Grand format de J.Gréla

MEPHISTOPHELES BOZIZE DEMASQUE, LA PRESIDENTE HAUSSE LE TON

« Les 400 renforts sont en train d’arriver du Tchad à Bangui» annonce le lieutenant-colonel Thomas Mollard »

Des Banguissois ont l’habitude de voir des colonnes de soldats entrées victorieuses ou non dans leur ville. Cette fois, des rangées de 400 soldats de français supplémentaires engagés dans l’opération sangaris depuis 05 décembre 2012, avec leur camouflage couleur sable ont traversé la capitale centrafricaine en milieu de matinée.

Le 14 février, la France s’était résolue à l’appel de Ban Ki-moon à envoyer des renforts en Centrafrique, portant ainsi son dispositif militaire sur place à 2000 hommes. Cet effort supplémentaire de 400 hommes, décidé par le président Hollande, « comprend le déploiement anticipé de forces de combat et de gendarmes français qui participeront ensuite à l’opération militaire de l’Union Européenne dès son déploiement», prévu en mars, avait indiqué la présidence française. Environ dix jours après, l’imposant convoi d’une cinquantaine de véhicules – blindés et camions – est arrivé, ce jeudi, à Bangui en provenance du Tchad pour renforcer les troupes de l’opération française Sangaris.

De source diplomatique, a-t-on appris et rapporté par Libération en ligne de ce jour, le président Hollande, en première ligne depuis le début de la crise pour faire intervenir la communauté internationale en Centrafrique, pourrait faire une halte à Bangui vendredi, à son retour du Nigeria.  Il avait déjà effectué le 10 décembre une visite surprise aux troupes françaises engagées dans ce pays, cinq jours après le déclenchement de Sangaris. Il avait alors atterri à l’aéroport de Bangui – placé sous couvre-feu – en provenance d’Afrique du Sud où il venait d’assister à la cérémonie d’hommage à Nelson Mandela, décédé quelques jours plus tôt.

Le Point.fr souligne, quant à lui, l’unanimité du Parlement français en faveur de la poursuite de l’opération sangaris et précise que « rien n’est vraiment réglé » selon certains députés. « Le consensus demeure la règle sur les interventions militaires extérieures » mais ne permet pas d’oublier les « difficultés considérables » de Sangaris évoquées à la tribune par le Premier ministre Ayrault, suggère sous sa plume Jean Guisnel du Point. Le journal rappelle qu’à l’issue de ces votes, la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba-Panza s’est« réjouie que le peuple français accepte de voler au secours du peuple centrafricain ».

Les problèmes de Centrafrique, cependant, demeurent. Les organisations humanitaires  doivent répondre à la situation humanitaire« catastrophique » et béante. Les forces internationales à la sécurisation. Les centrafricains, le chemin de la résolution politique de leur destinée. Car « La France n’a pas vocation de se substituer aux forces internationales auxquelles il incombe d’assurer dans la durée » la mission de paix en Centrafrique, a déclaré le Premier ministre, hier. La France ne restera pas indéfiniment.

L’Europe et sa troupe piétinent 

L’UE a tenu une conférence de  « génération de forces »  le 25 février à Bruxelles. Les pays désireux de participer à l’Eufor/RCA ont, non seulement, annoncé une confirmation, mais aussi une réduction ou un décalage de leur participation à la future mission européenne. A quand le déploiement de la force européenne en Centrafrique, alors que les 400 soldats promis par la France, il y a dix jours arrivent sur le terrain.  De conférence de presse en conférence de presse, le chef, le général Philippe Pontiès du « probable » Eufor/RCA, devrait s’adresser à la presse hier 27 février à Bruxelles pour faire le point sur les effectifs promis et les délais de mise en place de cette force de 500 à 1 000 hommes, qui s’allongent et qui ne se concrétisent pas…

Désormais, dit le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian sur Europe 1, il s’agit d’ « assurer la sécurité des habitants de la RCA et d’éviter que se crée un vide sécuritaire qui provoquerait tous les appétits et tous les risques terroristes, djihadistes et autres, provenant du Nigeria et de la Somalie ». Il ne nie pas que « le vrai problème qui se pose aujourd’hui, c’est d’abord la capacité des [nos] forces à se projeter à l’extérieur de Bangui après avoir sécurisé les différents quartiers en relation avec les forces africaines ». La France va passer par la « sécurité de proximité, [de] faire en sorte qu’il y ait des gendarmes et des policiers qui forment les gendarmes et les policiers de République centrafricaine » pour éviter que les « brigands et les chenapans de toutes sortes » empêchent la Centrafrique de se reconstruire, ajoute-il sur les ondes de La voix de l’Amérique du 26 (27) février.

Ngaïssona, le « gros poisson coordonnateur »,  est toujours libre 

Les journaux ont annoncé le 26/02/2014, l’arrestation « du gros poisson  coordonnateur » auto-proclamé des anti-balakas, Ngaïssona avec deux de ses collaborateurs, dans la région frontalière de Likouala, la partie nord du Congo. Les forces de la Misca se sont empressées de féliciter la collaboration et l’intervention des autorités congolaises, de les remercier vivement pour leur soutien et de leur réitérer son appréciation pour leur contribution inestimable à la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité en RCA.

Malheureusement, joint par la Voix de l’Amérique, le coordonnateur autoproclamé dément avoir été arrêté avec deux de ses collaborateurs.

Pendant ce temps, des fortes détonations ont plongé les habitants des quartiers voisins du PK 11 au PK 12, ce mercredi, dans une profonde terreur : La « situation était confuse », rapporte l’AFP. Craignant les exactions des anciens rebelles, plusieurs familles ont fui leurs habitations, signale AFP. En effet, en réaction à l’agression de deux des leurs par des anti-balaka, les Séléka casernés au PK 11 ont riposté à l’arme lourde et légère. Aucun bilan n’est encore disponible. Quelques tirs sporadiques se faisaient encore entendre dans le secteur, hier soir.

C’est dans ce contexte que Jean-Emmanuel Ndjaraoua, représentant de la Haute-Kotto, membre du CNT (parlement provisoire) abattu par des hommes armés le 9 février dernier à Bangui, a été inhumé.

Des responsables, bientôt dans les filets de la justice

Selon le journal en ligne L’Express.fr du 27/02/2014 la présidente de transition Catherine Samba Panza a rappelé à l’ordre les forces françaises et africaines, les a « exhortées  à faire usage réellement des mandats » de l’ONU pour « mettre hors d’état de nuire les éléments incontrôlés » dans son pays.

Le Conseil de sécurité de l’ONU qui prépare des sanctions contre Bozizé et les Séléka s’est penché ce jour, 25 février 2014, sur  la liste soumise par la France, de responsables susceptibles d’être sanctionnés pour leur rôle dans la crise centrafricaine, évoque l’Agence France Presse. Des sources diplomatiques, huit noms, dont ceux de Bozizé et certains de ses fils, ceux de responsables Séléka, ainsi que de responsables anti-balakas figurent sur cette liste susceptible d’évoluer. Maintenant, « il faut des preuves et de nombreuses vérifications » relève une des ces sources diplomatiques, « pour mettre en cause les responsables à sanctionner », les poursuivre, selon la résolution Le du Conseil de sécurité adoptée le 28 janvier 2014, menaçant de sanctions ciblées (gel des avoirs et l’interdiction de voyager).

Méphitophélès Bozizé dévoilé

Piégé, selon al wihda-info – Echo Centrafrique, l’on sait maintenant que la main de Bozizé est la main du diable qui oriente les anti-balakas vers des exactions, vers la folie meurtrière en tout genre. Dans un enregistrement, on l’entend clairement donner des conseils et déplorer le comportement des miliciens. Bozizé a lui-même affirmé avoir défendu ces criminels sur les antennes de radios internationales. (Centrafrique libre transcrira pour vous, dans ses prochaines éditions, en français, le contenu de cette conversation qui a duré 09 minutes environ).

La grande détresse des réfugiés centrafricains 

 Des reportages de divers journaux décrivent à Kaga-Bandoro, (Libération du 25/02/2014, ultime abri des exilés de Bangui de Florence RICHARD, envoyée spéciale), à Sido, ville frontalière du Tchad, (Le Monde  « Afrique » du 26.02.201 de Charlotte Bozonnet, envoyée spéciale, La grande détresse des réfugiés centrafricains), l’odyssée de ces réfugiés, noyés et échoués dans l’infortune.

A Kaga-Bandoro, ville qui respire la peur et les odeurs nauséabondes de la mort, n’est pas à son premier siège par les rebelles. Elle est le« refuge provisoire des musulmans en fuite vers le Tchad », évoque le reporter de La Libération. Malgré le contrôle de la ville par les sélékas, les réfugiés qui ont rapatriés, femmes et enfants à Sido, vivent dans la peur d’attaques imminentes des anti-balakas.

Des soldats sangaris, entre temps, ne sont restés que trois jours. Depuis leur départ, des témoins assistent à un regroupement des Séléka dans la ville. «Nous voyons arriver des véhicules chaque jour qui restent sur la zone. Quelque chose se prépare», s’inquiète un humanitaire, au fil de l’encre du reporter.

Pendant ce temps à Sido, 35000 personnes, principalement des musulmans chassés par les violences des milices anti-balaka, sont arrivées dans cette ville, à pied, et surtout dans des convois escortés par l’armée tchadienne. Une partie a poursuivi vers d’autres villes du Tchad, « mais 14000 réfugiés s’entassent ici, privés de tout », écrit la journaliste.

« A Sido, un peu moins de 300 tentes ont été distribuées pour loger les réfugiés. On compte vingt latrines pour 13 000 personnes, quatre points d’eau, aucune douche. Surtout, la nourriture manque. En sécurité au Tchad, ces femmes ont aujourd’hui une autre urgence : trouver de quoi faire vivre leur famille. Chaque jour, elles ramassent du bois aux alentours et vendent les fagots au marché pour une misère. « Comment va-t-on donner à manger à nos enfants ? », demande l’une d’elles qui ne se considère pas comme une « retournée» au pays mais une vraie refugiée,  sans racine, au Tchad.

Voilà dépeinte, la situation des réfugiés musulmans centrafricains ou tchadiens, victimes du conflit en Centrafrique.

A Bagneux, le 28/02/2014

Joseph GRÉLA

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