Libre opinion

CENTRAFRIQUE : UNE PÉTAUDIÈRE

Par Freddy MBOULA WAMOK

La dissension se creuse et se prononce. Le divorce prend forme entre le peuple centrafricain et la diplomatie française. Le bateau onusien en Centrafrique tangue. La souveraineté de Centrafrique oubliée.

Un tour d’horizon.

La situation de Centrafrique présage encore une large mobilisation de toute la Communauté Internationale auprès de l’ONU et de la France pour sauver la RCA du gouffre dans lequel elle est plongée. Des appels pressants ont eu échos. Des aides multiformes affluent. La mobilisation s’accentue. Sur le terrain, à Bangui, un calme précaire s’observe dans certains arrondissements de la capitale. Mais les provinces restent sans assistance. Les forces Sangaris et des Minusca ont disparu de leur paysage. Les populations se demandent si elles sont déjà épuisées par les évènements ou se concentrent sur de  nouvelles stratégies.

Aux yeux de François Hollande, d’Idriss Déby et de madame Samba Panza, les casques bleus et les Sangaris ont les solutions militaires de la Centrafrique. Beaucoup d’observateurs et des centrafricains pensent le contraire. Les événements récents en témoignent et donnent raison aux derniers.

A titre de rappel, les forces françaises agissent en Centrafrique comme une force neutre. Elles pourraient ainsi enfreindre aux principes de l’ONU et donc ceux des droits de l’homme sans être inquiétées. Les assauts aux armes lourdes du vendredi 29 septembre 2015 à Bangui contre les populations dans les rues sont révélateurs. Ils sauvegardent le pouvoir imposé par la communauté internationale : la transition.  Des innocents, femmes et enfants, y ont perdu la vie  innocemment.

F. Hollande et madame Samba Panza doivent prendre conscience, qu’au-delà de la politique, le peuple centrafricain souffre. Il est dans l’attente de la présence des FACA dans les rues, les villes et les villages pour se sentir protégé. Les récentes crises ont mis en lumière l’antipathie, le dégoût et l’indigestion de la diplomatie onusienne et  française. Les populations lassées ressentent une volonté de nuire de la part de ceux qui venaient le protéger, l’aider et le rassurer. Que nenni !

La ferveur autour de la France  s’évapore

L’opinion internationale, en l’occurrence, l’ambassade de France à Bangui ainsi que les fonctionnaires de l’ONU savent qu’ils n’ont plus crédibilité auprès de la population. La confiance a volé en éclat. Les armes qui parlent, n’ont jamais été les meilleurs moyens de résoudre les contentieux. Cinq mois plus tôt, la communauté musulmane avait déjà sonné l’alarme contre la France. Alors qu’il présidait la cérémonie inaugurale des recensements de la population à Bangui, l’ambassadeur de France était rendu responsable de ce qui se passe en Centrafrique par un groupe armé au quartier KM5. Le pire a été évité de justesse.  Cette répulsion a gagné du terrain. La ferveur autour de la France  s’est volatilisée. Elle est taxée de manipulatrice. La France doit soigner son image écornée, altérée auprès de ce peuple dit ami. A cet effet, François Hollande n’a plus droit à l’erreur. Investir Déby, médiateur de la crise centrafricaine impliquerait une marche arrière dans la résolution de la crise centrafricaine, si l’on considère toutes les exactions commises sous son regard silencieux par ses soldats. Investir Déby correspondrait à «la goutte d’eau qui fait déborder le vase», dit une maxime.

Au-delà d’une simple question de la méconnaissance du terrain, de l’ignorance des réalités ou d’une politique d’asservissement, de soumission ou de subordination volontairement entretenue par la France, le conflit centrafricain précipite dans le débat des Relations Internationales : le rapport entre un pays dit «souverain» assujetti  par des forces de défense étrangère et l’ONU.  Or, celle-ci, en principe devrait défendre des valeurs du droit et surtout préserver l’indépendance de chaque pays. Or, l’on est tenté de penser, peut-être à juste titre, que cette organisation mondiale se préoccupe des forces de défenses étrangères qu’elle administre et régente au détriment des forces républicaines, expérimenté et connaissant leur réalités et leur territoire. Une ruée d’interrogations s’agite et s’invite dans  les conversations : l’avenir des forces loyales républicaines pour la nation centrafricaine, l’indépendance de ce pouvoir régalien.

Pas d’indépendance sans Armée Nationale

La gestion de cette crise centrafricaine est unilatérale. Elle compromet les bonnes volontés résolues à trouver une solution durable à cette crise. Toutefois, l’arrogance et la condescendance commandent le traitement de cette crise.  Le peuple centrafricain bâillonné, tenu pour un préhistorique, un demeuré, un inculte ou encore un complexé, s’octroie le droit d’être  la risée du  monde. Sans autorité et sans défense, ses ressources alimentent les prédateurs et les « petits malins » qui entretiennent le désordre, l’anarchie à leur profit. La communauté internationale aussi. Les vrais-faux défenseurs de Centrafrique aussi. La Centrafrique de cette dame de la transition ressemble à une République bananière ; un Etat hybride, hétéroclite, vaporeux et sans pouvoir qui n’arrive pas à s’affranchir du poids de l’extérieur.

Il est triste de relever que les décisions concernant le centrafricain sont pensées, prises, par les autres et lui sont ensuite imposées. Le bateau centrafricain dirigé par l’ONU, tangue et ne saurait résister à la houle. Le peuple centrafricain ne mérite pas cette punition, cette dictature. Il est temps  de l’écouter, de prendre en compte ses aspirations, de le laisser s’organiser, se décider de  sa destinée. C’est la raison pour laquelle, on ne peut, à cet instant, argumenter que « les FACA sont impliqués dans le groupes des anti-balles AK ou des selekas » et que, par conséquent, il faut les ignorer de tout processus de paix dans le pays. Elles transparaîtraient  ou incarneraient l’ombre de Bozizé ou de Djotodia. Ce prétexte dénué de tout sens ne trouve grâce devant un observateur averti. Une telle affirmation est gratuite. Elle alimente les rumeurs et les pensées obscures. Elle détourne le centrafricain de son quotidien incertain.  Bozize n’est plus à l’ordre du jour si l’on se réfère  à la décision de la Cour Internationale de Justice. Bozizé n’est que l’ombre de lui-même.

Sur le plan national, certains illuminés, insoucieux ou fatalistes, développent des apories ou propositions contradictoires à la reconnaissance des FACA. Ce n’est pas seulement le régime de Bozizé qui a formé les FACA. Si tel était le cas, les FACA sont appelés à défendre la Nation et non à être au service de la sécurité d’un individu. Ce qui est contraire à leurs valeurs premières. Les FACA ont sans doute pris conscience aujourd’hui de leur mission. Le centrafricain doit trouver par lui et en lui-même la solution correspondante à ses nouvelles réalités. Pour cela,  l’Etat doit insuffler la confiance, créer des pôles de jonctions militaires répondant aux règles d’éthique militaire et non sur la base ethnique ou régionaliste. De cette manière, les ombres de Bozizé et de Djotodia ne planeraient plus sur la nouvelle Armée Nationale. Les arguments militants tenus pour éradiquer totalement  les FACA caducs, s’estomperaient. Ce n’est ni  Idris Déby, ni François Hollande, ni madame Samba Panza qui réaliseraient ce rêve centrafricain. Tout se repose sur le centrafricain lui-même et sur les éléments loyaux des FACA.

Sur le plan diplomatique, les pressions sont énormes. L’ONU et la France sont décalées. La transition avec Samba Panza a largement montré ses limites sous leur bénédiction. Elles ont donc tous les trois échoué. Puisque Sassou, lui aussi a  échoué, puisque le pouvoir de Sassou, dans son propre pays, commence à vaciller pour s’effondre à cause de la grogne de ses adversaires, puisque la même France le lâche progressivement, un pion, cependant résiste et fait office d’échappatoire : Déby. C’est un danger de nouveau pour la Centrafrique qui ne veut plus de ce genre de gendarme sanguinaire. Quelle que soit sa faiblesse le centrafricain doit se faire entendre. Déby n’est pas une solution à la crise centrafricaine puisqu’il fait partie des principaux instigateurs de ce naufrage. Un dictateur proposera toujours une solution totalitaire au nom de sa définition de sécurité, de paix, d’Etat de droit.

Sur le plan militaire, les Sangaris versés des abus sexuels et les MINUSCA reconnus pour leurs talents en alcoolisme, viol et adultère doivent être ré-encadrés, leurs actions réorientées. Ces deux forces ne peuvent constituer les seules forces destinées à sécuriser le pays.  Les FACA, opérationnelles doivent les accompagner. En ce sens,  Nous proposons une mission mixte (forces onusiennes et FACA) peut être constituée pour le désarmement, pour la formation des jeunes  militaires. Ce projet, tant réclamé par  nombres de personnalités et centrafricains, peut se mettre en œuvre dans un calendrier précis, établi pour deux années consécutives. Le Centrafrique devrait s’éclore souverainement. L’ONU et la France ne doivent pas s’éterniser dans une prétendue recherche des solutions pacifiques. Malheureusement, en même temps que la France déclare réduire son dispositif militaire, en même temps elle augmente sa présence par l’intermédiaire des ONG.

Les FACA : dernières forces salvatrices

La formation, l’équipement des FACA demeurent la condition sine qua non de la sécurité en Centrafrique. Ils connaissent leur territoire, la tactique militaire de bandits des éléments égarés et dangereux. Ils peuvent repérer facilement les hors-la loi, les neutraliser et les intenter en justice. Les rééquiper, les mettre en action, équivaut à les confronter avec les idées reçues, à rétablir la vérité et à les réconcilier avec les populations. Ni les sangaris français, ni les Minusca ne sont en mesure d’accomplir cette tâche. Le constat est amer et négatif depuis l’arrivée de ces forces étrangères.

Les FACA doivent aussi effectuer des patrouilles aux côtés des forces de l’ONU ou de la Sangaris. Tel est le cas, ils mettront en lumière les vrais agissements des forces étrangères vis-à-vis des populations. C’est la raison pour laquelle L’ONU et la France s’opposent à l’équipement des FACA. La sortie des FACA donnera naissance à la découverte des politiques restrictives qui pénalisent l’unité nationale, le processus de justice, des libertés et de paix en Centrafrique.

Alors, FACA, reprends ton droit au respect à la vie de celui que tu dois défendre et à la souveraineté nationale. Centrafrique sans armée est une nation disparue.

Freddy MBOULA WAMOK 

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