EN CENTRAFRIQUE, LES ELECTIONS SE GAGNERONT À L’EXTÉRIEUR

Par RJPM

Après des mois de reculades, de tergiversations, d’hésitations, de confusions et parfois de discussions stériles sur la tenue du prochain scrutin présidentiel et législatif, plus que jamais il est possible d’affirmer sans ambages que le retour à l’ordre constitutionnel en Centrafrique est irréversible. Malgré les récifs du paysage politique et les foires d’empoignes à répétition, l’Autorité Nationale des Élections a pu finalement constituer un fichier électoral et la présidente Samba Panza a, quant à elle, convoqué le corps électoral conformément aux dispositions de la charte de la transition. Dès lors que les potentiels électeurs se sont inscrits sur la liste électorale, les bureaux et Centres de vote connus, les cartes d’électeurs disponibles, il est indiscutable que les scrutins se tiendront dans les délais impartis. En partant du principe que les élections se gagnent à priori sur la liste électorale, il est impérieux que chaque candidat à l’élection présidentielle évalue tout d’abord sa cote de popularité parmi les Centrafricains du Congo Brazza, du Congo Kinshassa, du Cameroun, du Tchad, du Maroc et de la France, avant même d’envisager le rêve du fauteuil présidentiel. Car le fichier électoral, tel qu’il est conçu, démontre à suffisance qu’il contient beaucoup de Centrafricains de l’extérieur ou réfugiés notamment ceux se trouvant dans les pays précédemment cités. Il suffit que l’état major de chaque candidat scrute de près l’actuel fichier électoral pour se rendre compte qu’il y’a une forte densité d’électeurs centrafricains en dehors des frontières de la Centrafrique.

Au niveau national, il serait malaisé de nier que l’enrôlement a atteint son pic seulement à Bangui et dans quelques grandes villes de l’arrière-pays. En terme clair, très peu de Centrafricains se sont inscrits sur la liste électorale à l’intérieur du pays. Qu’on ne se leurre point ! Les élections se jouent actuellement à l’extérieur du pays. Seuls les candidats, cotés par les Centrafricains de la diaspora des deux Congo, du Cameroun, du Tchad, du Maroc et de la France, pourraient renifler à distance l’odeur des coins et des recoins du Palais de la Renaissance. Même si on ne le dit pas à haute voix, nombreux sont les candidats qui comptent beaucoup plus sur leurs soutiens politiques de l’extérieur pour arriver d’une manière ou d’une autre au pouvoir. Quelques fois, ceux-ci utilisent leurs relations comme un tremplin pour changer le court de l’histoire. D’ailleurs, les tendances se dégagent énormément en ce net moment et les tractations se multiplient. Plusieurs sources font état du fait que certaines personnalités socialistes soutiennent Martin Ziguelé, pour les uns, et Joseph Yakete, pour les autres. Ces deux candidats se réclament tous de la même chapelle. Parmi les Républicains et socialistes français, le candidat Karim Meckassoua dispose également des soutiens de taille. Il a également les soutiens indéfectibles et inéluctables des présidents Denis Sassou Nguessou du Congo Brazza, Kabila de Congo Kinshasa et de l’ancien président Obasanjo du Nigeria. Il a en outre des entrées auprès du natif de Amdjarass. Quoique le voisin aux pieds désormais inoxydables apprécie Karim Meckassoua, il préfère néanmoins apporter son soutien exclusif à Désiré Bilal Nzanga Kolingba le président du Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC). Qu’on le veuille ou pas, les pays limitrophes de la Centrafrique jouent actuellement une carte qui risquerait bien fort d’avoir une influence sur le vote proprement dit.

Toutefois, il ne faut jamais perdre de vue que le vote est d’abord l’apanage du peuple. C’est pourquoi la plupart des candidats, qui n’ont aucun soutien à l’extérieur, comptent seulement sur la lucidité des électeurs centrafricains pour faire la différence. Ce qui est certain, les prochaines campagnes pour les présidentielles et législatives démontreront à quel point l’espoir est permis dans la théâtralisation de la vie politique. En voilà des mots contre les maux de notre société.

Rodrigue Joseph Prudence MAYTE

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