À vous la parole

MAMAN, MA TENDRE MAMAN

Chaque jour qui passe
J’entends encore ta voix en moi
Qui m’exhortait
Ta voix qui insistait : « Apprends tes leçons »
Ta voix qui me commandait : « Récite-moi tes leçons »
Puisque tu ne savais lire ni écrire,
Je te récitais la même leçon chaque soir
Je croyais te tromper
Mais toi, tu savais que je mentais
Tu savais que je ne voulais pas travailler,
Tu ne disais rien, par amour.

Pour te rassurer de ma scolarité
Tu te rendais tous les samedis à mon école
Demander l’avis du maître
Sur mon comportement de la semaine
Au maître, tu martelais :
« C’est ton fils, dresses-le, corriges-le
Je veux qu’il aille loin ».
Aller loin pour toi, c’était
Faire de grandes études, devenir fonctionnaire
C’était la conception de ta génération.

L’école buissonnière, ma passion, tu n’en voulais pas
Tu me pourchassais dans les grandes herbes
Dans les bois, avec ta cousine, ma « petite mère »
Je courais vite, plus vite que vous deux
Tu pleurais, toi et ma petite mère
Tu te lamentais
Des paroles tristes, mélancoliques
Cueillaient  mon petit cœur
Mais dans les herbes, moi,
Je songeais à retrouver mes camarades
Jouer aux cartes dans le quartier
Avec mes amis d’enfance, musulmans.

Un jour, du fond de tes yeux maternels,
Ruisselaient tes douces larmes, silencieusement
En me regardant tendrement, c’était le déclic
Pour moi.
Je ne m’étais plus absenté de l’école
Ma scolarité, régulière surprenait
Je commençais à aller loin et encore plus loin
Grâce à tes moyens pécuniaires de wali-gara
Tu étais toujours présente dans mes études
La nuit, le jour, je ne manquais de rien
Tu étais là, toujours là, pour moi
Pour mes études
Je ne voulais plus te décevoir
Pour aller loin, loin.

Mais, maman
Voilà, tes vœux sont exaucés
Je suis allé loin, non seulement
Dans les études, mais aussi en distance
Maman, tu as de petits enfants qui t’adorent
Je leur raconte mon histoire avec toi
Tu es fière, tu dois être fière
Tu es mon Essentiel.

De là-haut, ton amour chéri, mon père
Doit aussi être fier, fier de toi,
Pour tout ce que tu as fait
Pour moi, pour nous, ses enfants, orphelins
Tu ne t’étais jamais remariée
Tu aimais tellement mon père
Mon frère et moi, étions désormais ton époux
C’est ce que tu disais.

Ton vœu d’antan, que j’aille loin, très loin
Mon vœu, maintenant,vivre avec toi,
Auprès de toi
Avec tes petits enfants
Pour le reste de ta vie
Pour la vie.

BONNE FÊTE DES MÈRES A TOUTES LES MAMANS QUI ONT SOUFFERT
ET SOUFFRENT POUR ELEVER LEURS ENFANTS

Joseph GRÉLA
L’élève du cours moyen
De l’école indigène de brousse deBakouté

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