ELECTION GROUPÉE DE 2015: SCRUTIN SUR FOND DE SOCIALISATION POLITIQUE DES ÉLECTEURS
Par RJPM
Dès les premières heures de la campagne électorale, j’évoquais, le 14 Décembre 2015, l’idée d’une socialisation politique des électeurs lors du prochain scrutin groupé. En voici un extrait : « …Les multiples événements fâcheux du pays ont fait de nombreux déplacés, provoqué une vague migratoire vers le nord et causé un nombre incalculable des réfugiés Centrafricains à l’extérieur. Il va sans dire que cette mutation sociopolitique ne peut qu’avoir une incidence majeure sur l’habitude électorale de tous les Centrafricains sans exception. Même si personne n’ose en parler, il faut avouer que la majorité des électeurs voteront par affinité. Il se pourrait que les Centrafricains musulmans votent massivement un des leurs lors du prochain scrutin présidentiel. Cela s’explique par la simple raison qu’ils misent plutôt sur la sécurité de leur communauté plutôt que tout autre débat politique. Si la plupart des Centrafricains d’ethnie yakoma choisissent Bilal Désiré Zanga Kolingba, c’est parce qu’ils croient que l’ombre de son défunt père, qui incarnait la sécurité, la paix et la cohésion sociale d’antan, plane encore sur le parti RDC. Je précise que ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres.
Au delà de cette approche nostalgique, de nombreux électeurs estiment qu’un président de la même ethnie qu’eux contribuerait davantage à leur émancipation. Il suffit juste de faire une analyse par extension pour comprendre que la socialisation politique des électeurs est un véritable fait de société… »
Aujourd’hui, les tendances électorales laissent clairement transparaître que la plupart des électeurs ont voté sur la base du régionalisme, des liens familiaux et du communautarisme. Ce vote sectaire trouve son explication dans la peur de l’inconnu qui s’est emparée de nombreux électeurs. C’est à cause de cette peur de l’inconnu que la Lobaye dans son ensemble a largement voté Jean Serge Bokassa. En faisant ce choix, les Lobayens estiment que Jean Serge Bokassa construirait la Centrafrique comme le fit son défunt père. Selon eux, malgré la dictature du défunt Bokassa, la Centrafrique se portait mieux et ne connaissait ni mutinerie ni rébellion. C’est pourquoi, les fils et filles de la Lobaye croient que seul Jean Serge Bokassa pourrait imposer la paix dans le pays. D’où la socialisation politique des électeurs lobayens. En plus de la Lobaye, Jean Serge Bokassa et Désiré Bilal Nzanga Kolingba se sont partagés à eux deux, la quasi totalité des suffrages des électeurs du sixième arrondissement. Il est à noter que cet arrondissement est composé pour la plupart des gbakas, yakoma, sango, mbati, gbougbou…
Désiré Bilal Nzanga Kolingba a lui aussi, fortement bénéficié de cette vague de vote par affinité. Il a fait un score sans appel dans la basse kotto, le deuxième et septième arrondissement, les zones sous contrôle de seleka, les camps de réfugiés. D’après certaines indiscrétions, le voisin géant aux pieds désormais inoxydables a joué un rôle indéfectible et inéluctable auprès des chef séléka ces derniers temps pour que Bilal Désiré Nzanga Kolingba puisse bénéficier des suffrages de la majorité des Centrafricains musulmans des préfectures de Bamingui Bangoron, Vakaga, Haute Koto, ouaka. Même au sein de la « Sambapanzie », nombreuses sont les personnalités qui roulent pour le candidat du RDC. Honoré Zessouwé, actuellement Directeur du Cabinet de Kamoun, est membre à part entière de la Direction de Campagne de Désiré Bilal Kolingba. Il est à noter également que la plupart des personnalités proches du candidat occupent des hautes fonctions sous la transition de Dame Cathy. La peur de l’inconnu oblige ces personnalités à soutenir mordicus la candidature de Désiré Bilal Nzanga Kolingba. Qu’on se l’avoue, la socialisation politique des électeurs est devenue un véritable problème de société à l’heure actuelle.
Le premier candidat, à subir de plein fouet cette vague inéluctable de socialisation politique des électeurs est le grand Camarade Martin Ziguelé. Les premières tendances électorales ne sont guère bonnes pour lui. Il est pratiquement en difficulté dans les grands réservoirs électoraux du pays. Quoiqu’il ait raflé les voix des électeurs de Ngaoundaye, les estimations du terrain rapportent qu’il partage les voix de Paoua avec les candidats Sylvain Patassé et Timoléon M’Baikoua. Seuls les candidats Anicet Georges Dologuelé, Touadera et Meckassoua ont bénéficié du vote des électeurs Centrafricains un peu partout. Les informations concordantes font état du fait que le candidat de l’URCA devancerait de très loin tous ses concurrents. Il est le seul candidat a bénéficié de la répartition plus ou moins équitable des voix au niveau national. C’est ainsi qu’il est actuellement le tout premier candidat à sortir la tête du lot sans tracasserie. S’il doit y avoir un second tour, il sera accompagné soit par Désiré Bilal Nzanga Kolingba soit par Faustin Archange Touadera car les deux candidats sont actuellement en ballottage. Faustin Archange Touadera, qui ne figurait pourtant pas parmi les favoris, a également bénéficié du soutien de nombreux partisans du KNK. Ce ressortissant de Damara et ancien Vice-président du KNK a non seulement fait un score très remarquable dans l’ouham mais il est également presque en tête de tous les bureaux de vote de Bossangoa Centre.
En conclusion, le candidat, qui remporterait les futures échéances présidentielles, devra en premier incarner l’unité, la réconciliation et le vivre ensemble. Il devra être politiquement fort pour pouvoir éradiquer la peur de l’inconnu qui taraude dans l’esprit de nombreux Centrafricains. Seul le réalisme dans la gestion de la chose publique du futur président pourra mettre un terme au syndrome de la socialisation politique des électeurs. Tels sont les mots contre les maux de notre société.
Rodrigue Joseph Prudence MAYTE
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