Grand format de J.Gréla

GRAND FORMAT – CENTRAFRIQUE : LA PAIX, C’EST MAINTENANT OU JAMAIS POUR TOUTE LA SOUS-REGION

Congo – Cameroun, si vous vous voulez la paix, résolvez la crise centrafricaine

La Centrafrique est devenue une terre féconde pour les prédateurs de toutes sortes, une un champ où foisonnent de groupes armés aux revendications intenables. Une nouvelle forme de guerre est née. Ne regardez pas la Centrafrique pétrifiée mourir à petit feu dans ses inextricables problèmes. Ne lui livrez pas des solutions, en apparence, solide et durable. Faites en sorte que les centrafricains s’unissent au nom de la république et non d’une entité quelconque ; seule la République doit d’être à l’ordre du jour. Secouez-les à prendre des décisions fortes, à mener la guerre contre les forces non-conventionnelles : les selekas et les anti-balles AK puis les autres aventuriers qui prennent les armes pour se faire reconnaitre et participer ainsi aux agapes, surtout à la prédation du pays. La Centrafrique doit anéantir les entités belliqueuses et retrouver ses racines : le centrafricain.

L’Afrique doit se défendre par elle-même contre les vents contraires, contre les formes de l’impérialisme djihadiste qui ne disent pas encore leur nom. Les couleurs sont multiples et variées. Quelque-soit les solutions pacifiques, leurs aspirations profondes ne sont jamais entamées, loin delà. Elles se transfigurent pour se saisir d’un maillon de pouvoir se conforter et imposer un point vue unique. Lequel ?Les villes historiques de Gao au nord Mali, Mosul au nord de l’Irak classées au patrimoine mondiale, l’organisation en ont fait et  font les frais. Il en va de même pour le Nigéria avec Boko Haram. Les monuments sont détruits, rasés et l’éducation bafouée. Les selekas et assimilés, prédateurs sans frontières font figure de ce genre de mouvement. Leur chef Djotodia avait signé un pacte, une convention avec la ligue islamique. A cet effet, il y a lieu de les combattre comme toute autre force non-conventionnelle dans le pays centrafricain. Les selekas composés des étrangers tchadiens, soudanais et autres mercenaires avides de sang et de butins de guerre, d’enrichissement illicite, doivent, manu militari, rentrer chez eux. Les autres éléments autochtones doivent, s’ils le souhaitent, intégrer les Faca, l’armée régulière, nationale et centrafricaine après quelques formations civiques et véritablement militaires impliquant leurs droits et devoirs.

Les anti-balles AK devenus impropres à la consommation, à la vie centrafricaine doivent, au même titre que les autres forces non-conventionnelles,être combattues pour déposer les armes. Toute force non-conventionnelle au pouvoir, est un gage de discorde, de dispute sur les maillons de pouvoirs. Elle continuera à déchirer les centrafricains et à semer le trouble dans les orientations politiques, sinon à reprendre immédiatement les armes et les hostilités pour se faire entendre : De véritables «  tonneaux des danaïdes ». L’expérience vécue par le Tchad dans les années 70 à 80, est édifiante et rappelle à une vigilance accrue.

En Centrafrique, tout se passe comme si, seules les armesmènent au pouvoir, seules les armes doivent parler politique, seules les armes sont les voix de l’urne. Tout se passe comme si tout le monde doit servir les armes. Alors que celles-ci doivent défendre une nation contre des envahisseurs étrangers. Or, dans ce pays, les forces non-conventionnelles suppléent les FACA, son Etat-Major et son ministère, fantômes.

 Non !
Cette situation politico-guerrière insoluble installée en Centrafrique masque et alimente le pillage, le commerce illégal et le trafic en tout genre des ressources et profitent aux forces non-conventionnelles. Désormais commensales, elles doivent se plier à l’application et au respect des lois. Ce qui n’est pas certain.  Des doutes, cependant, émergent. Car leur raison d’être n’est pas la loi mais le siège d’un pays pour appliquer leur propre loi. On l’avait remarqué à Kaga-Bandoro et dans un village proche de Bouar en 2013. Ils ont interdit aux populations la vente de la viande boucanée, jeté de l’anathème sur l’élevage et la consommation du porc. Tout observateur suppose, à juste titre, qu’elles ne traineront pas leurs pas à déstabiliser, les frontières centrafricano-congolaises et centrafricano-camerounaises. Peut-être cette analyse est-elle anachronique, actuelle, futuriste, idéaliste. Là encore, les conversations diplomatiques aguerries n’osent prendre le risque maintenant de dérouler publiquement leur perception et analyse mais susurrent tout bas. Toutefois, Centrafrique, rappelle-t-on, terrain désormais de tout prédateur, de tout groupe armé, des djihadistes, servira de base arrière pour gagner de l’espace dans la Cémac.

Les images qui défilent sous les yeux des gendarmes du monde en Irak, sans réaction franche, en est un témoignage qui doit ranimer l’attention, qui doit provoquer la volonté des présidents Sassou etBiya, leur permettre de s’appliquer à la déchéance militaire des groupes non-conventionnelles en Centrafrique. On assiste à une nouvelle forme d’invasion : D’un côté, des coalitions méphistophéliques naissent, vont à l’assaut d’un pays vulnérable, arguent de leur autorité, sans aucun projet de société, posent des revendications à caractère insoluble incluant des argumentations dénuées de sens pour défigurer un pays, détruire les présences historiques, culturelles, à leur avis, nuisibles, mécréantes. Cette méthode rappelle avec amertume, la mission civilisatrice, d’antan qui a réduit a quia, c’est-à-dire qui a fait « tabula rasa » de toutes les cultures africaines à son passage, à travers la religion, en les rendant incapables de répondre, de répliquer, d’exister, de réagir à la situation. De l’autre, les forces dites anti-défenses viennent au monde, se développent et se transforment très vite en voraces prédateurs pour piller comme les précédents. L’Afrique centrale risque ainsi d’être totalement assiégée. On lui imposera alors une nouvelle démarche de penser, de croire, de lire… de vivre tout simplement. Le nord d’Irak est toujours présent.

« A l’image de l’ancienne Somalie, mentionne Didier Niewiadowski dans son analyse du 20 janvier 2014, sur La République centrafricaine: le naufrage d’un Etat, l’agonie d’une Nation, la Centrafrique devient, chaque jour un peu plus, un espace de non-droit. Ce territoire livré aux « seigneurs de la guerre » de la Séléka constitue désormais un refuge pour les ennemis de la démocratie et un terreau favorable pour le développement des entités mafieuses ».  L’heure est encore grave pour la Centrafrique. La tradition soutient que « si ton voisin est attaqué, veille et renforce ta défense » et les latins, « si tu veux la paix prépare la guerre ». La France,dans sa politiqueambigüeavec son ancien pré-carré,ne peut plus se disperser partout dans le monde pour exercer sa suprématie militaire. Elle n’en peut plus. Les moyens font défaut. Les discours et les langues de bois de ces puissants proches de nous sont mensongers sibyllins et révoltants. Ils nous englobent dans cette inévitable mondialisation qui est ce village global à multi visage. Chacun doit se défendre d’abord. Ce qui suit, est révélateur.

Hollande, son truc, c’est de donner des gages à tout le monde

A cet effet, ce n’est toujours pas la France qui se présentera au chevet de ses anciennes colonies. Le temps passe. L’économie française est en panne. La Défense en pâtit. Le temps presse et François Hollande doit s’appesantir sur son image auprès de ses électeurs en proie à de multiples crises sociales et la soigner.

En ces termes, le chroniqueur Gilles-Martin Chauffier qui connait Hollande, le décrit dans Paris-Match du 17 au 23 juillet 2014 n° 3400 «… D’habitude, dès qu’il (Hollande) avance d’un pas, il recule sur la même distance. On dirait qu’il a toujours peur de déplaire. Son truc, c’est de donner des gages à tout le monde. Parce qu’il a deux jambes, le président de la République a cru qu’on pouvait prendre deux chemins à la fois… ». Appliquant cette tactique pour sortir la France de l’ornière centrafricaine, Hollande a poussé les pays impliqués dans les solutions  pour la Centrafrique à ne froisser ni les uns, ni les autres, ni les seleka, ni les anti-balles AK ; ni les forces non-conventionnelles, ni les petits malfrats qui ont pris des armes pour êtreinvités à la tables de partage du butin centrafricain.

Quelle prédation éhontée et sans vergogne !

Les sangaris sont arrivés en Centrafrique. Voilà un pas en avant du président Hollande. La peur de décevoir a déjoué les sangaris de leur mission première : désarmer par la force les selekas. La peur de décevoir a installé définitivement les anti-balles AK comme de nouvelles forces incontournables. La peur de décevoir a permis au congrès des selekas de se tenir au mois de mai dernier à Ndélé et l’installation de leur état-major dans une ville vaillamment choisie : Bambari, alors que l’ambassadeur de France Charles Malinas, avait jugé publiquement que ledit« État-major de la Séléka », basé à Bambari « n’avait aucun fondement juridique », autrement dit, ils doivent être cantonnés. Tout homme armé dans les rues de Bambari devrait être désarmé. L’on connait la suite. Voilà un reculsur la même distance du président Hollande.

Selon l’ambassadeur de France Charles Malinas, toujours à Bambari, « les résultats du congrès de Ndélé de la Seleka, ne sont pas des mots acceptables, a-t-il expliqué, sur  RFI : On ne peut pas avoir d’armée parallèle, on ne peut pas avoir de structure militaire parallèle aux structures militaires autorisées par les résolutions des Nations unies ». Mais les selekas se sont quand même installés et durablement. Hollande n’a rien fait. Il a reculé pour ne pas déplaire. Quant aux anti-balles AK, considérés comme des « ennemis de la paix, des malfrats » qu’il faut combattre et désarmer, Hollande avancé d’un pas sous le couvert du général Soriano qui a employé cette expression. Mais a reculé« sur la même distance » sous le couvert du forum de Brazzaville. Le président Hollande a autorisé leur présence à Brazzaville pour leur donner la part du gâteau centrafricain pour récompenser leur peine : la barbarie. Tous sont revenus de Brazzaville contents et reconnus dans le partage du pouvoir. Sauf le peuple de Centrafrique.

Le président Hollande, « parce qu’il a deux jambes, il peut prendre deux chemins à la fois » : celui des prédateurs sélékas, des anti-balles AK, des forces non-conventionnelles d’une part et celui du gouvernement, d’autre part. Il a le don d’ubiquité. Etre et ne pas êtreavec tout le monde.« Ça lui a plutôt réussi, puisqu’il a fini par s’installer à l’Elysée », ajoute le chroniqueur de Paris-Match. En paraphrasant, on peut s’esclaffer : « Ça lui a plutôt réussi. Puisqu’il a fini par distribuer » aux ennemis de la paix et aux envahisseurs, aux instigateurs de la crise et aux agitateurs d’armes, sans se préoccuper du centrafricain, des échelles de pouvoir pour sortir ainsi son épingle du jeu centrafricain à l’arrivée de la Minusca. Encore ungâteau empoisonné pour la Minusca. Un nœud gordien, dans un accord qui n’a pas signifié le rôle de l’état-major du pays et la réorganisation de sa défense.

Alors, « Si vis pacem para bellum » : Centrafrique doit nettoyer ses « écuries d’Augias ».

Joseph GRÉLA

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