Chronique de GJK

LES YEUX DANS LES YEUX

Les yeux dans les yeux, parlons de la RCA, notre pays. Ne le dites à personne. C’est vraiment un  secret que je veux vous confier, à vous seul qui me lisez. Le voici, mon pays et mon peuple, tel que je n’aurais jamais souhaité, voir présenter comme tel, à travers ces 14 points de ce tableau synoptique à découvrir stoïquement:

1- Une nation inexistante : La RCA, il faut le reconnaître, s’est construite sans aucune dimension affective, sans cette dimension spirituelle et cette âme, qui font qu’une communauté est solidaire. Ce qui semble manquer fondamentalement au peuple Centrafricain, c’est justement, le sentiment national, cet acte d’adhésion, par lequel on accède à cette dignité suprême des hommes libres qu’on appelle citoyenneté. On peut toujours discuter et débattre de ce point de vue, mais la crise actuelle est bien là pour nous le rappeler.

2- Un Etat « souverain » charcuté, tiraillé, démembré et agonisant : les structures étatiques de la RCA n’ont véritablement existé et fonctionné depuis toujours, que dans la grande bourgade de Bangui et les villes avoisinantes. Alors, que pensions-nous que les populations des autres contrées lointaines faisaient ?

3- Une navigation à vue : Aujourd’hui,  qui peut oser avancer des arguments consistants et constants, dans le but de défendre jusqu’au bout, et parvenir à convaincre totalement, de l’existence d’un fondement juridique des institutions de la transition ? L’on retrouve deux thèses. Celle de ceux qui croient en la validité absolue des accords de Libreville, en appellent à son strict respect, et défendent par conséquent tout ce qui a été fait au nom de ces accords. En face, se trouve le camp des « abolitionnistes », les tenants de la thèse de la « caducité des accords de Libreville ». Ils ne manquent pas d’arguments. Au milieu, comme d’habitude en RCA, se positionnent ceux qui sont pour les Accords, les jours pairs le matin, et se dressent contre les mêmes textes, les jours impairs au soir. Ils alternent leur raisonnement, et essaient d’adapter en permanence leur positionnement, en jouant aux équilibristes politiques sans éthique fixe. A dire vrai, si l’on prend par exemple le cas de l’AFDT, agrippé aux accords de Libreville, au nom desquels elle avait réclamé le poste de Premier Ministre, l’on peut relever deux choses : tout d’abord, dans l’esprit,- et j’insiste bien dans l’esprit – de ces accords, l’opposition démocratique était constituée uniquement par le FARE, dissoute avant la seconde transition. Du coup, la question d’un Premier Ministre membre du FARE n‘avait pas lieu de se poser. Par ailleurs, de quel droit l’AFDT s’arrogerait-elle le plein et absolu pouvoir de représentativité de l’ensemble de toute l’opposition démocratique ? Etant entendu bien sûr, qu’un bon nombre de partis politiques de cette opposition, n’en sont pas membres. Tout compte fait, Il y’ a urgence à trouver à la République, des fondements juridiques consensuels, indiscutables, de son existence et de son fonctionnement, avant que la question ne se pose en des termes belliqueux.

4- Une transition impuissante : apeurée, déboussolée et rendue à la dure réalité, la transition, « tremblant à zébrures rouges », est soumise, et fonctionne en permanence au « Centrafricanomètre », le détecteur et  révélateur Centrafricain, des incompétences et manques de performance, ainsi que de fausses promesses et vrais mensonges. Ceux qui ont suivi le Premier Ministre Nzapayeke, entendu, lu, et surtout analysé le discours de Mme Samba-Panza, ont dû tomber à la renverse. Car si l’on traite ainsi le bois vert, qu’adviendra-t-il du sec ?

5- Un Conseil National de Transition (CNT), parlement provisoire centrafricain, qui ne croit plus en lui-même. Au fait, qu’en est–il  de « l’ouverture du chantier de la nouvelle Constitution », annoncée  en grande pompe il y’a quelques jours ? Alexandre Nguendet, aurait-il cassé son « nguendet-chaise » ? Le Président du CNT, devrait être plus réaliste et se dire chaque jour, « ouf ! j’ai encore de la chance d’être là ». Mais pour combien de temps ?

6- Des politiques terrorisés, aphones, calculateurs et tapis dans l’ombre : A analyser le contexte politique, la plupart des leaders de parti, souhaitent en silence l’échec de l’actuelle transition. Pendant que certains, sur le terrain, s’ingénient à engranger des points qui ne leur seront même pas nécessaires le moment venu ; d’autres quant à eux, se rêvent Président de la République, mais en faisant « campagne » auprès de leur épouse et enfants, tranquillement installés à l’étranger, en dehors des turbulences centrafricaines

7- Retour à l’Etat de droit compromis : « l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles pour permettre le retour de l’ordre constitutionnel rompu depuis le 24 mars 2013 »(CSP), objectifs finaux de la transition, n’obéit plus à aucune échéance, à aucun calendrier. Pire, si pour une raison ou une autre, l’on en venait à forcer sur la pendule, il faut craindre que le Président qui sera élu,  ne soit confronté systématiquement, d’une part, aux contestations politiques intérieures « normales », en démocratie tropicale ; d’autre part, aux groupes armés des rébellions  professionnelles déjà positionnées.

8- Les Etas de la CEMAC et l’UA, ainsi que  tous les pays frères et amis de la RCA, sont  fatigués de la situation de ce pays, au point de se demander en coulisse, s’il existe encore dans ce coin du monde, des hommes vivants, doués de bon sens et de raison ? Les initiatives et les déclarations, autrefois assez fréquentes, se font de plus en plus rares ; si des actions sont menées au sein des bureaux feutrés des organisations internationales, le peuple désespéré, n’en attend que les résultats concrets qui semblent ne pas venir ;

9- La France elle-même, manque de visibilité sur la Centrafrique. A vrai dire, Il n’existe pas à ce jour une « politique centrafricaine de la France ». On ne fait plus confiance aux interlocuteurs Centrafricains, et on commence à se méfier du Tchad qui croyait rééditer en RCA ses exploits du Mali, mais se trouve dépité. Malgré tout, tant bien que mal, statut d’ancien colonisateur oblige, la France cherche à sauver la face. A l’ONU comme à l’UE, elle plaide et plaide encore pour la RCA. Sur le terrain, elle risque de moins en moins « au combat » ses hommes. Dans le fond, la France se demande comment se rembourser toutes ses dépenses, et siphonner totalement et rapidement toutes les ressources inépuisables du sous-sol centrafricain.

10- Quant au reste du monde, l’on ne se pose même pas de question, pour un pays qu’on n’a jamais su situer sur la mappemonde. Et si par hasard, il arrive que l’on s’interroge, c’est juste pour se demander « pourquoi se soucier des êtres qui ont volontairement choisi de se déshumaniser et revenir à l’état primitif.

11- Les Anti-Balles-à-Ka, devenus fous, comme l’étaient déjà fort longtemps, leurs commanditaires et maîtres, imposent à la République une guérilla urbaine, et dictent sur le terrain leurs lois. Déterminés et jusqu’auboutistes, ces intrépides combattants qui ont forcé la haine des populations, semblent  n’avoir pas dit leur dernier mot, et ne s’avouent surtout pas vaincus, tant que la guerre qui leur est déclarée reste verbale.

12- Les ex-Séleka, protecteurs des populations  à grande majorité musulmane, et défenseurs de la poudrière du « Km5-land », ce bourg dans la bourgade, affirment être prêts à se battre, et à verser jusqu’à la dernière goutte de leur sang. Dans tous les cas, ils prennent en otage tous les Centrafricains de confession musulmane, qu’ils ont « armé jusqu’aux dents », et privés de toute initiative pacifique ;

13- Des résidus des Forces Armées Centrafricaines (FACA), ce conglomérat de plusieurs unités de « gardes présidentielles » ethniques, toutes démoralisées, maltraitées et rendues indignes de toute confiance. Par la faute de certains officiers embourgeoisés et devenus inaptes et simples d’esprit, le militaire Centrafricain ne sait même plus ce que «  l’honneur du soldat »veut dire.

14- La partition de la RCA en marche: Tutelle, curatelle ou partition, que personne ne s’y méprenne. Toutes les options sont sur la table. Elles continuent d’être analysées, discutées et approfondies en dehors des centrafricains, qui peuvent toujours se préoccuper de jouer aux vampires. Mais « un de ces quatre», le réveil risque d’être très douloureux pour notre pays. Et il sera tard.

Tous les comptes faits, la RCA se trouve à l’instant « T » où j’écris ces lignes, en dessous du  niveau de l’Oubangui. Autrement dit, plus qu’un geste, et elle cesse d’exister, elle disparaît, et les Centrafricains avec elle.

ALORS COMPATRIOTES, COMME SOLUTION FONDAMENTALE, POUR MON PEUPLE JE PLAIDE UN MORATOIRE POLITIQUE REPUBLICAIN. (Lire l’article « Pour mon peuple je plaide un moratoire »)

GJK – L’Elève Certifié
De l’Ecole Primaire Tropicale
Et Indigène du Village Guitilitimô
Penseur Social

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