Grand format de J.Gréla

LE MESSAGE DES ÉVÊQUES DE CENTRAFRIQUE : PARTIE 2

Le chemin de la paix et de la sécurité
Dans l’unité, nous découvrirons la richesse de nos différences

BOGANDA a laissé un pays uni et indivisible avec une seule langue : le sango, symbole de la fraternité centrafricaine. Le chemin de la paix et de la sécurité, disent les évêques, passe par l’acceptation de l’autre, par le désarmement des cœurs. C’est un chantier auquel doit participer pleinement chaque fils du pays.  Un défi que lui seul peut relever par :

  1. Désarmement : Les résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies ont déterminé le cadre juridique de l’intervention des forces internationales en Centrafrique.  Le désarmement n’est pas négociable. Il est la stricte application de ces résolutions, selon les évêques Centrafrique à la conférence épiscopales de Juin 2014. Ils insistent qu’ « il est urgent de procéder sans complaisance au désarmement de toute personne en possession illégale d’armes de guerre » et mettre en place d’un programme rigoureux de Désarmement Démobilisation Réinsertion et Rapatriement des mercenaires (DDRR) au profit des combattants de la seleka et des anti-balles AK.  Les groupes incontrôlés de la seleka et des anti-balles AK, les archers et les groupes dits auto-défenses autonomes doivent être neutralisés. Sans le désarmement, clé majeure de l’insécurité,  la résolution de la crise n’aura pas lieu.Ils demandent à tous les centrafricains quelques soit son origine, sa confession, de soutenir les efforts déployés en ce sens et d’être des « acteurs de paix en désarmant non seulement les mains, mais surtout les esprits et les cœurs ».
  2. Réhabilitation des forces armées centrafricaines (FACA) : La situation est ubuesque. La sécurité et la protection des citoyens sont aux mains des groupes armés (seleka, anti-balles AK et LRA) et en dépendent alors qu’ils doivent être désarmés sans condition. Ils établissent des structures militaires parallèles (états-majors des armées, de la gendarmerie et de la police), empêchent les gendarmes et les policiers en poste dans les régions sous leur contrôle à assurer leur mission de sécurité, occupent indûment les administrations et les logements administratifs. Le pays n’est plus souverain et manque d’armée. Le destin de tout le peuple repose entre les mains des forces étrangères. Or, partout ailleurs de telles missions de paix, les forces internationales viennent en appui aux forces nationales. Ce n’est pas le cas en Centrafrique. Alors les évêques rassurent et proposent que « loin de suivre des fossoyeurs de la nation, animés par des intérêts égoïstes et sordides, il conviendrait de procéder promptement à la juste Réforme du secteur de sécurité (RSS), au Désarmement, Démobilisation, Réinsertion des combattants centrafricains et Rapatriement des mercenaires (DDRR) ». Il convient, « dans les plus brefs délais, de réhabiliter les Forces armées centrafricaines (FACA) et de les doter de moyens adéquats pour leur mission ».
  3. Rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’étendue du territoire se fera nécessairement par le redéploiement de l’administration et « par la lutte effrénée contre l’impunité ». Beaucoup d’endroits sont aujourd’hui abandonnés et conquis par des groupes armés qui appliquent leur loi du far-west, de desperados.
  4. Cohésion sociale : Les causes de la crise qui mine la Centrafrique sont multiples et profondes. Pour des raisons inavouées, un subtil déplacement sémantique a été opéré du terrain militaro-politique au religieux pour instrumentaliser l’antagonisme religieux accentuer la haine et les tensions intercommunautaires. Les responsables religieux se sont mobilisés pour dénoncer cette manipulation médiatico-sociale qui fait encore des victimes innocentes. Il est du devoir des leaders religieux et les évêques « de consolider les acquis du vivre-ensemble dans le respect mutuel et la vérité » et en appellent « aux hommes et femmes de bonne volonté, épris de cohésion sociale, à s’impliquer davantage dans les initiatives prises par la plateforme interreligieuse en faveur du vivre-ensemble ».
  5. Dialogue : Du temps des ancêtres, l’arbre à palabre, symbole salvateur de la cohésion sociale, de la vérité sur les blessures, était une institution régulatrice et sociale de règlement de leurs différends. Dans cette perspective, le dialogue, fondé sur la parole est donc un exercice exigeant de l’écoute et de la remise en question. Malheureusement, les nombreux débats et dialogues politiques et sociaux organisés au niveau national peinent à produire les résultats escomptés parce que le cœur et le volontarisme national ne suivent pas. de petits calculs personnels, entravent ses parole, ces dialogues et exhortent pas la conscience du citoyen. Il faut parler vrai et dire la vérité et soigner les blessures.
  6. Paix : La paix véritable est davantage une thérapie qui guérit des blessures, de la haine et de l’esprit de vengeance qui enferment et tiennent prisonnier les citoyens. Dans les malheurs qui accablent le peuple, les évêques continuent avec les artisans et promoteurs de paix à promouvoir la culture de la paix dans la justice et la vérité.
  7. Pardon et réconciliation par la justice et la réparation
    Le pardon libère des ressentiments, de la haine et de la vengeance qui mènent à la mort. Dans le contexte de la crise et de la méfiance qui affectent la Centrafrique, pardonner c’est se donner la chance de regarder l’avenir avec optimisme. Certes, les blessures saignent encore, les souvenirs de ce que le peuple a enduré sont encore frais. Il faut donc une justice transitionnelle, équitable pour permettre aux victimes et à leurs bourreaux d’engager dans la vérité les démarches en vue de la réconciliation et de créer par conséquent des espaces pour la cohésion sociale et de s’ouvrir à l’autre.

 A la lumière du message des évêques de Centrafrique, les réponses au problème centrafricain naitront du centrafricain. De solutions extérieures ne sont que du « saupoudrage » et ne correspondront pas aux réalités. Beaucoup de solutions ont été proposées par la communauté internationale sans la contribution du centrafricain. Le pays continue de souffrir.

Le pays a eu en septembre 1979, l’opération Barracuda, la Misab en 1997, le Minurca 1998, la Fomuc en 2002, la Minurcat en 2010, la Fomac jusqu’en août 2013, le Bonuca en 2000, la Micopax, le Binuca, la Misca depuis Aout 2013, le Sangaris né en décembre 2013 et bientôt la Minusca à partir de septembre 2014. Aucune solution durable trouvée.

La solution, c’est le centrafricain…

Joseph GRÉLA

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