, il n’est pas en capacité d’assurer ses missions qui s’avèrent plus compliquées que prévues alors qu’il démissionne car à l’impossible nul n’est tenu.
Car son entêtement de rester en poste et de rien faire est synonyme de complicité de crime contre l’humanité si proche en RCA.
Les mouvements de troupes de la Séléka vers la capitale nous rappellent l’épisode où cantonnées à Damara par la FOMAC du général gabonais Jean-Félix AKAGA, ces forces du mal ont fini par faire sauter ce verrou et pénétrer dans la capitale comme dans du beurre. Le résultat, on le connait : Bangui était mis à sac avec des morts par milliers.
Les hommes politiques centrafricains doivent mettre de côté leurs égos pour trouver une issue durable à cette crise qui perdure dont les innocents en sont des victimes.
Si vous ne laissez pas vos intérêts personnels pour trouver une solution à cette crise dont les groupes armés en profitent à profusion, vous serez considérés comme les coauteurs et complices de ce crime que les groupes armés notamment les Sélékas et leurs djihadistes enracinés au Km5 ainsi que les anti-balakas vont perpétrer contre les citoyens centrafricains (chrétiens, musulmans et animistes).
L’attaque de Bangui que les Sélékas se préparent de faire est déjà connue et vous en êtes prévus, vous les autorités de la Transition, vous de les responsables de la MINUSCA ainsi que les forces internationales de la MINUSCA et les Sangaris sans oublier vous les hommes politiques centrafricains. Vous ne direz pas qu’on ne savait pas.
Gouverner, c’est prévenir.

Gaston KONGBRÉ

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