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LE MARIAGE ATTENDU: FACA-BALAKA-SELEKA : ANDRE NZAPAYEKE PEUT ENFIN JOUER SA PARTITION

La récente tenue du congrès de la Séléka dans la ville de Ndélé, qui se trouve au Nord-est de la République Centrafricaine continue de susciter des réactions et un tas de méfiance au sein des populations, qui craignent véritablement de voir dans cette initiative, un premier pas vers la partition de leur pays. Les émotions dues à cet évènement étant passées, il est temps de revenir à la réalité et d’examiner l’évolution de cette qui, il faut l’admettre, est complexe, sans nécessairement incarner une tragédie pour la République Centrafricaine que rien ne peut diviser. Même pas ABAKAR Sabone.

Il y a d’abord lieu de noter, que les préfectures du Nord de la République Centrafricaine ne sont pas administrées par les Séléka, même alors que des crimes commis à la ronde dans de nombreuses localités de cette partie du pays sont le fait de groupes de combattants sélékistes. En réalité, la Séléka, depuis la chute de son chef Michel DJOTODIA, réfugié au Bénin, fonctionne dans un parfait désordre, qui a rendu nécessaire la tenue d’un congrès, supposé désigner des interlocuteurs valables pouvant servir de passerelle entre les autorités politiques de la transition et cette rébellion.

Il y a ensuite lieu de remarquer, que les troupes de la Sangaris et de la MISCA sont toujours déployées dans les villes intérieures de la République Centrafricaine. Ce qui supprime a priori toute hypothèse d’une quelconque possibilité de partitionner le territoire centrafricain, même si l’on sait que dans la pensée de certains sélkistes du genre ABAKAR Sabone qui sont des mercenaires venus d’ailleurs et en quête d’un territoire à gouverner, demeure le rêve de la division de la RCA en deux petits morceaux, une obsession, en somme, le seul moyen pour eux de rattraper le temps qu’ils ont perdu à se battre durant des décennies dans le Darfour, tantôt contre le Tchad de Déby, tantôt contre le Soudan de Béchir, tantôt contre d’autres groupes de gens armés qui pullulent dans le désert du Sahara. Sans rien changer au monde! Sans rien changer!

Il y a enfin une tendance claire qui se dégage désormais des rangs de la Séléka. C’est qu’à la vérité, cette rébellion n’a plus le choix que d’aller à la paix. Les quelques rares personnes éclairées que compte cette organisation savent depuis peu, qu’elles ne peuvent pas militairement affronter les Nations Unies, l’Union Européenne et l’Union africaine, qui sont engagées pour la recherche des solutions à la crise que traverse la République Centrafricaine.

Mais que peuvent faire ces cadres, s’ils ne sont pas régulièrement désignés pour être en mesure de donner des ordres et donc de discipliner des combattants éparpillés, qui commettent des crimes en toute liberté et impunité? C’est là-dessus qu’il faut peut-être comprendre la raison pour laquelle les autorités de la transition ont jugé utile de laisser se tenir le fameux congrès de Ndélé. A présent que cette organisation est représentée par des responsables ouvertement désignés, le processus du DDR en ce qui concerne les combattants de la Séléka devient envisageable.

A la vérité, la Séléka est pour elle-même une ennemie mortelle, grâce à son propre désordre interne, qui l’a rendue impopulaire et qui lui a fait perdre le pouvoir, abandonné en janvier 2014. L’indiscipline, le désordre, un chaos incurable. Même DJOTODIA, « évangéliste » devant l’Eternel n’y a rien pu et a été obligé de fuir au Bénin, loin des canons de ses anciens compagnons de maquis.

Chassés du pouvoir, les séléka, éparpillés se comportent donc depuis comme des électrons libres qui écument de nombreuses villes dans le Nord de la RCA. Grâce à l’absence de l’armée centrafricaine qui les connaît parfaitement, ils peuvent sévir autant qu’ils veulent. Et si l’on ne rétablit pas l’ordre dans l’univers des Séléka, alors, ce sera des décennies de chaos pour la Centrafrique, exactement comme la situation du Darfour, où les DJADJAWIDES vivent dans le crime et l’insécurité qu’ils adorent.

Il fallait donc utiliser la Séléka, pour discipliner les sélékistes et les convoyer vers le processus du DDR. Dans ce sens, la mise en place des structures de direction de la Séléka devient le seul moyen de contrôle interne dont ont besoin les autorités de la transition, pour identifier, dénombrer, cantonner et désarmer les combattants de ce groupe.

Le reste des élucubrations relatives à un redéploiement des rebelles sélékistes en vue d’occuper une partie du territoire n’est que pure chimère, dont vont certainement se nourrir ceux qui, comme ABAKAR Sabone, qui, n’étant pas centrafricains, n’éprouvent aucun remords à voir partir en fumée, l’unité de la République Centrafricaine. Mais, est-il interdit de rêver? Ou encore, peut empêcher un homme d’imaginer un cheval avec des ailes? Posez cette question à René DESCARTES et il vous en dira davantage.

On comprend pourquoi les centrafricains, membres de la Séléka ont rejeté l’idée d’une partition de leur pays, alors que les mercenaires, membres de cette même Séléka ont cru pouvoir en faire leur cheval de bataille.

Il est donc question pour les responsables de la transition, de tamiser la Séléka et d’en sortir les fils et les filles de la République Centrafricaine, afin de les former en vue de leur incorporation dans les Forces de Défense et de Sécurité de leur pays, la République Centrafricaine.

Comme par hasard, le congrès de la Séléka a été suivi par une Assemblée générale des Balaka, au terme de laquelle les membres balakistes ont pris l’engagement de traiter durement tous ceux qui, dans leurs rangs, oseraient inquiéter un seul musulman. Voilà un pas déterminant, attendu depuis plusieurs mois. Une décision qui marque véritablement le temps de la fin d’un conflit et le commencement du retour de la paix véritable sur l’ensemble du territoire centrafricain. Mais, cela voudrait-il dire, que c’en est fait pour le phénomène de l’insécurité? Loin de là!

Les indisciplinés ou encore les incontrôlés, selon la nomenclature des bandes armées incapables d’organiser et de discipliner leurs ouailles, resteront encore pour longtemps des bras tueurs dans la pénombre d’un pays longtemps plongé dans le chaos.

Mais personne, absolument personne ne peut nier, que désormais, dans les rangs des Balaka, la discipline va régner, au besoin par la manière forte, grâce aux Balaka eux-mêmes. Ce qui, dans les principes, les rapproche des Séléka qui, après la tenue de leur congrès, ont décidé d’évoluer résolument vers la paix. C’est donc une nouvelle donne que les responsables de la transition ont en main. Ils ont la clef pour ouvrir la porte de la réconciliation en République Centrafricaine. Il faut s’en servir!

Dès lors que les groupes armés ont pris l’engagement de ramener leurs combattants à la raison, en utilisant les énergies et les structures qui leur sont propres, on peut valablement penser qu’une page est sur le point d’être tournée. Il ne reste donc qu’une étape, pour être efficace dans les opérations de rétablissement de la sécurité, celui de la fusion des éléments positifs des Balaka et des Séléka, qu’il faudra incorporer dans les FACA. C’est ce brassage qui est le véritable commencement du retour de la quiétude en République Centrafricaine. C’est le mariage attendu!

Il est évident qu’on ne pourra pas d’un trait, embarquer dans les rangs des FACA, des milliers de nouvelles recrues. Mais on ne peut pas non plus laisser dans la nature, des milliers de jeunes gens qui n’ont pour activité que le maniement des armes. Il faut donc que les responsables de la transition négocient auprès de la communauté internationale, un financement spécial pour l’encadrement, la formation et l’incorporation d’une importante partie des combattants des anti-Balaka et des Séléka dans l’armée, la gendarmerie et la police. Le reste devrait normalement aller au DDR.

Si les Forces de Défense et de Sécurité, les Balaka et les Séléka sont brassés, il va de soi qu’il suffit de les placer sous le commandement des Sangaris et de la MISCA et de les envoyer au boulot sur le terrain. Et quand nous parlons de brassage, nous prenons en compte tous les implicites du problème, ce qui n’exclut donc pas les difficultés liées au fait qu’il s’agit de gens qui, jusque là, se sont mortellement détestés. Mais si ailleurs, il été possible de résoudre ce genre de problème, c’est qu’en RCA, on le peut de même. C’est une question de volonté et de courage politique.

Les officiers des FACA, restés neutres durant toutes les années de la crise centrafricaine peuvent conséquemment être mis à contribution, afin d’éloigner le spectre d’une armée mal encadrée, qui passe son temps à brutaliser les populations civiles. Il doit donc être question de faire des FACA, une entité déployée aux frontières, tandis –que la police et la gendarmerie s’occupent de la sécurité des populations dans les villes et sur les routes.

Résultat, il n’ y a aucune raison de désespérer, si l’on sait agir à temps, pour ne pas perdre l’élan positif, consécutif aux deux sessions des Séléka et des Balaka. Et, c’est aux politiques que revient cette tache historique attendue par l’ensemble des centrafricains, qui sont impatients de voir s’en aller le climat de l’insécurité totale qui s’est installée dans leur pays depuis plusieurs mois déjà.

A l’opposé, si les autorités de la transition ne saisissent pas l’opportunité qui leur est offerte par le changement de tendance que les Séléka et les Balaka trahissent actuellement, il ne leur sera plus possible de se rattraper plus tard. Le temps qui reste pour la transition est bien trop court.

Pris dans ce contexte, le congrès des Séléka de Ndélé a quelque chose d’utile qu’il faut prendre en compte, tout en sachant qu’il est impossible aux troupes internationales de renoncer à leur mandat, car là-dessus, elles sont observées à la loupe. Le désarmement et le cantonnement des groupes armés n’est pas discutable. Mais la partie centrafricaine a un rôle important à jouer.

Ce rôle revient au premier ministre et à son gouvernement, pour réunir en un seul ensemble les groupes armés, pour en faire le socle de la grande armée nationale qui, suite à tout ce que les centrafricains ont vécu, est appelée à être présente au niveau de toutes les frontières du pays avec ses casernes dans les seize préfectures du pays. Les temps ont changé, il faut changer avec.

Wandakpando
Quotidien l’Agora

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